Après
3 ans de petites navigations en
terrain connu, nous repartons enfin à la découverte du monde ! De
nouvelles mers, de nouveaux pays, et une nouvelle position record:
58°21'41" Nord et 11°35'15" Est. Que de chemin parcouru depuis la
Guyane (4°51'N) et les îles Vierges (64°45'W), à dos de Saltimbanque...
Plus de photo au près ainsi que de nombreux films dans
notre page "Photos".
Vendredi 5
juin, l'avion d'Oslo se pose sur le tarmac de Gatwick. Il est en
retard. Les bagages aussi. Heureusement le train vers la côte sud
également. Laure a couru prendre les billets, Camille se précipite dans
la gare et nous voilà tassées dans le wagon juste avant que les portes
ne se ferment. Il est bondé. L'affichage ne fonctionne pas. On change 2
fois de voiture avant d'être sûres d'être dans la bonne. Laure qui
déménage une partie de son appartement de Londres en bateau est très
chargée. Camille est encore tremblante de fièvre d'une crève sournoise
qui l'a prise la veille.
C'est donc en pleine forme, mais
désireuses de s'échapper au plus vite, que nous arrivons à bord de
Saltimbanque le soir. Avec 3 semaines devant nous et une destination
lointaine et tropicale, euh... scandinave en ligne de mire.
La
météo est loin d'être optimale: vent de Sud-Ouest 6b tournant
rapidement Nord-Est (oui oui pile dans la figure), fraîchissant
jusqu'au coup de vent 7-8b lundi, puis restant stable 6-7b toute la
semaine. L'équation est simple: il faut partir au plus vite sinon on
sera coincées de ce côté du Pas de Calais pendant des jours.
Et c'est parti ! Au revoir Newhaven...
A
19h le samedi, nous sommes prêtes: le bateau est plein de nourriture,
la monstro-valise calée à l'arrière (après tout on y mettait bien un
kite-surf et une guitare!), nos adieux faits au personnel (fort
sympathique) du port de Newhaven. On longe une dernière fois la grande
digue, déroulons un peu de génois (c'est que ça souffle encore un peu),
et c'est parti vers l'Est-sud-est pour passer le cap de Beachy Head,
point le plus sud de notre voyage. (50°43'45" N)
A peine une
heure de portant dans la plutôt forte houle plus tard, Laure remarque
un comportement bizarre de la barre. En effet, elle montre un jeu
impressionnant (en gros la barre bouge toute seule sans entraîner le
safran sur 20° environ). Cet hiver lors du changement de la bague de
safran nous avions bien remarqué ce filetage très usé sur la tête de la
mèche de safran, mais avions confiance dans le boulon principal pour
maintenir la barre. La houle aurait-elle eu raison de notre montage en
si peu de temps ? On se voit déjà se dérouter sur Eastbourne la mort
dans l'âme et perdre notre unique fenêtre météo. A tout hasard on tente
de resserrer le boulon principal. A notre grande surprise il est
totalement dévissé ! On resserre tout ça, la barre revient gentiment à
sa place et fonctionne parfaitement. On vérifie régulièrement mais ça
tient. Ça ne bougera plus du voyage malgré la mer forte rencontrée. Le
bateau échouait à Newhaven, et cette année la barre tossait sur la
vase, on pense que c'est ce qui a dévissé le boulon. A peine parties et
déjà une belle frayeur, ça promet...
Le temps de se remettre de
ces émotions, le vent en a profité pour tourner au Nord-Ouest en
mollissant, on envoie toute la toile et Camille au lit et c'est parti
pour les quarts. On a fait 3 heures de portant d'affilée sur la route
directe. Le record du voyage !
Cette
première nuit est magnifique. Le ciel n'est encombré d'aucun nuage.
L'obscurité est tombée vers 22h30 heure anglaise, l'aube point à
2h30... Le bonheur des hautes latitudes en juin ! Le vent et la mer
mollissent mais on avance sous un beau soleil matinal grâce à une très
bonne optimisation du courant, ce qui nous permet d'enquiller 78 milles
les 12 premières heures !
Au petit matin on passe le rail des
cargos, et navigue dans les eaux françaises (2ème pays sur notre
route)! Une fois les zig zags entre les cargos terminés, nous devons
éviter les bancs de sable (ridans) qui jalonnent cette côte. Un petit
appui discret de Junior, notre nouveau moteur, lorsque le vent faiblit
franchement, et nous voilà en Belgique (et de 3!)
Le soleil se couche à proximité de Zeebruges
Le vent de NE annoncé s'installe,
nous faisons cap sur Ostende, puis sous Ostende. L'écoute de la météo
Belge une fois nous confirme l'arrivée du coup de vent pour lundi midi,
ils nous reste encore quelques heures pour tenter d'atteindre notre
objectif: les Pays-Bas et ses canaux intérieurs, promesse d'une
navigation "très facile, très facile" pour les prochains jours (selon
l'expression d'un voisin de ponton croisé il y a des années - qui avait
ajouté avec un accent flamand inimitable "jusqu'à Force 7 tu peux!")
