<-- Avant:  Bornholm et le Danemark
Bohuslän et fjord d’Oslo
 
-- 2 au 11 septembre 2018  --
 
Et maintenant on rentre à la maison, une petite nav facile en terrain connu. Oui mais nous sommes en septembre et les conditions dans ces hautes latitudes deviennent de moins en moins propices à la navigation à la voile…

Plus de photos d’abord sans vent puis avec trop dans notre page "Photos".


263 milles navigués
3345 milles navigués depuis le départ


Nos escales, cliquez sur les noms pour plus de détails :
Öckerö (coffre) - Långedrag (marina) - Lysekil Nord (marina) - Fjällbacka (marina) - Vikerhavn (port) - Naersnes (marina)
 
2-3 septembre : Hornbaek – Öckerö (81 M)
Un anticyclone d’été indien a décidé de gonfler sur le Kattegat, nous promettant une série de 4 jours sans vent ou presque. Pas l’idéal quand on a une date de retour à honorer… Quelques heures d’une petite brise d’Est sont prévues cette nuit et le départ est fixé à 18h.

Le vent est assez faible de nord pour commencer, et nous avançons lentement à 40 degrés de la route directe. Pas d’inquiétude, ça va adonner. On profite d’un départ tranquille sur mer plate, en regardant les marsouins qui chassent dans le courant.


Coucher de soleil calme: il n'est pas encore 20h...
La nuit est magnifique, calme sous un ciel sans nuage et plutôt tiède. Le vent adonne comme prévu, et même un peu plus que prévu, si bien que vers 1h du matin nous décidons d’envoyer le grand spi symétrique. Manœuvre de routine, les réflexes sont en place. Le spi est hissé en tête de mât, il n’y a plus qu’à remonter la chaussette pour que le spi se gonfle. La chaussette coince un peu mais ça lui arrive, il suffit normalement de tirer... Un peu plus fort. Franchement fort... Le spi reste au chaud dans sa chaussette, et c’est le mousqueton de drisse qui s’ouvre (incroyable…)! Et plouf un spi à l’eau…

On récupère le spi assez facilement et on arrive à le rempaqueter sur le pont du bateau. Par contre la drisse est toujours en tête de mât, avec son mousqueton ouvert qui nous nargue. Il y a 5 nœuds de vent, une mer plate, une nuit très claire, nous décidons de monter chercher la fâcheuse. L’ascension se fait bien (le mât est court…) et la drisse est redescendue sans problème.

Ok, on renvoie ? Le vent a un peu refusé, mais on hisse quand même le spi symétrique pour quelques heures, afin de le faire égoutter et bien remettre la chaussette en place. A notre grande surprise rien ne coince cette fois. Il fallait juste un bain…

En approche - une nouvelle fois - de la Suède, sous spi asymétrique
Vers 3h on change pour le spi asymétrique, plus adapté à notre allure presque travers. Et là c’est parti pour un long et superbe bord de 6 heures poussés par le courant, et avec quelques moments de glisse rapide comme le vent atteint 4 Beaufort en début de matinée.

Les météos prévoyaient de l’air jusque 11h. A 10h45 le spi pend lamentablement et nous devons terminer au moteur. Quelle précision ces météos de nos jours… Nous sommes à 3 milles du mouillage que nous avons choisi, on a bien optimisé le vent de la nuit :o)
Nous voilà de nouveau dans un archipel avec de nombreuses possibilités de mouillages : nous cherchons un beau rocher où poser le nez de Saltimbanque. Malheureusement, à force de toujours vouloir s’amarrer contre les cailloux, ce qui devait arriver arrive : nous rasons un rocher d’un peu trop près lors de notre manœuvre d’approche et frottons la quille. Rien de grave, nous allions tout doucement… juste un peu de peinture éraflée. Mais c’est la première fois que nous touchons avec Saltimbanque et nous sommes un peu tristes.

Échaudées, nous choisissons l’option facile : le coffre visiteur au milieu de la baie, normalement réservé aux membres de l’association des plaisanciers suédois - mais en cette saison nous ne devrions pas être dérangées…


Saltimbanque, seul au mouillage...

