Et maintenant on rentre à la maison,
une petite nav facile en terrain connu. Oui mais nous sommes en
septembre et les conditions dans ces hautes latitudes deviennent de
moins en moins propices à la navigation à la voile…
Plus de photos d’abord sans vent puis avec trop dans notre page "Photos".
263 milles navigués 3345 milles navigués depuis le départ
Un
anticyclone d’été indien a décidé de gonfler sur le Kattegat, nous
promettant une série de 4 jours sans vent ou presque. Pas l’idéal quand
on a une date de retour à honorer… Quelques heures d’une petite brise
d’Est sont prévues cette nuit et le départ est fixé à 18h.
Le
vent est assez faible de nord pour commencer, et nous avançons
lentement à 40 degrés de la route directe. Pas d’inquiétude, ça va
adonner. On profite d’un départ tranquille sur mer plate, en regardant
les marsouins qui chassent dans le courant.
Coucher de soleil calme: il n'est pas encore 20h...
La
nuit est magnifique, calme sous un ciel sans nuage et plutôt tiède. Le
vent adonne comme prévu, et même un peu plus que prévu, si bien que
vers 1h du matin nous décidons d’envoyer le grand spi symétrique.
Manœuvre de routine, les réflexes sont en place. Le spi est hissé en
tête de mât, il n’y a plus qu’à remonter la chaussette pour que le spi
se gonfle. La chaussette coince un peu mais ça lui arrive, il suffit
normalement de tirer... Un peu plus fort. Franchement fort... Le spi
reste au chaud dans sa chaussette, et c’est le mousqueton de drisse qui
s’ouvre (incroyable…)! Et plouf un spi à l’eau…
On récupère le
spi assez facilement et on arrive à le rempaqueter sur le pont du
bateau. Par contre la drisse est toujours en tête de mât, avec son
mousqueton ouvert qui nous nargue. Il y a 5 nœuds de vent, une mer
plate, une nuit très claire, nous décidons de monter chercher la
fâcheuse. L’ascension se fait bien (le mât est court…) et la drisse est
redescendue sans problème.
Ok, on renvoie ? Le vent a un peu
refusé, mais on hisse quand même le spi symétrique pour quelques
heures, afin de le faire égoutter et bien remettre la chaussette en
place. A notre grande surprise rien ne coince cette fois. Il fallait
juste un bain…
En approche - une nouvelle fois - de la Suède, sous spi asymétrique
Vers
3h on change pour le spi asymétrique, plus adapté à notre allure
presque travers. Et là c’est parti pour un long et superbe bord de 6
heures poussés par le courant, et avec quelques moments de glisse
rapide comme le vent atteint 4 Beaufort en début de matinée.
Les
météos prévoyaient de l’air jusque 11h. A 10h45 le spi pend
lamentablement et nous devons terminer au moteur. Quelle précision ces
météos de nos jours… Nous sommes à 3 milles du mouillage que nous avons
choisi, on a bien optimisé le vent de la nuit :o)
Nous
voilà de nouveau dans un archipel avec de nombreuses possibilités de
mouillages : nous cherchons un beau rocher où poser le nez de
Saltimbanque. Malheureusement, à force de toujours vouloir s’amarrer
contre les cailloux, ce qui devait arriver arrive : nous rasons un
rocher d’un peu trop près lors de notre manœuvre d’approche et frottons
la quille. Rien de grave, nous allions tout doucement… juste un peu de
peinture éraflée. Mais c’est la première fois que nous touchons avec
Saltimbanque et nous sommes un peu tristes.
Échaudées, nous
choisissons l’option facile : le coffre visiteur au milieu de la baie,
normalement réservé aux membres de l’association des plaisanciers
suédois - mais en cette saison nous ne devrions pas être dérangées…
Saltimbanque, seul au mouillage...
On suppose que ce sont des mouflons
Une
sieste réparatrice plus tard, on réalise que le paysage est absolument
magnifique, assez différent des archipels baltiques, plus haut et
beaucoup moins boisé. L’île grouille de vie. Des ongulés tout d’abord,
que nous identifierons comme des mouflons. Puis des oies, de la bruyère
en fleurs, et sur les rochers du bord de mer, ô joie, des bigorneaux
!!! Nous avons vraiment quitté la Baltique… par contraste, on réalise à
quel point c’est un écosystème très différent des mers ouvertes et
salées dont nous avons plus l’habitude.
