Coup de cœur pour l’Estonie et son
magnifique archipel de petites îles plates, sa capitale médiévale aux
rues très propres, ses habitants accueillants... et ses moustiques
assoiffés de sang !!
Plus de photos entre nature et culture dans notre page "Photos".
209 milles navigués 1292 milles navigués depuis le départ
Le
début du voyage- et nous nous y attendions – a été plutôt urbain et
culturel, mais nous commençons à étouffer tous les 3 (Saltimbanque
aussi !!) et avons besoin d’un peu de calme. Ça tombe bien la météo
nous prévoit du vent faible pour les 5 prochains jours ! On se prépare
donc à rejoindre lentement l’archipel occidental de l’Estonie.
Départ sous
un chaud soleil et un calme plat. Junior nous fait avancer gentiment
pendant que nous cousons des pavillons de courtoisie à la chaine.
Laure, surprise en plein atelier couture
Le quart de "nuit" s'annonce tranquille
En début de
soirée une toute légère brise se lève d’est, au bon plein, nous
permettant d’avancer à la voile à environ 3 nœuds sur une mer
parfaitement lisse.
Le
soleil se couche pour les 3 prochaines heures, le bateau glisse sans un
bruit, les nuages se reflètent dans l’eau… Il ne fait même pas froid,
les quarts de nuit sont passés dans le cockpit avec de la musique ou
des sagas Tolstoïennes à contempler le spectacle de la nature.
1h40, cap plein nord.
Puis le
soleil se lève pendant 3 heures également où nous devons
malheureusement faire route au moteur par faute de vent. Le ciel lui
est toujours aussi beau.
Le miroir du matin
Bienvenue en Estonie !
Le
soleil est déjà haut dans le ciel à 5h lorsque le vent attendu d’ouest
se lève enfin, suffisamment pour nous permettre d’avancer sous spi
asymétrique. Nous sommes à présent en Estonie et l’île de Kihnu grossit
sur l’horizon.
Arrivée
dans le petit port de Kihnu, accessible de jour comme de nuit,
récemment équipé de catways flambant neufs. Il y a de la place : un
bateau allemand et un autre finlandais partent rapidement, nous
laissant le seul voilier du port pour le reste de notre séjour. 20€ la
nuit pour tout bateau de moins de 13m.
L’Estonie a misé sur les
nouvelles technologies pour son développement économique. On peut donc
choisir entre 2 apps pour payer le port. Nous sommes un peu old school
et allons voir en personne la capitaine de port, qui nous enregistre
sur son ipad, n’ayant pas un seul crayon sur son bureau ! Nous recevons
le reçu par email. Autre détail, les Estoniens semblent très à cheval
sur la propreté. Une fois notre enregistrement terminé, la capitaine de
port retourne à son activité du matin : épousseter tous les pontons et
alentours du port ! En bonnes fans d’Asterix, nous les surnommons les
Helvètes du Nord !
Atelier sèche-linge au petit port de Kihnu
Dans chaque jardin, un sauna sous-terrain!
Une grosse
lessive plus tard, en route pour explorer l’île ! Elle est connue pour
avoir conservé un mode de vie traditionnel, d’ailleurs classé au
patrimoine immatériel de l’Unesco. La plupart des femmes portent une
robe en laine rouge décorées de fines bandes verticales jaunes et
oranges. En tout cas la plupart des moins de 10 femmes que nous
croiserons dans la journée. C’est calme ici :oD
Nous visitons la
ville et son petit musée, puis partons sur les chemins de sable vers
les forêts et les rivages. Les forêts tout d’abord, de pins pour la
plupart, se révèlent vite être l’habitat de quelques millions de
moustiques et autres adorables taons. Dès que la forêt devient dense,
ils fondent sur nous de manière impressionnante et nous n’avons d’autre
choix que de courir le plus vite possible vers la clairière la plus
proche.
Direction
les rivages donc, espérant trouver un peu de répit au bord de l’eau.