On suppose que ce sont des mouflons
Une sieste réparatrice plus tard, on réalise que le paysage est absolument magnifique, assez différent des archipels baltiques, plus haut et beaucoup moins boisé. L’île grouille de vie. Des ongulés tout d’abord, que nous identifierons comme des mouflons. Puis des oies, de la bruyère en fleurs, et sur les rochers du bord de mer, ô joie, des bigorneaux !!! Nous avons vraiment quitté la Baltique… par contraste, on réalise à quel point c’est un écosystème très différent des mers ouvertes et salées dont nous avons plus l’habitude.

Mouflon, oies et chouettes paysages...

Apéro- bigorneaux dans le cockpit pour ce qui sera en fait notre dernier mouillage du voyage

4 septembre : Öckerö – Långedrag (20 M)
Toujours pas de vent, c’est parfait pour visiter Göteborg ! La route se fait intégralement au moteur dans un calme plat.

Encore une fois nous sommes impressionnées par les différences avec la mer Baltique. Il y a des casiers partout, des pêcheurs, des phoques. Une ligne à la traîne derrière le bateau nous assure notre déjeuner de maquereau en quelques minutes. Puis des ailerons se rapprochent... Des marsouins font un festival autour du bateau ! Quel bonheur !


La danse des marsouins à travers le miroir d'eau...

Granit, bruyère en fleur et port de plaisance à proximité de Göteborg
Nous approchons de Göteborg. Les baies au sud du chenal sont occupées par un gigantesque port de plaisance offrant sur 4 bassins plus de 550 places. Le port le plus au nord est ouvert aux visiteurs, qui sont invités à prendre n’importe quelle place montrant un petit panneau vert (et non rouge). L’amarrage se fait sur duc d’albe. 190 SEK en basse saison. Électricité incluse, et même sauna ! Il existe aussi un port visiteur en centre-ville, beaucoup plus cher (310 SEK) il nécessite de remonter la rivière face au courant sur 5 milles. On prendra le tramway !

5 septembre : visite de Göteborg (à terre)
Göteborg est la seconde plus grande ville de Suède après Stockholm, connue pour son port de commerce et son université. Peu de monuments anciens, la ville s’est développée au 19e siècle et on a privilégié le fonctionnel sur l’artistique. C’est surtout pour son ambiance qu’on apprécie Göteborg. En ce matin gris d’un jour de semaine de septembre, il faut se forcer un peu…
Le port de Göteborg, le 4 mâts-barque "Viking", l'immeuble dit "rouge à lèvre" et au premier plan, mais oui c'est Evert Taube, le troubadour de Stockholm!

Ambiance agréable dans le vieux quartier de Haga
Le musée de la ville est par contre très bien fait. Lorsqu’on en ressort, le soleil égaye les terrasses des cafés et donne à l’ensemble un aspect plus attirant. Nos pas nous mènent vers des statues amusantes, un jardin botanique, un bastion sur une colline de granit (c’est vallonné ici !), un quartier vivant aux vieilles maisons typiques : premier étage en brique par respect de la directive anti-incendie, puis étages supérieurs en bois pour les classes ouvrières. Nous finissons par le musée maritime (on ne se refait pas). 

6 septembre : Långedrag – Lysekil (43 M)
La météo est de pire en pire. Après des jours de calme plat, une série de coups de vent est annoncée à partir de vendredi, nous laissant sans fenêtre évidente pour rentrer à la maison. Il va falloir lutter jusqu’au bout…

Dernier jour de pétole donc, mais nous devons avancer. C’est parti au moteur dans le skjaergård familier à l’approche de notre ancien port d’attache à Lysekil.

Le Bohuslän abrite également de nombreux oiseaux, saupoudrés sur les rochers des chenaux

La fortresse de Marstrand, un amer très remarquable du skjaergård
Une brise d’Est nous permet de faire 1 heure de voile au sud de Marstrand, et de pêcher notre maquereau – déjeuner. Puis on repart au moteur. Une brise thermique de ouest-sud-ouest se lève ensuite, parfait pour notre spi asymétrique (élue voile préférée de ce voyage) !
Ça retombe à l’entrée du chenal de Gulholmen et Junior reprend du service. Le chenal est toujours aussi beau, surtout dans la lumière de grain de l’après-midi. 
Lumière de grain...