Nous
entrons dans l'Escaut de l'Ouest (Westerschelde), la rivière d'Anvers,
à 3h du matin. Cap sur Breskens qui, à la différence de Vlissingen,
nous permet une entrée directe sans écluse, plus facile à cette heure
indécente. Nous y sommes à 4h heure locale, changeons de pavillon de
courtoisie (4ème pays en une nav' !), et allons dormir quelques heures
bien méritées.
8 juin: escale à Breskens
Spécialités
locales
Le
vent prévu arrive à l'heure annoncée, et ne souffle pas pour rire...
Pas un temps à mettre un Saltimbanque dehors. Mais un short oui car au
moins il fait beau ! On va se balader sur la digue, en se rappelant que
les paysages hollandais, et bien.... c'est un style particulier qui ne
nous a pas tant manqué que ça en fait ! Mais le vent et si fort qu'il
fait voler le sable sur nos jambes nues et ça fait carrément mal. On se
réfugie dans le polder à l'abri. Ou plutôt dans le supermarché du
polder, où l'on refait nos stocks de bière, chocolat belge, et fromage
hollandais :o)
Après une
grasse matinée régénératrice (et qui sera en fait la seule du voyage
!), nous partons à 3h de l'après-midi à l'étale, dans un vent de
Nord-Est bien costaud mais un plan d'eau abrité. Quelques bords de près
un tantinet sportifs plus tard, nous passons l'écluse de Vlissingen (ça
va on sait encore faire :o) ) et entrons
dans les
"eaux intérieures".
Navigation sportive en eaux heureusement calmes
Aujourd'hui, le but est de
remonter au moteur face au vent le "kanaal door Walcheren" jusqu'à
Veere. La première partie se passe très bien, entre cyclistes et trains
hollandais (tout le monde nous dépasse, sauf peut-être les vaches).
Mais ensuite le canal est moins abrité et nous étalons très
difficilement le vent au moteur. On ressort l'astuce utilisée dans la
Tamise: GV à 2 ris, nous tirons des bords appuyés au moteur. Le canal
est assez étroit (5 longueurs de Saltimbanque environ) et
nous
progressons donc très lentement, moteur à fond alors qu'il sort à peine
de sa période de rodage.
La dernière
écluse est une délivrance et nous prenons la première place disponible
au petit ponton de Veere.
Le
canal ... looooooong canal....
Autochtones
lacustres
10 juin: Veere - Benedensas (39 M)
Les eaux intérieures hollandaises
ont l'avantage d'être très étroites et donc toujours plates quelle que
soit la force du vent. Mais elles nous contraignent à des bords serrés.
La route s'annonce donc longue et on part au petit matin. Au passage,
on remarque un autre dommage collatéral que l'échouage sur la vase à
provoqué à notre barre: le trou dans lequel passe le boulon de support
du safran est complètement ovalisé. Rien de critique à court terme, on
stabilisera la situation le soir même avec une rondelle et du mastic
epoxy, mais il faudra refaire ça proprement cet hiver... Décidément
cette barre nous donne bien du souci !
Bateau typique hollandais
La navigation est agréable,
entre les petites îles dans le soleil du matin.
"A la bouée verte, tu
vires !"
"Au poteau rouge tu vires!"
"Là, poteau vert, tu vires
!"
"Là tu vires avant l'île !"
"Je vois un truc devant, je vire ?
- Non
ça c'est une oie bernache en contre-jour. Mais vire pas trop tard quand
même hein !"
Et
on vire. Et on vire. Tiens une écluse ça nous change un peu... Puis on
revire. Ah enfin un long bord, allons préparer des sandwiches ! Erreur,
en entrant dans la cabine, le regard se pose sur le GPS qui nous
indique la vitesse sur le fond. Elle est très faible, on a plus d'1
nœud de courant dans la figure... Ils doivent rejeter de l'eau en mer,
c'est bien notre veine...
"Je prendrai la blanche s'il vous plait!"
Chenal de Benedensas, pris depuis Saltimbanque
Et
on revire, petite régate spontanée avec 2-3 autres bateaux qui tirent
des bords comme nous (croyez-le ou pas on a gagné ! merci la
grand-voile neuve !). Passage devant Bruinisse ("la ville de la moule",
comme le proclame fièrement sa sculpture du mollusque géante). Encore
une
écluse et nous atteignons enfin Benedensas, ce petit port niché dans la
verdure, où les vaches sauvages vous accueillent le long du chenal.
11 heures de navigation avec en moyenne un virement de bord toutes les
10 minutes, on est un brin crevées !
La
matinée commence semblable à la veille, à la différence que le trafic
de péniches est très intense dans le Volkerak où nous sommes à présent.
Le vent forcit, on prend un ris, et là c'est le drame. Le chapeau
suicidaire de Las Palmas (relisez vos classiques ICI
) nous a remis ça. Cette fois on est gentiment à la voile et on ne
pêche pas, donc tout se conclut sans incident par une petite manœuvre
de chapeau à la mer, il faut bien garder la main !
Les péniches, nos compagnons du Volkerak
Quelques heures d'été, c'est bon !
Encore
une écluse, et nous voilà dans le Haringvliet. Notre bon vieux
Haringvliet où nous naviguions il y a 7-8 ans, traversé par son pont
éponyme . Allez on a traversé
l'Atlantique, on ne va plus se laisser embêter par un stupide pont !
