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Plus de 300 milles pour rejoindre la
capitale Lettone, l’équivalent du Golfe de Gascogne. Notre plus longue
navigation en semi-côtier, avec du trafic, des côtes sous le vent et de
nombreuses manœuvres. On a bien mérité de faire quelques jours de pause
dans la plus grande ville au style art-nouveau d’Europe.
Un savant mélange de photos de mer, de petit village et de capitale dans notre page "Photos".
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376 milles navigués 1083 milles navigués depuis le départ
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6 – 9 Juin 2018: Hel – Mersrags (334M) |
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Nous
commençons à avoir des fourmis dans la quille. Le vent, fermement ancré
au Nord-Est depuis trois semaines, semble enfin faire place à un peu de
sud-ouest. La fenêtre n’est pas idéale : une grande zone de pétole à
traverser pour aller chercher le Graal : du vent portant ! Puis du vent
parfait pendant 24h, et ensuite 12h de vent fort prévu, avant d’avoir
de nouveau du vent de face… mais bon, ça devrait passer, alors on y va
! |
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Jour 1 (109 M).
Comme prévu le vent est quasi inexistant, et on fait 8h30 de moteur
pour commencer. De temps en temps on déroule un peu le génois quand un
petit souffle permet de gonfler les voiles et appuyer le moteur. On
s’entraîne à pêcher les déchets plastiques qui flottent à notre portée.
L’épuisette est à poste sur le pont, et à défaut de poissons … (la mer
Baltique n’est pas très propice à la pêche à la traîne, la plupart des
espèces vivent plus en profondeur).
Le déchet suivant vers
lequel on fonce est un peu gros pour notre épuisette, c’est un animal
de ferme mort qui flotte… un cochon ou un mouton sans doute…
assez gros et un peu répugnant.
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On croise de drôles d’OFNI par ici... |
Et un sous-marin aussi |
Le vent se
lève enfin en soirée et nous continuons notre route plein nord le long
des eaux russes – en prenant garde de rester du bon côté de la
frontière ! Nous ne sommes pas seules : cargos, plateforme pétrolière,
ferrys, et même un navire de guerre américain qui réprimande un pêcheur
sur la VHF. |
Le
vent monte même bien plus prévu, levant très vite une mer hachée et mal
rangée, assez pénible. La nuit noire elle, n’est plus qu’un souvenir.
Les belles étoiles se montrent deux heures à peine, avant que la clarté
du jour ne revienne – ce qui est bien pratique pour manœuvrer !
Jour 2 (106 M).
La nuit a été beaucoup plus ventée et agitée que nos prévisions météo
prises à Hel au départ. Si le vent prévu déjà fort ce soir entre
Gotland et la côte Lettone forcit dans la même proportion, cela risque
de devenir quelque peu scabreux...
Nous avons encore du mal à
appréhender la météo en mer Baltique. Alors que nous sommes en
conditions anticycloniques, les isobares se resserrent fréquemment sans
raison évidente, créant parfois de courtes périodes de vent violent.
Les météos (suédoise, danoise et passageweather) sont en général
fiables à 48h. Au-delà, c’est moins certains. Les Danois,
précautionneux, n’offrent d’ailleurs de 48h de prévisions sur leur
site. |
On passe la frontière lettone |
Hors
de portée des côtes, nous tentons d’obtenir un bulletin météo mis à
jour en appelant les cargos qui passent par VHF – mais sans succès.
Dans le doute, on décide de temporiser notre remontée afin de passer
bien derrière le vent fort que nous attendons.
S’ensuit une
journée plus lente, mais très agréable, au portant sous le soleil. On
réalise qu’on n’avait plus fait de tel long bord de portant depuis le
retour des Açores, le vent nous ayant été assez contraire ces 5
dernières années en Europe… On retrouve un rythme de croisière plus
calme, qui permet aussi de lire et se reposer. Laure entame d’ailleurs
la saga « Guerre et Paix » en audiobook en préparation de notre
destination russe. |
Jour 3 (97 M).
Finalement le vent fort était en avance sur nos prévisions et nous
avons une nuit tranquille. Malheureusement la bascule de Nord-Est elle
aussi est en avance, et nous re-voilà au près à tirer des bords au
large du complexe industriel de Ventspils. La houle met quelques heures
à suivre le changement de direction du vent et on profite des vagues
portantes alors que nous sommes déjà au près :o) La côte Lettonne
que l’on découvre semble basse et sableuse, surmontée d’une dense forêt
de pins.
Quelques changements génois / foc plus tard, nous
entrons (face au courant comme toujours …) dans le détroit d’Irbe qui
mène à la baie de Rīga. |
De retour au près…
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Nous avons
bien navigué vers le Nord et sommes à présent par presque 58°N, le
soleil n’en finit pas de se coucher… puis de se lever ! Toute la « nuit
» le ciel sera orange, une lumière fantastique pour accompagner notre
lente progression dans un vent mollissant inexorablement… |
Le soleil se couche ... presque ... puis se relève |
Jour 4 (22M).