Village de pêcheurs sur la route de Lysekil
Le vent s’établit à l’Est de nouveau et nous pouvons naviguer à la voile, passer devant Grundsund puis Lysekil, ces endroits si familiers. Le granit est très rose, comme à Åland, mais complètement nu : pas d’arbre, pas de buisson, à peine un peu de lichen. Sans doute l’héritage des villages de pêcheurs, les maisons sont concentrées sur certaines îles et non étalées dans tout l’archipel comme à Stockholm. On redécouvre notre bon vieux Bohuslän, et on trouve ça toujours aussi impressionnant, un peu austère aussi en ce début d’automne.

Le vent d’Est est censé monter et nous choisissons le port du Nord de Lysekil pour s’abriter. Très bon choix, on y trouve l’unique douche pour plaisanciers de la ville ouverte en cette saison !

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7 septembre : Lysekil (à terre)
A partir de maintenant, et ce jusqu’à avoir atteint notre port d’attache à Oslo, notre énergie sera concentrée vers un unique but : identifier les fenêtres météo nous permettant de rentrer à temps et en un morceau à la maison. Plus facile à écrire qu’à faire. Qu’est-ce qu’une fenêtre météo acceptable ? Où est la limite ? Au large il est souvent possible de fuir, poussé par la tempête pendant des jours s’il le faut. La difficulté consiste à gérer sa fatigue, le matériel et à savoir se débrouiller seul en cas de problème. En navigation côtière, il y a vite un caillou sous le vent et il est impératif d’être capable de lofer, de passer la mer, de suivre un cap précis pour l’éviter. La moindre avarie se traduit également par un risque non négligeable d’être rapidement drossé à la côte.

Alors nous compulsons nerveusement les bulletins météo, nous étudions le vent et la mer dans un état de stress grandissant au fur et à mesure que le temps  passe… La difficulté n’est pas vraiment la navigation en elle-même, c’est l’estimation du niveau de risque acceptable, et la prise de décision de partir...

Aujourd’hui vendredi, le vent est d’Est, 7b au large. Le vent souffle de la terre et donc les alentours immédiats de Lysekil sont relativement calmes et la mer est plate. Mais quid des conditions un peu plus loin ? Nous pourrions aller à Smögen qui est mal abrité d’Est, mais ensuite tous les ports sont au vent. A moins de prendre le Sote canal qui coupe à travers le granit. Oui mais il est orienté Nord-Est, le vent va-t-il s’engouffrer et nous empêcher de progresser au moteur ? Junior est en forme mais il ne fait que 10 CV…
Une fenêtre de quelques heures associée à une bascule de sud est prévue cette nuit, nous décidons de l’attendre et passons la journée à regarder les voiliers en mer, en nous demandant avec anxiété si c’était la bonne décision…

Consolation, la côte est absolument magnifique ici et on profite des énormes rochers roses typiques de l’endroit.

Réflexions météorologiques depuis le granit rose et nu de Lysekil
8 septembre : Lysekil – Fjällbacka (27 M)
Réveil à 2h du matin pour un départ à 3h avec la fenêtre météo identifiée la veille. Le vent semble très fort, mais comme il a tourné au sud nous sommes moins protégées.

Départ au moteur, dans une nuit humide, couverte, sans lune, en un mot : noire ! Les rochers des skjaergårds sont parfaits pour casser la houle, mais ils ne sont pas très éclairés et l’obscurité est beaucoup plus handicapante que d’habitude.

Le vent souffle fort, 25 nœuds environ (force 6). Laure est à l’avant avec une lampe à surveiller les casiers qu’il ne faudrait surtout pas accrocher dans l’hélice et Camille à la barre. Nous avons un demi-mille à faire dans le noir au près avant de rejoindre un chenal éclairé au travers puis abattre. Ca souffle. Ca mouille. Et ça secoue, le clapot est étonnamment fort. On peine à progresser, le vent est beaucoup plus sud-ouest que sud et nous sommes complètement face au vent. Le moteur n’étale pas, nous faisons du sur-place. Le vent de sud-ouest sera aussi un problème par la suite car nous serons au près au lieu d’être au travers.