Normalement on a au moins 80 cm de marge au-dessus du mât, pas la peine
d'attendre l'ouverture ! Et en effet Laure avait raison depuis le
début, ça passe large :o)
Nous faisons cap vers le Nord-Ouest,
vers la mer, et nous sommes du coup au portant, mais pas sur la route
directe. Peu importe c'est agréable par moment. Il fait du coup très
chaud et on navigue en short et T-shirt par 25° sur une mer plate,
c'est un régal. Quelques éoliennes, un petit port: c'est Stad aan het
Haringvliet, notre ancien port d'attache ! Voilà c'est fait, notre boucle Atlantique est enfin
complètement fermée cette fois!
Dernière
écluse, Saltimbanque retrouve l'eau salée et passe la nuit dans
l'avant-port de Stellendam, le long d'un couple de retraités bien
sympas ayant
navigué sur un 28 pieds en alu également avant de passer au catamaran
(mais même leur petit cata était assez chouette, tout bricolé, avec une
antenne télé faite maison en cannettes de Heineken)
On profite
de cette soirée chaude et ensoleillée pour cuisiner la noix de coco en
une délicieuse tarte, qui accompagne très bien le ti-punch pris en
short dans le cockpit. C'est bien les vacances!
Chaude
soirée d'été
12 juin:
Stellendam - Ijmuiden (55 M)
A
l'origine, on ne voulait pas y aller. Non non, jamais vous ne nous
ferez faire escale à Ijmuiden. Nous irons à Scheveningen, un coup de
vent de sud-ouest est annoncé demain, quitte à être coincées autant
l'être dans un endroit sympa !
Et la météo a eu le dernier mot,
en nous offrant une journée entière de vent d'est 3b très bien,
Ijmuiden-la-riante sur un bord quasi direct sous le soleil. Rejeter
cette opportunité signifierait perdre presque 24h sur la route, ce
serait irresponsable vues les conditions de vent à venir.
Il
fait très chaud et très lourd pendant cette nav. Le bateau est couvert
d'insectes, surtout des bourdons, qui s'installent sur tout ce qui est
un peu coloré... A plus de 6 milles de la terre, 2 cygnes à la manière
des fous de bassan volent l'un derrière l'autre au ras de l'eau... La
mer devient soudainement verte et agitée, puis brutalement bleue et
lisse. Ca sent l'eau douce comme dans le Haringvliet et les oiseaux
pullulent. Nous sommes très loin des écluses et rivières,
mais
clairement il y avait une énorme couche d'eau douce au large de la Haye
ce matin là... Navigation étrange !
Passage
entre une plateforme pétrolière...
... et un fameux trois-mâts !
Vous comprenez pourquoi on veut pas y aller?
Une
plateforme, un champ d'éoliennes et le 3 mâts Eendracht plus tard, nous
arrivons en vue de notre port préféré. Rien n'a changé, l'émotion de
l'entrée magique au cœur des cimenteries et des hauts-fourneaux et
toujours la même: c'est immonde ! Au moins hors-saison comme nous
sommes le port est vide et nous trouvons une place sans aucun voisin
dans un rayon de 50m.
13 juin: coup
de vent au port à Ijmuiden
Enfin
du vent de sud-ouest ! Oui mais 35 noeuds minimum... On ne fait pas les
choses à moitié dans le coin! Les kite-surfers s'en donnent à cœur
joie, mais nous préférons le confort du carré de Saltimbanque où l'on
reçoit avec plaisir notre ami le solitaire hollandais Richard. Il
n'avait pas vu le bateau depuis Terceira aux Açores et le trouvera
semblable à son souvenir !
Puis l'escale est occupée à préparer
notre nouvelle route. Après avoir trituré les fichiers météo dans tous
les sens, il faut se rentre à l'évidence: il n'y a aucune fenêtre
visible pour traverser la mer du Nord vers le nord-ouest du Danemark,
comme prévu initialement.
La solution pour tout de même tenter
de rejoindre la Suède dans le temps imparti est un canal (et oui un de
plus !). Il traverse l'Allemagne en sa partie étroite et débouche à
Kiel en mer Baltique. Ensuite nous serons sous le vent de la péninsule
Danoise et donc bien mieux protégées des coups de vent. Cela rallonge
la route de 200M environ, mais c'est toujours mieux de faire un détour
que de n'aller nulle part. On achète donc un pavillon de courtoisie
allemand et on prend quelques heures de repos dans un vent d'ouest qui
peine à mollir.
Départ à 2h du matin, dès que le vent mollit
afin
d'espérer toucher un peu de vent favorable et d'avoir au moins le
courant avec nous. Peine perdue, le vent est déjà complètement tombé et
nous appelons Junior à la rescousse pour quelques heures.
La
météo nous promet du vent faible toute la journée, de nord-ouest
dominant. Puis il doit s'établir au nord 4b dans la nuit (parfait), en
passant par une phase de N-E très fort pendant 2-3 heures le soir.
Étrange... Les cartes de vent sont formelles, mais les bulletins locaux
ne voient pas plus que 5 beaufort.