Mouflon, oies et chouettes paysages...
Apéro- bigorneaux dans le cockpit pour ce qui sera en fait notre dernier mouillage du voyage
4 septembre : Öckerö – Långedrag (20 M)
Toujours pas de vent, c’est parfait pour visiter Göteborg ! La route se fait intégralement au moteur dans un calme plat.
Encore
une fois nous sommes impressionnées par les différences avec la mer
Baltique. Il y a des casiers partout, des pêcheurs, des phoques. Une
ligne à la traîne derrière le bateau nous assure notre déjeuner de
maquereau en quelques minutes. Puis des ailerons se rapprochent... Des
marsouins font un festival autour du bateau ! Quel bonheur !
La danse des marsouins à travers le miroir d'eau...
Granit, bruyère en fleur et port de plaisance à proximité de Göteborg
Nous
approchons de Göteborg. Les baies au sud du chenal sont occupées par un
gigantesque port de plaisance offrant sur 4 bassins plus de 550 places.
Le port le plus au nord est ouvert aux visiteurs, qui sont invités à
prendre n’importe quelle place montrant un petit panneau vert (et non
rouge). L’amarrage se fait sur duc d’albe. 190 SEK en basse saison.
Électricité incluse, et même sauna ! Il existe aussi un port visiteur
en centre-ville, beaucoup plus cher (310 SEK) il nécessite de remonter
la rivière face au courant sur 5 milles. On prendra le tramway !
Göteborg est
la seconde plus grande ville de Suède après Stockholm, connue pour son
port de commerce et son université. Peu de monuments anciens, la ville
s’est développée au 19e siècle et on a privilégié le fonctionnel sur
l’artistique. C’est surtout pour son ambiance qu’on apprécie Göteborg.
En ce matin gris d’un jour de semaine de septembre, il faut se forcer
un peu…
Le port de Göteborg, le 4 mâts-barque
"Viking", l'immeuble dit "rouge à lèvre" et au premier plan, mais oui
c'est Evert Taube, le troubadour de Stockholm!
Ambiance agréable dans le vieux quartier de Haga
Le musée de
la ville est par contre très bien fait. Lorsqu’on en ressort, le soleil
égaye les terrasses des cafés et donne à l’ensemble un aspect plus
attirant. Nos pas nous mènent vers des statues amusantes, un jardin
botanique, un bastion sur une colline de granit (c’est vallonné ici !),
un quartier vivant aux vieilles maisons typiques : premier étage en
brique par respect de la directive anti-incendie, puis étages
supérieurs en bois pour les classes ouvrières. Nous finissons par le
musée maritime (on ne se refait pas).
6 septembre : Långedrag – Lysekil (43 M)
La
météo est de pire en pire. Après des jours de calme plat, une série de
coups de vent est annoncée à partir de vendredi, nous laissant sans
fenêtre évidente pour rentrer à la maison. Il va falloir lutter
jusqu’au bout…
Dernier jour de pétole donc, mais nous devons
avancer. C’est parti au moteur dans le skjaergård familier à l’approche
de notre ancien port d’attache à Lysekil.
Le Bohuslän abrite également de nombreux oiseaux, saupoudrés sur les rochers des chenaux
La fortresse de Marstrand, un amer très remarquable du skjaergård
Une
brise d’Est nous permet de faire 1 heure de voile au sud de Marstrand,
et de pêcher notre maquereau – déjeuner. Puis on repart au moteur. Une
brise thermique de ouest-sud-ouest se lève ensuite, parfait pour notre
spi asymétrique (élue voile préférée de ce voyage) !
Ça retombe à
l’entrée du chenal de Gulholmen et Junior reprend du service. Le chenal
est toujours aussi beau, surtout dans la lumière de grain de
l’après-midi.
Lumière de grain...