Ca ne passera pas… nous décidons de faire demi-tour et de rentrer au port. Allons dormir une heure, à 6h il fera jour, c’est déjà ça.

Non seulement il fait jour, mais en plus il fait beau ! Ca change tout :o)
Avec le jour, tous les passages entre les rochers sont utilisables et nous pouvons au moins rejoindre Smögen avant l’arrivée du prochain coup de vent : 35 nœuds (force 8) prévus à partir de midi. La navigation sous voile d’avant seule se fait bien, dans un vent toujours très sud-ouest, qui semble toutefois un peu plus mou que cette nuit.

L’avantage du vent fort, surtout doublé d’un courant favorable, c’est qu’on avance vite et il n’est pas 8h quand nous arrivons à Smögen. On appelle au téléphone le garde-barrière du pont tournant du Sote canal pour s’enquérir des conditions : le vent de Sud-ouest ne s’engouffre pas et le pont sera ouvert pour nous. Cela nous convainc de continuer à travers ce canal que nous ne connaissons pas, après tout il nous reste 4 bonnes heures avant le coup de vent non ?
Une fois passé le haut pont de Kungshamn, le monde change. Le petit passage entre les rochers puis le canal creusé sont extrêmement protégés, au point où nous avançons au moteur appuyé parfois par le génois à l’avant. Quel contraste avec la mer que nous voyons déferler au large ! On passe au ras des rochers, puis des champs, et des hyttes, et 3 suédoises en train de se laver dans la mer à une longueur du bateau, qui nous crient « bonne journée » !

Une fois derrière le pont tournant, nous pouvons nous abriter au port de Hunnebostrand. Mais il n’est que 9h, encore 3h de temps maniable. Le prochain port est à 12M, c’est jouable, surtout à l’intérieur du skjaergård où nous serons protégées. Alors nous continuons.

Entrée dans le Sote canal

Il faudra revenir explorer cette partie du Bohuslän que nous avons parcouru en coup de vent... littéralement !
Et encore une fois nous sommes bluffées par l’abri procuré par les rochers. La route se fait au moteur aidé par le génois, afin de ne pas perdre de vitesse dans les nombreux dévents des îles. Au sud les nuages montent, les premiers grains tombent sur Lysekil.

Un peu stressées d’arriver à temps, nous profitons assez peu des paysages magnifiques que nous traversons, il faudra revenir ! Dernier virage, un gros nuage noir à tribord, deux phoques à bâbord : nous entrons dans Fjällbacka.
Ce port –très pittoresque – est extrêmement populaire en été (et hors de prix !) En septembre, c’est calme et beaucoup plus raisonnable (250 SEK quand même). Les gens délaissent les bouées arrières pour se mettre carrément le long du ponton. On choisit la meilleure place, devant les douches et le plus près possible de l’immense falaise de granit. 45 minutes après notre amarrage, le coup de vent est sur nous dans une énorme averse de grêle. Enfin nous supposons que ça souffle car abritée par la falaise, l’eau est un miroir ici!
Fjällbacka hors-saison et par coup de vent de Sud-Est

Pizza avec vue sur Saltimbanque
L’escale est partagée entre le soulagement d’avoir avancé et d’être à l’abri, et de nouveau le stress de trouver la prochaine fenêtre de temps maniable. On va tout de même manger une pizza entre deux averses, c’est qu’il pleut en septembre en Scandinavie !