A 18h45, une barre noire sur
l'horizon au NE. Le vent tourne, fraîchit doucement. Laure est dehors,
Camille attend le bulletin météo de 19h à l'intérieur.
"Camille, on devrait changer le génois par le foc là, ça forcit
_ Oui... je peux attendre la météo tu crois ?
_ Je ne crois pas, ça arrive rapidement
_ ok on essaye de faire vite alors"
18h47, à gréer le foc
18h52, foc établi
18h54, prise du premier ris
18h56, prise du second ris
18h58, affalage de la grand-voile car on ne tient plus le bateau
19h00,
prise du bulletin météo qui nous prévoit un petit 4-5 b bien sympa.
Dehors la houle grossit, Laure barre tous sens en éveil, Camille hésite
à prendre la cape si ça forcit encore. Il y a au moins 30 noeuds.
19h15:
le vent s'est stabilisé mais la mer forcit. On arrive encore à faire un
espèce de près sous foc seul, mais avec le courant et la houle dans la
figure le cap n'est pas glorieux. Ce n'est pas notre priorité du moment.
19h30:
vent stable, on tire des bords entre le rail, la côte (on est au large
de Vlieland, une des îles de la Frise), et une plateforme qui
franchement aurait pu se trouver ailleurs
20h00: on n'ose pas le dire mais on a l'impression que ça tombe un peu
20h30: on renvoie la GV à 2 ris, puis 1 ris
21h00: on renvoie toute la toile, ce bazar est derrière nous...
Au moins le coucher de soleil était joli !
Phénomène
brutal, très étrange pour ces latitudes, mais parfaitement prévu par
les cartes de vent (passageweather.com)... On se console avec un
coucher de soleil magnifique, et la couverture nuageuse qui nous quitte
enfin pour laisser place à une nuit étoilée. Le courant renverse, on
passe cette satanée plateforme. La côte s'oriente à l'est, on peut
faire cap direct sur l'entrée de l'Elbe.
Tout irait bien si ce
n'était cette houle de travers si pénible, et la température ambiante
de 11°, rafraîchie par le vent de nord. On superpose les pulls et les
bonnets comme au plus froid de l'hiver norvégien...
La journée suivante se passe bien, au bon-plein dans un vent de
nord-nord-est de 4b et sous un ciel presque alizéen.
Troisième
nuit en mer, toujours secouées mais avec une bonne vitesse. On a
franchit la frontière Allemande, et entrons dans un 5ème pays, inédit
celui-ci !
"T'as
voulu voir Cuxhaven, t'as vu Cuxhaven"
Au
petit matin, on arrive avec 1h d'avance sur la marée (mais quel timing
parfait !!!) à l'entrée de l'Elbe, la rivière qui mène à Hambourg. On se
croirait presque arrivées, mais il reste encore 20 milles jusqu'à
Cuxhaven, 35 milles si on veut pousser jusqu'au canal de Kiel.
Le
vent est bon, portant sur quelques milles comme la rivière s'incurve
vers le sud (ok, mais ça compte pas, on n'est toujours pas sur la route
directe). On est dans les temps de la marée pour le canal, on prend
quelques photos de Cuxhaven mais on ne s'arrête pas.
L'écluse
du canal est un peu plus vaste que celles de Hollande. Il faut dire
qu'il y a des sacré gros bateaux qui empruntent aussi ce canal... Les
portes se ferment, puis s'ouvrent, et nous voilà sur l'autoroute pour
la Baltique !!
3
jours en mer, on voudrait bien prendre une douche. Mais les
possibilités d'arrêt à mi-canal sont assez isolées. On fait donc un
arrêt éclair à Brunsbüttel pour se laver ! Aaaaah on se sent mieux
propres, et on peut reprendre notre route vers l'est !
La
navigation à la voile pure est interdite dans le canal, et en effet vu
les effets de côte et le trafic ce ne serait pas raisonnable.
Qu'importe Junior est tout fringant et va nous faire ça sans broncher
non ?
Ne te retourne pas, il y a des
pales d'éoliennes qui te suivent
Junior va
bien oui. Mais en inspectant les alentours du moteur, on s'aperçoit que
la fissure remarquée et ressoudée cet hiver sur une poutre avoisinante
s'est rouverte comme si rien n'avait été fait... On regarde tout ça de
plus près, on comprend que le problème a déjà eu lieu dans le passé car
des soudures et des renforts ont été rajoutés ici et là. Mais sur un
coté les vieilles soudures ont lâché aussi, surement du fait de la
nouvelle fissure à l'opposé. Ça devient un peu inquiétant même si la
structure du bateau et du support moteur ne sont pas mises en danger.
Kiel semble un endroit où nous pourrons réparer ou au moins stabiliser
la situation, mais il nous reste encore 40M de moteur à faire... On
marque bien la taille des fissures afin de suivre leur
évolution.
Rien ne bougera d'avantage pendant le trajet au moteur, mais ce n'est
tout de même pas confortable du tout !
Repos...
Mais
pour l'heure nous avançons toujours à 3 nœuds (face au vent...) jusqu'à
atteindre le ponton de Gieselau, bien caché dans une petite rivière.