Village de pêcheurs sur la route de Lysekil
Le
vent s’établit à l’Est de nouveau et nous pouvons naviguer à la voile,
passer devant Grundsund puis Lysekil, ces endroits si familiers. Le
granit est très rose, comme à Åland, mais complètement nu : pas
d’arbre, pas de buisson, à peine un peu de lichen. Sans doute
l’héritage des villages de pêcheurs, les maisons sont concentrées sur
certaines îles et non étalées dans tout l’archipel comme à Stockholm.
On redécouvre notre bon vieux Bohuslän, et on trouve ça toujours aussi
impressionnant, un peu austère aussi en ce début d’automne.
Le
vent d’Est est censé monter et nous choisissons le port du Nord de
Lysekil pour s’abriter. Très bon choix, on y trouve l’unique douche
pour plaisanciers de la ville ouverte en cette saison !
A partir de
maintenant, et ce jusqu’à avoir atteint notre port d’attache à Oslo,
notre énergie sera concentrée vers un unique but : identifier les
fenêtres météo nous permettant de rentrer à temps et en un morceau à la
maison. Plus facile à écrire qu’à faire. Qu’est-ce qu’une fenêtre météo
acceptable ? Où est la limite ? Au large il est souvent possible de
fuir, poussé par la tempête pendant des jours s’il le faut. La
difficulté consiste à gérer sa fatigue, le matériel et à savoir se
débrouiller seul en cas de problème. En navigation côtière, il y a vite
un caillou sous le vent et il est impératif d’être capable de lofer, de
passer la mer, de suivre un cap précis pour l’éviter. La moindre avarie
se traduit également par un risque non négligeable d’être rapidement
drossé à la côte.
Alors nous compulsons nerveusement les
bulletins météo, nous étudions le vent et la mer dans un état de stress
grandissant au fur et à mesure que le temps passe… La difficulté
n’est pas vraiment la navigation en elle-même, c’est l’estimation du
niveau de risque acceptable, et la prise de décision de partir...
Aujourd’hui
vendredi, le vent est d’Est, 7b au large. Le vent souffle de la terre
et donc les alentours immédiats de Lysekil sont relativement calmes et
la mer est plate. Mais quid des conditions un peu plus loin ? Nous
pourrions aller à Smögen qui est mal abrité d’Est, mais ensuite tous
les ports sont au vent. A moins de prendre le Sote canal qui coupe à
travers le granit. Oui mais il est orienté Nord-Est, le vent va-t-il
s’engouffrer et nous empêcher de progresser au moteur ? Junior est en
forme mais il ne fait que 10 CV…
Une
fenêtre de quelques heures associée à une bascule de sud est prévue
cette nuit, nous décidons de l’attendre et passons la journée à
regarder les voiliers en mer, en nous demandant avec anxiété si c’était
la bonne décision…
Consolation, la côte est absolument magnifique ici et on profite des énormes rochers roses typiques de l’endroit.
Réflexions météorologiques depuis le granit rose et nu de Lysekil
8 septembre : Lysekil – Fjällbacka (27 M)
Réveil
à 2h du matin pour un départ à 3h avec la fenêtre météo identifiée la
veille. Le vent semble très fort, mais comme il a tourné au sud nous
sommes moins protégées.
Départ au moteur, dans une nuit humide,
couverte, sans lune, en un mot : noire ! Les rochers des skjaergårds
sont parfaits pour casser la houle, mais ils ne sont pas très éclairés
et l’obscurité est beaucoup plus handicapante que d’habitude.
Le
vent souffle fort, 25 nœuds environ (force 6). Laure est à l’avant avec
une lampe à surveiller les casiers qu’il ne faudrait surtout pas
accrocher dans l’hélice et Camille à la barre. Nous avons un demi-mille
à faire dans le noir au près avant de rejoindre un chenal éclairé au
travers puis abattre. Ca souffle. Ca mouille. Et ça secoue, le clapot
est étonnamment fort. On peine à progresser, le vent est beaucoup plus
sud-ouest que sud et nous sommes complètement face au vent. Le moteur
n’étale pas, nous faisons du sur-place. Le vent de sud-ouest sera aussi
un problème par la suite car nous serons au près au lieu d’être au
travers.