Nous tombons sur un petit « port de pêche » dans les roseaux, au chenal
balisé par 2 piquets de bois. Pittoresque…
Kihnu, port de pêche
L'île de Kihnu s'émiette en son Nord
Le
rivage se poursuit par une longue plage très plate peuplée d’oiseaux :
cygnes et cormorans pour les plus fréquents, mais aussi huitrier-pies,
grèbes huppées, sternes et quand même quelques goélands (ils nous
manqueraient presque !) A terre, et ce depuis Rügen en Allemagne, nous
voyons des hirondelles par dizaines, c’est vraiment le moineau local en
été !
Nous tentons de rentrer au bateau par
le bord de mer, qui devient vite plus marécageux avec quelques roseaux
quand : « Camille, cours!! Ils sont sur toi !!! » crie Laure qui a
déjà piqué un sprint vers la route la plus proche, poursuivie par un
essaim de moustiques. Finalement rentrer par la ville c’est joli aussi…
Il y a peu
d’eau dans tout l’archipel Estonien. Heureusement les passes sont très
bien balisées, et nous zigzaguons entre bouées vertes, bouées rouges et
bancs de sable pour sortir de Kihnu, encore une fois au moteur sur un
lac sans une ride.
Zut on a réveillé les cormorans...
Une des marques d'eaux saines marquant le chenal
Nous sommes
à peine sorties du passage le plus étroit et le moins profond lorsque
la brume tombe, nous laissant avec une visibilité de moins de 50m.
Cette partie du chenal longue de 7M est balisée de marques d’eaux
saines tous les milles environ. Les yeux rivés sur le compas nous
gardons scrupuleusement le cap et réussirons à tomber systématiquement
sur les bouées les unes après les autres !
La
brume se lève dans l’après-midi et nous rejoignons la petite île de
Muhu. Juste au nord du port de Kuivastu nous trouvons des fonds de
sable assez profonds pour Saltimbanque. Alors non le mouillage n’est
pas franchement abrité, mais les vents sont faibles et nous en avons un
peu marre des ports. Alors plouf la pioche tombe dans l’eau, et plouf
Laure saute dedans 5 minutes plus tard. Ça c’est une vie de
Saltimbanques !
Notre présence hors du port étonne, un bateau
des garde-côtes viendra nous voir à 1h30 du matin s’assurer que nous ne
sommes pas en détresse…
Première photo aquatique du voyage !
17 juin : Kuivastu – Sviby (27 M)
Sous spi !
Aujourd’hui
nous ne naviguons plus en mer Baltique, mais dans la mer de Väinameri !
(on vous avoue qu’on ne la connaissait pas non plus celle-là !) Pour
fêter ça, on se fait une grande journée de spi ! D’abord un grand bord
de spi symétrique comme une bonne brise de sud se lève, tout ça en
restant bien sur l’alignement dans 6m d’eau max. Puis un bord d’asy
comme on lofe vers le chenal balisé suivant. L’archipel est magnifique,
mais les cartes de détail sont absolument obligatoires pour naviguer
dans ces eaux (on vend les nôtres à notre retour d’ailleurs, avis aux
amateurs elles sont introuvables sinon :o)
Nous
arrivons à la hauteur de Rohuküla. De là partent les ferrys rapides
vers l’île de Hiiumaa à l’ouest. Enfin en été. Saltimbanque est en
train de traverser ce qui en hiver est la plus longue route sur glace
en Europe (24 km) !
Personne à gauche, personne à droite, on traverse !
Sviby
Nous
arrivons au sud de Vormsi et son petit port de poche, Sviby, que nous
avons choisi pour la nuit. Dans ce pays 2.0, chaque port a son site
internet, traduit en anglais, avec toutes les informations utiles et
souvent une bathymétrie et les cartes détaillées d’approche. N’hésitez
pas à visiter notre page Liens.
C’est
donc confiantes sur la profondeur du port que nous entrons dans Sviby.
Minuscule en effet, mais bien assez grand pour un petit Saltimbanque !