L'endroit est magique, écrin de verdure où se cachent quelques vieux
gréements hollandais. On oublie la fatigue de 3 jours de mer et nos
soucis de fissures pour profiter du moment et célébrer notre navigation
enfin efficace ! Un nouveau coup de vent est prévu pour le lendemain
soir, et nous avons parfaitement exploité cette fenêtre météo !
La route est
longue, le moteur est neuf mais pas plus puissant pour autant, et le
vent forcit dans l'après midi. Réveil donc aux aurores (c'est qu'on
commence à s'habituer) sur un canal magnifique, complètement plat, dont
la surface s'évapore sous la chaleur relative du soleil naissant.
Le
vent à tourné à l'ouest et nous aide parfois un peu. Le paysage est
charmant, mais c'est un peu long. On en profite pour potasser nos
guides nautiques sur la mer Baltique. Nous n'avions pas du tout
anticipé cette route alternative et nous avons tout à préparer. Ça a
l'air superbe, la route est plus longue, mais chouette!
Le
canal au petit matin
Dans l'écluse de sortie
Arrivées
enfin à l'écluse de sortie. Laure nous ressort son plus bel allemand
pour communiquer avec les autochtones et nous comprenons qu'il faut
aller payer le droit de passage du canal au bureau de l'écluse. 12
euros pour nous, en cash seulement.
L'écluse s'ouvre, à nous la
mer Baltique !!! Sauf que le bateau devant nous nous interpelle d'un
air inquiet: leur moteur ne démarre pas. Et nous voilà, nous
Saltimbanque et son moteur fiable (ouiiii) et puissant (euuuuuh) à
remorquer un bateau en panne moteur ! Comme quoi tout arrive. On a même
réussi à les tracter jusqu'à un quai (heureusement qu'on était au
portant quand même...), avant de rejoindre la marina centrale de Kiel...
Tout
a l'air très plein, mais la chance est avec nous, et le capitaine de
port rencontré fortuitement sur la jetée nous trouve une place pour 2
jours (oui le vent est prévu très fort le lendemain, nous restons au
port). Toujours de la chance comme ce même capitaine de port appelle un
pote à lui qui devrait pouvoir nous aider à réparer nos fissures !
Décidément cette ville a l'air bien accueillante :o)
18 juin: escale à Kiel
Kiel
est une ville tournée vers la mer. Elle est née de la mer, en fait,
village de pêcheurs visité par les Vikings, puis membre de la Ligue
Hanséatique (expulsé en 1528 pour avoir abrité des pirates), Kiel a
toujours servi de port de commerce et place de marché pour la région.
Elle a même appartenu un temps (1773 - 1864) au roi du Danemark, sans
pour autant faire partie du Royaume Danois. En fait toute la région
était propriété du Saint-Empire Romain, et le roi en était le concierge
(un petit job à mi-temps en parallèle de sa fonction régale). Faut
suivre. Enfin le Prusse Wilhelm I est arrivé pour mettre de l'ordre, a
donné à Kiel un statut de ville à part entière et en a fait une base
navale importante, dont la population a explosé (moins de 20,000 en
1864, plus de 200,000 en 1910). Ca mérite bien une grosse statue à
cheval dans le parc principal. Et le titre de Commodore du prestigieux
Kiel Yacht Club fondé en 1887. Kiel a aussi été le siège de la
mutinerie de marins qui initia la Révolution allemande de 1918, puis un
port stratégique (et stratégiquement bombardé) pendant la 2e guerre
mondiale.
Aujourd'hui
son port abrite des chantiers de pointe, une base de sous-marins, l'une
des principales institutions de recherche maritime (IFM-GEOMAR), une
dizaine de ferrys et paquebots en partance pour la Baltique ou
l'Atlantique, des centaines de voiliers de toutes tailles... Les
marinas sont pleines, la rade grouille d'activité, la promenade le long
du fjord (oui c'est comme ça qu'ils appellent la baie...) se couvre de
cahutes de foire... la Kieler Woche ( Semaine de Kiel) débute
dans deux jours! Avec 2000 bateaux et 5000 marins tous les ans, c'est
la plus grande manifestation de voile du monde. Et il en faudra des
schnitzels pour nourrir les 3 millions de visiteurs attendus! Les
préparatifs avancent rapidement, dans l'ordre et l'efficacité
allemande, jawohl!
Kiel, côté ville...
... et côté docks !
Nous
n'aurons pas le loisir de participer à la fête, pressées par la météo.
Mais nous avons bien le temps de nous promener à travers la ville qui
se couvre progressivement de tentes et ressemble bientot à une
gigantesque fête foraine.
Toute la journée de gigantesques
ferrys partent ou arrivent, croisant les vieux gréements et gros
trois-mats invités à la fête. Pendant ce temps les habitants continuent
de faire de l'optimist, du kayak, de la planche à voile ou du
water-polo (voire du kayak-polo !) après le boulot.
L'Allemagne maritime on ne connaissait pas encore - et on aime!
19 juin: Kiel - Stranden (8M)
Rendez-vous
a été pris à 9h avec le soudeur à Stranden, quelques milles vers la
sortie du fjord de Kiel. Encore un réveil à 6h du matin donc, et en
route. Nous sommes toujours sous avis de grand frais, mais le plan
d'eau est tellement abrité du vent de nord-ouest qu'on a du mal à le
croire...