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9 septembre : Fjällbacka –Vikerhavn (30M)
Un nouveau coup de vent court mais intense et probablement orageux (tant qu’à faire…) est prévu dans la nuit à partir de minuit. Mais le coup de vent actuel est censé s’essouffler autour de 15h. Parfait nous avons en théorie 9h avec force 4 à 5 entre les deux systèmes, assez pour avancer un petit peu, par petits sauts précautionneux…

On prend un café avec des amis d’Oslo en weekend dans leur hytte familiale, et qui eux ont une voiture pour rentrer dans l’après–midi ! Pour nous ça sera un peu plus long et humide…

Humide on a dit ?
Départ à 14h30. Le vent est très sud et nous avançons au portant sous génois seul entre les cailloux. Quelques passages un peu moins protégés nous donnent un aperçu des 2m de houle qui sévissent dehors. Elle est bien plus longue qu’en mer Baltique, c’est pas l’Atlantique mais c’est déjà plus agréable !

On passe tout de même à l’intérieur des cailloux autant que possible. Très bon choix : le vent est toujours bien établi (autour de 20 nœuds plus les rafales) mais la mer y est plate et on fonce ! Régulièrement un phoque curieux vient sortir sa truffe à côté du bateau pour voir qui sont ces énergumènes qui naviguent encore en cette saison.

Et non en fait nous aurons un grand soleil ! Laure a même ressorti son cache-nez :oD
Sortie du skjaergård, voilà les îles Koster et leur passage à terre profond de plus de 200m. Le courant y atteint plus de 1 nœud, ça avance bien. Le vent était censé mollir franchement, en particulier à 20h, mais on a l’impression qu’il forcit plutôt, et on enroule un peu de génois.

Avec plus de 5,5 nœuds de vitesse moyenne nous arrivons en vue de Vikerhavn de jour, sous génois seul pas mal enroulé, juste derrière un gros catamaran qui lui aussi a décidé d’aller s’abriter derrière la digue de pierre de ce petit port.
Nous rentrons en trombe dans le bassin du port, poussés par le vent et les vagues, il n’y a plus qu’à faire demi-tour et remonter le vent sur 20m jusqu’à la digue. Oui, mais les rafales sont fortes (25-30 nds, soit force 7). L’eau a beau être plate dans le port, Junior n’étale pas. Moteur à fond, nous faisons du sur place. Entre 2 rafales on parvient à progresser de quelques mètres, assez pour être un peu déventés par la digue et finalement réussir à poser Laure avec une aussière sur le quai. Ouf !

L’équipage du cata fraichement arrivé vient nous aider : les fonds sont bien moins profonds que sur notre carte (1m50 d’eau au bout intérieur de la digue), il nous faut reculer vers l’extérieur pour trouver 2m. Mais enfin ça y est nous sommes amarrées, avec 6 aussières et un paquet de pare-battes.

On se regarde, un peu tremblantes, on regarde les bulletins météos. 40 nœuds (force 8-9) de sud cette nuit, tournant sud-ouest en fin de nuit. Demain lundi 20-25 nœuds (5-6 b) de sud-ouest fraichissant 30 (7b) l’après-midi. Mardi 40 nœuds d’ouest. Mercredi 40 nœuds d’ouest. Jeudi peut-être 20 nœuds de sud-ouest, et sans doute une houle assez énorme. On s’endort en n’ayant aucune idée de quand ni comment nous allons sortir d’ici. Nous sommes réveillées à 4h par des rafales hurlantes qui secouent le mât, et une pluie torrentielle.

10 septembre : Vikerhavn – Naersnes (51 M)
A peine réveillées, sitôt le nez dans le téléphone portable à regarder les fichiers météo. Toujours 20-25 nœuds de sud-ouest prévus ce matin, puis 30 à partir de 16h, mais seulement au sud du fjord d’Oslo. Ça peut passer, on va voir l’état de la mer depuis la digue pour confirmer. Le vent a tourné sud-ouest et le port est mieux abrité : nous devrions pouvoir en sortir. Ensuite nous avons 3 milles à faire au près face à la houle, puis il suffit d’abattre dans le fjord d’Oslo. Ça se tente, si on ne passe pas on peut toujours revenir à Vikerhavn et sa charmante digue de pierre (on n’a rien vu d’autre de cet endroit !)