Ca ne passera pas… nous décidons de faire demi-tour et
de rentrer au port. Allons dormir une heure, à 6h il fera jour, c’est
déjà ça.
Non seulement il fait jour, mais en plus il fait beau ! Ca change tout :o)
Avec
le jour, tous les passages entre les rochers sont utilisables et nous
pouvons au moins rejoindre Smögen avant l’arrivée du prochain coup de
vent : 35 nœuds (force 8) prévus à partir de midi. La navigation sous
voile d’avant seule se fait bien, dans un vent toujours très sud-ouest,
qui semble toutefois un peu plus mou que cette nuit.
L’avantage
du vent fort, surtout doublé d’un courant favorable, c’est qu’on avance
vite et il n’est pas 8h quand nous arrivons à Smögen. On appelle au
téléphone le garde-barrière du pont tournant du Sote canal pour
s’enquérir des conditions : le vent de Sud-ouest ne s’engouffre pas et
le pont sera ouvert pour nous. Cela nous convainc de continuer à
travers ce canal que nous ne connaissons pas, après tout il nous reste
4 bonnes heures avant le coup de vent non ?
Une
fois passé le haut pont de Kungshamn, le monde change. Le petit passage
entre les rochers puis le canal creusé sont extrêmement protégés, au
point où nous avançons au moteur appuyé parfois par le génois à
l’avant. Quel contraste avec la mer que nous voyons déferler au large !
On passe au ras des rochers, puis des champs, et des hyttes, et 3
suédoises en train de se laver dans la mer à une longueur du bateau,
qui nous crient « bonne journée » !
Une fois derrière le pont
tournant, nous pouvons nous abriter au port de Hunnebostrand. Mais il
n’est que 9h, encore 3h de temps maniable. Le prochain port est à 12M,
c’est jouable, surtout à l’intérieur du skjaergård où nous serons
protégées. Alors nous continuons.
Entrée dans le Sote canal
Il faudra revenir explorer cette partie du Bohuslän que nous avons parcouru en coup de vent... littéralement !
Et
encore une fois nous sommes bluffées par l’abri procuré par les
rochers. La route se fait au moteur aidé par le génois, afin de ne pas
perdre de vitesse dans les nombreux dévents des îles. Au sud les nuages
montent, les premiers grains tombent sur Lysekil.
Un peu
stressées d’arriver à temps, nous profitons assez peu des paysages
magnifiques que nous traversons, il faudra revenir ! Dernier virage, un
gros nuage noir à tribord, deux phoques à bâbord : nous entrons dans
Fjällbacka.
Ce port –très pittoresque – est extrêmement populaire en été (et hors de prix !) En septembre, c’est calme et
beaucoup plus raisonnable (250 SEK quand même). Les gens délaissent les
bouées arrières pour se mettre carrément le long du ponton. On choisit
la meilleure place, devant les douches et le plus près possible de
l’immense falaise de granit. 45 minutes après notre amarrage, le coup
de vent est sur nous dans une énorme averse de grêle. Enfin nous
supposons que ça souffle car abritée par la falaise, l’eau est un
miroir ici!
Fjällbacka hors-saison et par coup de vent de Sud-Est
Pizza avec vue sur Saltimbanque
L’escale
est partagée entre le soulagement d’avoir avancé et d’être à l’abri, et
de nouveau le stress de trouver la prochaine fenêtre de temps maniable.
On va tout de même manger une pizza entre deux averses, c’est qu’il
pleut en septembre en Scandinavie !
Un
nouveau coup de vent court mais intense et probablement orageux (tant
qu’à faire…) est prévu dans la nuit à partir de minuit. Mais le coup de
vent actuel est censé s’essouffler autour de 15h. Parfait nous avons en
théorie 9h avec force 4 à 5 entre les deux systèmes, assez pour avancer
un petit peu, par petits sauts précautionneux…
On prend un café
avec des amis d’Oslo en weekend dans leur hytte familiale, et qui eux
ont une voiture pour rentrer dans l’après–midi ! Pour nous ça sera un
peu plus long et humide…
Humide on a dit ?