On avance donc tout tranquillement au près-bon plein
dans le chenal de Kiel. De nombreux bateaux continuent à arriver pour
la Kieler Woche. Aujourd'hui ce sont des bateaux militaires, polonais,
français et américains. L'"USS Jason Duham " approche de la bouée verte
loin devant nous, et va clairement prendre le chenal latéral avant
qu'on arrive à sa hauteur. Mais une petite vedette estampillée Polizei
nous interpelle, et nous demande (en supprimant difficilement un rire
peu professionnel) de nous pousser sur le côté car le gros bateau
américain est "ein bisschen nervös"... Bon, on fait semblant de se
pousser un peu, mais vu nos vitesses relatives, il passe loin devant
Saltimbanque, la terrible menace terroriste !
On lui a fait peur avec notre étrave pointue !!
La mer Baltique :oD
Arrivée
à Stranden, pile à l'heure pour notre rendez-vous avec le soudeur. Il
nous fait un très bon travail, en soudant des renforts supplémentaires,
pour une somme absolument dérisoire! On est vraiment contentes et
soulagées de ne plus voir notre Saltimbanque se découper selon les
pointillés.
Le soudeur aussi est content - il faut dire qu'il
est également président du Yacht Club, propriétaire d'un beau X-yacht
42 sur lequel il organise des croisières sur toutes les mers avec des
amis et des membres de son club, organisateur de la Kieler Woche bien
sûr... bref un gars bien :-) et qui part se préparer pour son
rendez-vous avec son Excellence le Président du Yacht Club national
Japonais.
On profite de l'après-midi plus tranquille pour aller se promener le
long de la pointe nord du fjord.
C'est
notre premier contact avec la Baltique et nous absorbons avidement
toutes les impressions. L'eau est bleue, transparente et belle après le
gris de la Mer du Nord. Par contre elle est pleine de méduses! Il
parait qu'elles partent quand l'eau se réchauffe plus tard dans l'été...
Les
rives sont plates mais un peu plus élevées qu'en mer du Nord, et très
boisées. Beaucoup de vert! Pas mal de champs aussi, juste derrière le
fin cordon de sable. En l'absence de marées (20cm maximum...) et
d'estran, la végétation est très proche de l'eau. Vert donc, et rose:
des buissons de roses sauvages partout.
La
météo nous assurait depuis deux jours que le vent soufflait en tempête,
même si c'était difficile à croire depuis notre super abri. Donc dès
qu'elle nous promet une accalmie à 2h du matin ce samedi, nous filons
vers le nord.
Dès quitté l'abri de la côte on réalise que oui il
y avait bien un coup de vent depuis deux jour, et que ça souffle encore
bien. On est au travers sur les 25 premiers milles et on fonce: 6.5 de
moyenne ! La mer est formée mais courte, ce qui la rend cassante. Il y
a pas mal de trafic, mais les gros bateaux respectent des routes bien
tracées et étroites, il n'y a aucune surprise.
4 heures plus
tard, nous arrivons sous le vent de l'île de Langeland, et le monde
change. Le vent mollit un petit peu mais surtout la mer est plate, les
nuages s'en vont progressivement, et ça glisse vite et bien dans les
eaux danoises (et un 6ème pays !!!)
La
matinée est un régal, on se repose et profite des conditions. Mais le
vent mollit vite, la météo étant un peu du genre tout-ou-rien pendant
ce voyage... On en profite pour pêcher, pour une fois que nous avançons
à moins de 5 nœuds, très curieuses de découvrir quelles espèces de
poissons inconnues nous allons remonter dans cette mer à la salinité
très faible. La ligne se tend très vite, c’est … une orphie ! De très
belle taille. Le vent continue à tomber, et bientôt on n'a plus
grand-chose, puis plus grand-chose-pile-dans-la-figure. On tire des
bords à 3 nœuds en désespérant de ne jamais atteindre le pont de
StoreBælt, qui nous nargue depuis des heures déjà.
Il n'y a pas
de courant de marée en Baltique. Mais le vent quand il souffle fort
"pousse la mer" et crée des courants de surface. Le vent est
Nord-nord-ouest (de face) en ce moment, il crée donc un courant portant
au sud (de face aussi...) Nous luttons donc contre tous les éléments à
la fois, devant même allumer le moteur pour réussi à passer le pont
tellement le courant est fort et le vent perturbé par les piles...
Une
fois derrière le pont ça va un peu mieux. Le plan d'eau s'élargit comme
nous entrons dans le Kattegat (donc le courant faiblit), le vent se
relève en adonnant un peu, on est de nouveau sur un bord direct.
Toujours au près certes, mais on n'est pas très difficile!
Le très
impressionant pont de Store Bælt (la grande ceinture)
Anholt, petite île paradisiaque...