Départ sous 2 ris – foc. En fait ça passe, on vire sans problème et le premier grain n’est pas trop méchant. Au bon plein au sud du fjord,  exposés à 2m de houle de travers, on se rappelle que Saltimbanque est un super bateau et qu’il passe vraiment bien la mer dès que la houle est un peu longue. A force de naviguer en mer fermée nous avions oublié. Et c’est avec un bonheur non dissimulable que nous entrons dans le fjord d’Oslo.

Saltimbanque sous 2 ris - foc, en vue des premières îles du fjord d'Oslo

Canal de Drøbak, on est contentes d'être au portant !
Au travers, poussées par le courant nous sommes constamment à plus de 6 nœuds, parfois 7. On fonce à travers ces eaux familières : Hankø, Moss-Horten et ses ferrys, direction le Drøbak sund. Le vent commence à monter comme prévu, mais contrairement à ce que les bulletins annonçaient, le vent de sud s’engouffre dans le fjord. On change de toile : de 2 ris – foc, nous passons à un peu de génois enroulé à l’avant. Puis encore un peu moins de génois. Puis vraiment plus beaucoup de génois du tout, comme le vent atteint plus de 30 nœuds dans l’étroit canal de Drøbak. La mer est toutefois plate et au portant ça passe nickel.
Nos cartes nous montrent un port qui semble parfaitement abrité de sud-ouest juste derrière les îles de Drøbak, on espère que le vent se calmera un peu pour l’arrivée. Et à notre grand soulagement les hautes îles cassent complètement le courant d’air d’un coup, nous laissant brutalement avec 15 nœuds de vent - qui nous paraissent par comparaison un calme plat !

On peut enfin regarder autour de nous : c’est joli ici ! Que c’est haut par rapport à tout ce que nous avons vu depuis 4 mois ! Et vert foncé de sapins ! Et là derrière l’île : OSLO !!! La colline de Tryvann et sa station de ski, notre ville à la silhouette si familière :oD Ça nous fait quelque chose de revenir chez nous après ces 4 mois, surtout après le stress de ces derniers jours… Nous sommes presque arrivées, nous sommes dans les temps, nous avons fait le tour de la mer Baltique !!!!

OSLO !!! On ne s'y voyait pas la veille au soir, et tadaaaaa nous y sommes !!!
Dernière nuit de voyage au port de Naersnes. Aucune infrastructure pour bateaux visiteurs, nous avons pris une place apparemment libre et personne ne nous a rien dit !

11 septembre : Naersnes – Oslo (11 M)

Fornebu! Saltimbanque n'est plus qu'à quelques milles de l'arrivée...

Il pleut des cordes aujourd’hui, mais une éclaircie est prévue vers 16h, ce qui correspond à l’heure de sortie des bureaux. On vise donc ce moment pour arriver à Lysaker Brygge, le quai situé au cœur du quartier d’affaires de l’ouest d’Oslo - et juste sous les fenêtres du bureau de Camille.

Départ dans un vent variable de 10 à 15 nœuds, quand il y a plus de 40 nœuds à l’extérieur du fjord… Alors oui il pleut à verse mais nous sommes tellement contentes d’être passées qu’on ne nous enlèvera pas ce sourire débile sur la figure !
A 16h05 nous arrivons à Lysaker, saluées par les collègues de Camille depuis les fenêtres de leurs bureaux. Certains viennent sur le quai voir notre fier bateau revenu en parfait état de ce long et beau voyage. Merci à tous pour le comité d’accueil et pour avoir rendu notre arrivée si mémorable !

Il reste 1 mille pour rejoindre notre place de port. C’est l’affaire de 15 minutes, et nous voilà de retour à la maison.

Saltimbanque arrivé à Lysaker et son grand pavois de pavillons de courtoisie à l'arrière, qui ne volent pas car - ô joie - nous sommes abrités du coup de vent force 9 qui souffle dehors :oD :oD
Une aventure se termine et notre autre vie, celle à terre, va bientôt recommencer. Bientôt nous ne regarderons plus la météo toutes les 3 heures, nous mangerons à heure fixe et porterons des affaires sèches tous les jours…

(Et une fois le bateau rangé et toutes les lessives finies, promis, nous rajouterons un épilogue a ce récit !)

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