Départ
à 14h30. Le vent est très sud et nous avançons au portant sous génois
seul entre les cailloux. Quelques passages un peu moins protégés nous
donnent un aperçu des 2m de houle qui sévissent dehors. Elle est bien
plus longue qu’en mer Baltique, c’est pas l’Atlantique mais c’est déjà
plus agréable !
On passe tout de même à l’intérieur des cailloux
autant que possible. Très bon choix : le vent est toujours bien établi
(autour de 20 nœuds plus les rafales) mais la mer y est plate et on
fonce ! Régulièrement un phoque curieux vient sortir sa truffe à côté
du bateau pour voir qui sont ces énergumènes qui naviguent encore en
cette saison.
Et non en fait nous aurons un grand soleil ! Laure a même ressorti son cache-nez :oD
Sortie
du skjaergård, voilà les îles Koster et leur passage à terre profond de
plus de 200m. Le courant y atteint plus de 1 nœud, ça avance bien. Le
vent était censé mollir franchement, en particulier à 20h, mais on a
l’impression qu’il forcit plutôt, et on enroule un peu de génois.
Avec
plus de 5,5 nœuds de vitesse moyenne nous arrivons en vue de Vikerhavn
de jour, sous génois seul pas mal enroulé, juste derrière un gros
catamaran qui lui aussi a décidé d’aller s’abriter derrière la digue de
pierre de ce petit port.
Nous
rentrons en trombe dans le bassin du port, poussés par le vent et les
vagues, il n’y a plus qu’à faire demi-tour et remonter le vent sur 20m
jusqu’à la digue. Oui, mais les rafales sont fortes (25-30 nds, soit
force 7). L’eau a beau être plate dans le port, Junior n’étale pas.
Moteur à fond, nous faisons du sur place. Entre 2 rafales on parvient à
progresser de quelques mètres, assez pour être un peu déventés par la
digue et finalement réussir à poser Laure avec une aussière sur le
quai. Ouf !
L’équipage du cata fraichement arrivé vient nous
aider : les fonds sont bien moins profonds que sur notre carte (1m50
d’eau au bout intérieur de la digue), il nous faut reculer vers
l’extérieur pour trouver 2m. Mais enfin ça y est nous sommes amarrées,
avec 6 aussières et un paquet de pare-battes.
On se regarde,
un peu tremblantes, on regarde les bulletins météos. 40 nœuds (force
8-9) de sud cette nuit, tournant sud-ouest en fin de nuit. Demain lundi
20-25 nœuds (5-6 b) de sud-ouest fraichissant 30 (7b) l’après-midi.
Mardi 40 nœuds d’ouest. Mercredi 40 nœuds d’ouest. Jeudi peut-être 20
nœuds de sud-ouest, et sans doute une houle assez énorme. On s’endort
en n’ayant aucune idée de quand ni comment nous allons sortir d’ici.
Nous sommes réveillées à 4h par des rafales hurlantes qui secouent le
mât, et une pluie torrentielle.
10 septembre : Vikerhavn – Naersnes (51 M)
A
peine réveillées, sitôt le nez dans le téléphone portable à regarder
les fichiers météo. Toujours 20-25 nœuds de sud-ouest prévus ce matin,
puis 30 à partir de 16h, mais seulement au sud du fjord d’Oslo. Ça peut
passer, on va voir l’état de la mer depuis la digue pour confirmer. Le
vent a tourné sud-ouest et le port est mieux abrité : nous devrions
pouvoir en sortir. Ensuite nous avons 3 milles à faire au près face à
la houle, puis il suffit d’abattre dans le fjord d’Oslo. Ça se tente,
si on ne passe pas on peut toujours revenir à Vikerhavn et sa charmante
digue de pierre (on n’a rien vu d’autre de cet endroit !)
Départ
sous 2 ris – foc. En fait ça passe, on vire sans problème et le premier
grain n’est pas trop méchant. Au bon plein au sud du fjord,
exposés à 2m de houle de travers, on se rappelle que Saltimbanque est
un super bateau et qu’il passe vraiment bien la mer dès que la houle
est un peu longue. A force de naviguer en mer fermée nous avions
oublié. Et c’est avec un bonheur non dissimulable que nous entrons dans
le fjord d’Oslo.