Nouvelle
nuit dans des conditions venteuses et humides, nouveau jour et
nouvelles sautes de vent maintenant faiblissant... Junior aide la
petite brise à remplir les voiles. On longe le plus grand champ
d’éoliennes du Danemark, pas très productif en ce dimanche. L’eau est
très claire et la couleur de l’eau à l’approche de l’île nous rappelle
les Glénan. L'ile d'Anholt grossit et nous entrons en fin d'après-midi
dans le petit port. Trois bateaux de pêche au fond , d'une forme
nouvelle pour nous, le pont avant recouvert et bombé comme pour
déflecter les grosses vagues des tempêtes hivernales. Le nombre de
pontons vides nous donne une idée de l'affluence attendue dans quelques
semaines. Qu'on est bien hors saison!
Le petit port semble
arbitrairement posé là, ils ont mis une digue au milieu de la plage,
creusé un peu dans le sable, et puis voilà. Pas de quai - les bateaux
flottent le long de berges de sable. La plupart de cette île de 25km de
périphérie est occupée par une réserve naturelle de sable et de dunes.
Seul le tiers ouest, plus boisé et doté de terres arables, est habité.
En une longue promenade le long de la plage puis à travers le village,
nous rencontrons quelques cormorans, deux cyclistes et une grosse poule.
En
faisant le plein de diesel (ils prévoient encore du calme) on constate
que l'on a consommé nettement moins qu'attendu! Avec Nestor nous
comptions par expérience 0.7 litre / heure. Mais le jeune Junior semble
étonnamment frugal! 0.35 litre / heure
Balade du soir sur l'île de sable
22 juin: Anholt - Marstrand (74 M)
On
serait bien restées plus longtemps sur la jolie petite île, on aurait
bien exploré un peu les eaux danoises... mais il faut atteindre le nord
du Kattegat avant le prochain coup de vent. Et c'est reparti donc dès
le lendemain matin. Départ à une heure presque raisonnable (8h) et nous
laissons ce monde nouveau à peine entrevu derrière nous en nous
promettant de revenir...
Les prévisions hésitent depuis
plusieurs jours, entre un vent totalement inexistant et un vent de SE
de 25-30 nœuds. On part donc avec un ris, qu’on lâchera dès passé la
digue. Route au travers dans un parfait 3-4b et sous un ciel de plomb.
On
croise de nombreux bateaux Suédois en route vers Göteborg, mais nous
allons vers le Nord, vers notre port d’attache Lysekil, et attendons le
bulletin météo de l’après-midi pour décider de notre destination
exacte. Pour l’heure le vent adonne un peu et nous voilà au portant (si
!) sur la route directe, pendant 3 heures supplémentaires ! Record du
voyage égalé !
On reprend notre activité nourricière préférée.
La ligne se tend de nouveau, encore une orphie. Bof on n’aime pas plus
que ça et on la remet à l’eau. Quelques heures plus tard, une nouvelle
espèce de poisson en approche, c’est un … maquereau ! Quel exotisme !
La Suède !
Le
vent refuse jusqu’au près (enfin une allure plus habituelle) comme
l’air est pompé par un gros nuage de grain. Ça y est on voit la côte
Suédoise à l’horizon sur tribord. Bientôt on passe la frontière
maritime et hissons le drapeau ikea, euh… suédois : 7ème et dernier
pays du voyage !
Aujourd’hui c’est l’arrivée de la Volvo Race à
Göteborg. Nous arrivons quelques heures trop tard pour participer à la
fête, mais nous voyons tout de même le dernier bateau à l’horizon en
milieu d’après-midi.
On capte le bulletin météo : le vent mollit
et tombe complètement cette nuit et demain mardi, puis le coup de vent
arrive dès mercredi matin. Il ne faut pas traîner, mais quitte à finir
la route au moteur, autant la finir de jour, on tire la barre et route
sur Marstrand.
Il
est déjà 23h, mais depuis ces 3 derniers jours et les latitudes à plus
de 57°N il ne fait plus vraiment nuit. A 22h30 le soleil se couche,
mais le ciel reste clair. Une sorte de coucher de soleil permanent se
déplace sur l’horizon, et l’astre émerge de nouveau à 3h du matin. Ce
qui donne des nuits intéressantes, cap plein nord, droit sur la lueur
solaire !
L’approche de Marstrand se fait entre les cailloux, en
suivant des feux à secteurs. A proximité immédiate du faisceau blanc
marquant les eaux sûres, des balises non-éclairées, des cailloux, et
surtout des casiers partout dans le chenal. La clarté permanente est
très appréciable, et nous arrivons au port à 1h du matin en ayant bien
profité du paysage.
Marstrand et sa forteresse remarquable de très loin
23 juin: Marstrand - Lysekil (33 M)
Juste sortis du chenal
Après
une longue nuit de 6h, nous découvrons la Suède sous un chaud soleil.
Le port de Marstrand est séparé en deux par un petit chenal qui longe
les blocs de granit, c’est magnifique !
La météo nous avait
prévu du vent très mou, mais à notre plus grande joie, il souffle à une
dizaine de nœuds et le ciel se dégage. (toujours de Nord- Nord-Ouest au
cas où d’aucun nous imaginerait autrement qu’au près…) Saltimbanque se
déplace à 3-4 nœuds, parfait pour une séance de pilotage à la voile.
C’est vrai ça, pourquoi faire le tour des cailloux quand on peut les
longer et passer au milieu ? C’est étroit, mais très bien balisé et
absolument magnifique. On glisse en silence au ras des rochers, c’est
beau… Ijmuiden est si loin !!