Arrière sur bouée et nez au quai, nous avions 2,1m d’eau. Le capitaine
du port, présent sur le port à chaque rotation du ferry, nous fera le
prix « moins de 8m » à 10€, merci à lui :o)
En route
pour la découverte de l’île ! Fortes de l’expérience de Kihnu, nous
sommes cette fois couvertes d’anti-moustiques « spécial tropiques ».
Mais rien n’y fait, au bout de 50m dans la forêt nous ne tenons plus,
les escadrons de taons fondent sur nous comme si de rien n’était. Même
de retour sur la route nous devons constamment les repousser à grand
coup d’insecticide. S’arrêter de bouger pour prendre une photo
est un acte héroïque. C’est vraiment frustrant car on a l’impression de
ne pas pouvoir profiter pleinement de ces jolies îles… Il va falloir
passer à des solutions plus radicales !
On se rabat vers les
quelques maisons qui constituent le bourg. Vormsi est une île peuplée
par la minorité suédoise de l’Estonie. Et en effet de nombreux détails
architecturaux et linguistiques nous rappellent la Suède. Lors des
occupations Soviétiques, puis Nazis, puis re-Soviétiques des années 40,
ils ont émigrés en masse vers la Suède où leur patois archaïque a
quelque peu surpris ! Il ne reste plus grand monde à Sviby. C’est
caaaaalme !!!!
L'arrêt de bus tout confort de Sviby
Hirondelles à Sviby
Retour au bateau, le port est charmant à souhait. Nous tentons de pêcher depuis le quai cette fois, mais toujours sans succès…
C’est la fin
de l’épisode de pétole, un gros coup de vent est prévu pour le
surlendemain, il est temps d’aller se mettre à l’abri dans la capitale.
Départ à 6h du matin pour une grande navigation au portant.
Mais
avant il faut déjà sortir du dédale du « Moon Sound », ou détroit de la
lune. Toujours remarquablement balisé mais toujours peu profond : il
est courant d’avoir 3m d’eau.
Une fois en eaux profondes, on
tourne à droite, cap plein Est, plein vent arrière. Voiles en ciseaux,
avec une retenue de bôme et navigant fausse panne sur le génois
tangonné, nous passons dans la houle d’ouest qui arrive déjà. Il faut
toutefois barrer en permanence et nous serons toutes les deux un peu
fatiguées au bout de 15 heures à ce régime.
Les
plages aux petits rochers des îles font place à de véritables falaises
: on semble enfin atteindre le bout de la plage de sable qui a commencé
à l’ouest de la Pologne. On croise soudainement de nombreux voiliers,
Finlandais pour la plupart, tous arborant un pavillon légèrement
différent : il est courant en Finlande d’ajouter dans un coin du
pavillon national un écusson à l’effigie de son yacht club.
Un petit air de cap Fréhel
Arrivée sur Tallinn
Finalement
nous arrivons à Tallinn en début de soirée. Il y a plusieurs ports de
plaisance à Tallinn : Pirita sur le site olympique des jeux de Moscou
de 1980, loin à l’est de la ville, un port en plein centre apparemment
à 40€ la nuit, et deux ports à l’ouest de la ville dont celui de Lennu
Sadam dans l’anse du musée maritime, que nous avons choisi. « Seulement
» 20€ la nuit, incluant sanitaires, électricité, personnel super sympa,
juste à côté du superbe musée maritime, et centre-ville accessible à
pied, nous sommes très contentes de notre choix.
19 – 23 juin : Tallinn (à terre)
Le
coup de vent prévu est bien là : ça souffle fort, et il pleut !! A
notre surprise le port n’est pas franchement protégé d’ouest et les
bateaux bougent beaucoup. On en profite pour une journée tranquille à
bord du bateau, avec chauffage (électrique) pour la première fois du
voyage… Quand on pense qu’on avait 31 degrés dans le bateau à
Sviby !
Pas exactement abrité d'ouest ce port...
Ambiance d'un quartier "en court de gentrification"
Le
soir amène des éclaircies et nous allons faire un tour dans les rues
les plus proches. Notamment le quartier hipster de Telliskivi.