Saltimbanque sous 2 ris - foc, en vue des premières îles du fjord d'Oslo
Canal de Drøbak, on est contentes d'être au portant !
Au
travers, poussées par le courant nous sommes constamment à plus de 6
nœuds, parfois 7. On fonce à travers ces eaux familières : Hankø,
Moss-Horten et ses ferrys, direction le Drøbak sund. Le vent commence à
monter comme prévu, mais contrairement à ce que les bulletins
annonçaient, le vent de sud s’engouffre dans le fjord. On change de
toile : de 2 ris – foc, nous passons à un peu de génois enroulé à
l’avant. Puis encore un peu moins de génois. Puis vraiment plus
beaucoup de génois du tout, comme le vent atteint plus de 30 nœuds dans
l’étroit canal de Drøbak. La mer est toutefois plate et au portant ça
passe nickel.
Nos
cartes nous montrent un port qui semble parfaitement abrité de
sud-ouest juste derrière les îles de Drøbak, on espère que le vent se
calmera un peu pour l’arrivée. Et à notre grand soulagement les hautes
îles cassent complètement le courant d’air d’un coup, nous laissant
brutalement avec 15 nœuds de vent - qui nous paraissent par comparaison
un calme plat !
On peut enfin regarder autour de nous : c’est
joli ici ! Que c’est haut par rapport à tout ce que nous avons vu
depuis 4 mois ! Et vert foncé de sapins ! Et là derrière l’île : OSLO
!!! La colline de Tryvann et sa station de ski, notre ville à la
silhouette si familière :oD Ça nous fait quelque chose de revenir chez
nous après ces 4 mois, surtout après le stress de ces derniers jours…
Nous sommes presque arrivées, nous sommes dans les temps, nous avons
fait le tour de la mer Baltique !!!!
OSLO !!! On ne s'y voyait pas la veille au soir, et tadaaaaa nous y sommes !!!
Dernière
nuit de voyage au port de Naersnes. Aucune infrastructure pour bateaux
visiteurs, nous avons pris une place apparemment libre et personne ne
nous a rien dit !
11 septembre : Naersnes – Oslo (11 M)
Fornebu! Saltimbanque n'est plus qu'à quelques milles de l'arrivée...
Il
pleut des cordes aujourd’hui, mais une éclaircie est prévue vers 16h,
ce qui correspond à l’heure de sortie des bureaux. On vise donc ce
moment pour arriver à Lysaker Brygge, le quai situé au cœur du quartier
d’affaires de l’ouest d’Oslo - et juste sous les fenêtres du bureau de
Camille.
Départ dans un vent variable de 10 à 15 nœuds, quand il
y a plus de 40 nœuds à l’extérieur du fjord… Alors oui il pleut à verse
mais nous sommes tellement contentes d’être passées qu’on ne nous
enlèvera pas ce sourire débile sur la figure !
A
16h05 nous arrivons à Lysaker, saluées par les collègues de Camille
depuis les fenêtres de leurs bureaux. Certains viennent sur le quai
voir notre fier bateau revenu en parfait état de ce long et beau
voyage. Merci à tous pour le comité d’accueil et pour avoir rendu notre
arrivée si mémorable !
Il reste 1 mille pour rejoindre notre place de port. C’est l’affaire de 15 minutes, et nous voilà de retour à la maison.
Saltimbanque
arrivé à Lysaker et son grand pavois de pavillons de courtoisie à
l'arrière, qui ne volent pas car - ô joie - nous sommes abrités du coup
de vent force 9 qui souffle dehors :oD :oD
Une
aventure se termine et notre autre vie, celle à terre, va bientôt
recommencer. Bientôt nous ne regarderons plus la météo toutes les 3
heures, nous mangerons à heure fixe et porterons des affaires sèches
tous les jours…
(Et une fois le bateau rangé et toutes les lessives finies, promis, nous rajouterons un épilogue a ce récit !)