On
continue notre route en tirant un petit bord, tout en pêchant d’autres
gros maquereaux. Ça a l’air de grouiller dans les parages !
L’après-midi est superbe, au près sous le soleil, courant portant,
toute la toile dehors.
On longe une
île
couverte d’oiseaux, puis nous approchons du dédale de cailloux qui
marque l’entrée de notre port. On cherche les balises et amers qui nous
serons bientôt familiers, une verte par-ci, une cardinale par là. Un
dernier petit chenal entre deux îles et nous voilà à Bastevikhamn,
Lysekil Marina, notre port d’attache :o)
Les rochers que nous appellerons bientôt "nos" cailloux
Nous
avons parcouru 882M depuis Newhaven, et sommes si bien accueillies dans
notre nouveau chez-nous que nous nous sentons déjà à la maison. Ça doit
être les cailloux roses…
24 juin : Allons
faire des courses en bateau (6 M)
Le
coup de vent doit arriver dans la journée. Oui mais on n’a plus
grand-chose à manger. Nous avions pourtant fait un gros plein à Kiel,
mais il touche à sa fin. Notre marina est nichée au cœur des cailloux,
c’est magnifique mais il n’y a rien autour. On décide donc de rejoindre
en bateau le gros bourg situé 3M au sud pour s’approvisionner.
Retour
au portant dans un vent fraîchissant, juste avant que ça ne devienne
franchement plus maniable, et rentrons avec tous les ingrédients
nécessaire à la réalisation d’une pizza maison !
Le lendemain nous restons au port, à se reposer et rincer les cirés et
les voiles.
Miam !
26 juin : P'tit tour
dans les cailloux du coin (24 M)
Journée de pilotage dans les cailloux
Le
coup de vent n'a pas duré très longtemps et en ce vendredi il souffle
un petit 3b d'ouest fort sympathique. C'est parti pour une exploration
de notre nouveau terrain de jeu !
Départ
du port, cap au Nord pour rejoindre le grand chenal qui mène à la
raffinerie (oui, on ne voulait pas être trop dépaysées quand même,
alors on s'est mises près du dépôt pétrolier, très discrètement niché
entre deux rochers). Une fois dans le chenal, on tire des bords pas
très rapides, dans un vent faible et face à une houle résiduelle assez
pénible.
Une fois bien au vent de la zone, cap au nord
(scrupuleusement !) pour entrer dans la baie de Kungshamn. Une fois au
pied de la falaise, virage sur place vers l'est pour passer entre la
roche et un petit phare. C'est franchement étroit, mais magnifique,
nous glissons voiles en ciseaux entre les îles.
Petites
maisons sur les rochers de Smögen
Notre premier mouillage Baltique!
Une
île, 2 îles, 3 îles, voilà la baie que nous avons repérée pour notre
premier mouillage "à la Baltique". Cette technique est très courante
ici, mais c'est pour nous une première. Elle consiste à mouiller une
ancre à l'arrière, puis avancer tout doucement vers un caillou franc, y
déposer l'équipier d'avant muni d'une longue aussière pour qu'il la
fixe autour d'un pieu en métal prévu à cet effet. Très facile sur le
papier donc. En pratique c'est plus délicat. Il y a de grandes algues
qui risquent de s’emmêler dans l'hélice, le caillou franc ne l'est pas
tant que ça, sauter sur un caillou tout rond relève de l’acrobatie
certaine, et le vent tourne autour du rocher pour nous pousser sur les
haut-fonds tout proches.
Mais nous y sommes finalement, le
mouillage n'est pas du tout confortable mais ça fait de belles photos !
(Rassurez-vous, depuis on a amélioré le mouillage arrière et pris de
l'assurance, et avons des expériences bien plus positives dans le
domaine).
On
repart toujours vers l'est entre les cailloux, puis route au sud pour
rejoindre notre port. C'est la fin des vacances, mais le bateau est
désormais tout près de la maison: dès le week-end prochain on reviendra
!
Pilotage dans les rochers suédois, ou le bonheur de retrouver un joli
terrain de navigation !
Le reste de l'été,
entre mer et rochers
Avant-tout,
nous équipons Saltimbanque d'un mouillage arrière typique Baltique :
une petite ancre, quelques mètres de chaine, et 25m de sangle roulée
sur un touret, l'équipement indispensable des mouillages aux cailloux
réussis !
Puis, avec le bateau à 2h30 de la maison, les
week-ends deviennent suèdois et nous explorons notre nouveau terrain de
jeu. La côte suédoise est absolument fabuleuse et on ne regrette pas
trop Brighton :o)
L'été en Suède...
En route vers le fond du fjord !
Arrive
la mi-septembre, il est temps d'aller mettre Saltimbanque à l'abri pour
l'hiver. Notre port d'hivernage se trouve a 16M de notre port d'été, au
fond du Gulmarfjord. Jolie navigation sous le frais soleil de ce début
d'automne, mais on se traine !!! Les moules locales raffolent de la
vase de Newhaven dont la quille est encore recouverte, et on dépasse
difficilement les 3 noeuds. Mais au final nous arrivons à bon port, et
le bateau est gruté pour un hiver sous bâche et sous la neige.