L’Estonie étant une terre de start-ups numériques, elle a vu tout
naturellement se développer une population de jeunes branchés connectés
qui investissent et réaménagent les anciens quartiers industriels. On
déguste une bière de micro-brasserie locale dans une ancienne cour
d’usine aux murs couverts de fresques tagguées.
Le
lendemain le soleil brille, en route pour la visite du centre
historique. Oh, nous avions bien remarqué les 3 immenses paquebots de
croisière en sortant du bateau ce matin, mais nous n’avions pas réalisé
que des centaines de groupes de touristes allaient en sortir pour eux
aussi prendre leurs plus beaux clichés de Tallinn. Avec philosophie,
nous considérons cet exercice de navigation dans la foule comme un
entraînement à Saint-Petersbourg.
Malgré tout nous profitons
du vieux centre médiéval très bien préservé et agréable sous le soleil.
Les fortifications en particulier sont uniques. La ville était au 13e
siècle divisée en deux parties: la ville haute fortifiée, la résidence
des élites nobles et des « barons baltes » de souche germanique, et la
ville basse, elle aussi fortifiée, où vivaient les riches marchands.
Seules deux petites portes permettaient de passer d’une ville à
l’autre. La visite de l’ancienne mairie - datant de 1404 quand même -
nous renseigne sur la vie de cette cité de la ligue Hanséatique (oui,
une de plus).
Ville haute (à droite) et ville basse vues depuis le clocher de l'église St-Olav
Les impressionnantes chaudières du brise-glace à vapeur "Suur Toll"
Pas
de fenêtre météo extraordinaire pour poursuive notre route, alors nous
nous attardons un peu à Tallinn, ville que nous aimons toutes les deux.
Visite du musée de la ville et du magnifique musée maritime de Lennu
Sadam, immense hangar de béton étonnant par son impression d’espace et
de légèreté (en plus c’est pratique, c’est au pied du bateau). Très bon
dîner en ville pour fêter ça, mais le retour se fait dans un grain
orageux d’une intensité rare… Il pleut à torrent pendant près d’une
heure, nous avons de l’eau jusqu’aux chevilles sur les trottoirs, les
enfants jouent à nager dans les rues… La météo en Baltique nous
surprendra toujours…
Vendredi,
deuxième coup de vent force 9 en trois jours, mais cette fois le vent
est plus sud que ouest et nous serons beaucoup moins secouées au
ponton. On se réfugie au musée d’art et finissons de préparer la
navigation pour la prochaine étape : cap à l’est vers le fin fond du
Golfe de Finlande !
la mamou - 04/07/2018 22:57:19 hâte de pouvoir regarder l'album photo avec ce fabuleux "couchlever" de soleil !!! Mum - 04/07/2018 15:31:48 Extraordinaires alternances de chaud et froid,de pétole et de coups de vent,. Photos d'une beauté fascinante !!ekqc3 SuDad - 04/07/2018 11:25:57 Ouaahh, quelle ballade. On s'en taperait presque sur la nuque par réflexe pour écraser un gros moustique. Vos lecteurs vont devenir paranos aussi avec ces descriptions d'un monde tellement naturel que les insectes dominent encore. Nous suivons votre récit pas à pas, en faisant de salutaires progrès en géographie. A peine si Tallinn évoquait vaguement quelque chose. Alors qu'on y est beaucoup plus 2.0 qu'ici. Les photos sont splendides (fruit d'une sélection, bien sûr, mais rien ne vous échappe). L'envol des cormorans, par exemple, ça me rend vert d'envie. Depuis le temps que j'essaie d'obtenir un cliché comme celui-là. Et l'univers métallique du brise-glace ! Tout semble se réaliser pour vous avec aisance...
Eh oui, si nous sommes si fiers de nos filles, nous avons de bonnes raisons.
la mamou - 30/06/2018 15:28:41 extraordinaire "nuit" et miroir d'eau !!! que de rêves encore .....