Nous sommes à présent dans l’immense baie de Rīga, toujours le long de
la côte de forêt. A part les cargos et ferrys qui nous croisent nous
n’avons pas vu une ville, un village ou un pêcheur depuis Ventspils la
veille. Le vent finit sa lente agonie et nous laisse sur un véritable
lac… d’autant plus que l’eau devient cette fois complètement douce !
Elle prend l’odeur et la couleur marron peu ragoutante des eaux
intérieures Hollandaises. Et pourtant nous n’avons passé aucune écluse,
Saltimbanque a poussé de son étrave des eaux continues depuis la mer
des Caraïbes… |
Au moteur
depuis quelques heures, nous décidons de faire escale pour la nuit. Du
vent est prévu demain. Le guide Imray indique un petit port offrant «
toutes les commodités », Mersrags. Parfait, les 2 éoliennes sont en
effet un indice d’une présence humaine dans cette forêt sans fin.
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Entrée de Mesrags, juste à droite des éoliennes |
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La marina de Mersrags, pontons visiteurs
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Le
chenal est bien balisé, nous atteignons sans encombre les digues. A
droite une bouée rouillée, puis un mât de charge dans le même état au
bout du mole tribord. A bâbord un petit bateau de pêche se demande s’il
flotte encore. Sur les quais des immenses tas de sciure et des troncs
d’arbre à perte de vue. Pas un bruit (à part Junior qui n’est pas très
discret), une forte odeur de bois.
On atteint 3 pontons
branlants ou quelques voiliers locaux sont déjà amarrés. 2 à 2,5m de
fond, prise électrique à terre, eau à terre encore plus loin, wifi à la
borne publique sur l’antenne de l’autre côté de la rivière. Ce petit
paradis de bois branlant coûte tout de même la somme rondelette de 25€
la nuit ! (mais 100€ seulement pour un mois). Il faut nous habituer :
les marinas en Lettonie et en Estonie sont hors de prix (jamais moins
de 20€, même pour un mignon 28 pieds). Le reste de la vie par contre
n’est pas cher du tout
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Deux
hommes travaillent sur leur bateau au sec et l’un d'eux dans un anglais
plus que correct nous souhaite la bienvenue, nous indique la toilette
et la douche et – à plusieurs reprises – la boutique en ville ouverte
jusqu’à 22h. L’autre insiste et indique la ville, il connaît un mot
d’anglais : « market, market ! ».
Ok allons en ville ! De toute
façon l’accès à la plage est impossible, interdit d’entrer dans la zone
portuaire. Un petit pont et sa magnifique rampe d’accès sponsorisée par
l’Union Européenne nous amène à la route principale bordée de sable. Le
restaurant est en ruine, les maisons sont en bois – toit de tôle, ou en
parpaings apparents, à part quelques immeubles carrés en béton. Les
jardins toutefois sont tous admirablement entretenus. A part ça il n’y
a rien. On oublie nos ambitions de bière dans un pub local et finissons
à la boutique – et unique attraction – de la ville pour quelques
emplettes superflues.
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La grande rue, avec herbe sèche et maisons en parpaings
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La foule se presse à notre moustiquaire... | Retour
au bateau. La capitaine de port nous offre une brochure vantant les
attractions touristiques locales. Le port bien sûr, mais aussi l’ère de
jeu pour enfants, et la magnifique ancre marine exposée sur un caillou
(comme sur n’importe quel rond-point en Bretagne). Tous ces petits
ports lettons avaient été développés un peu artificiellement par l’URSS
mais depuis 1991 et l’autonomie retrouvée du pays, l’activité
économique est proche de zéro, et la plaisance à la voile est vue comme
une solution, ou du moins un espoir, de retrouver un peu de revenu pour
ces communautés.
Il reste peu d’habitants à Mersrags, on a sans doute vu plus de moustiques que d’humains ! |
10 juin : Mersrags – Rīga (42 M)
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Un peu de
vent est prévu tôt le matin, réveil à 6h locale donc (5h en Europe de
l’ouest), et en route pour Rīga. La mer est très plate dans la baie de
Rīga et les 3-4 b qui soufflent au bon plein nous amènent vite à 6
nœuds sur la route directe, un vrai bonheur. Saltimbanque est tellement
bien équilibré dans ces conditions qu’il avance sans même qu’on touche
la barre… |
Sans les mains !
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En approche - lente - du chenal de Riga |
Le vent
tombe comme prévu vers 13h, mais nous avons bien avancé et il ne nous
reste presque plus que la rivière de Rīga à remonter au moteur. Là
encore nous naviguons pendant 8M à travers un immense port commercial,
moderne et en activité cette fois avant d’arriver au cœur de la
capitale.
Deux possibilités de marina : la
marina Andrejosta sur la rive droite côté centre-ville, et une toute
nouvelle marina (presque vide) sur la rive gauche que nous choisissons
en raison de son coût légèrement inférieur. 3,5m de fond à l’entrée (ne
pas raser le phare bâbord, les nénuphars vous donnent un indice :o),
prix 0,75 € /pied (soit 21€ pour nous). Service minimum : toilettes et
douches mixtes dans un bloc sur le ponton, peu entretenus. Personnel en
général absent qui se partage entre les deux marinas. Eau et
électricité mais ni wifi ni laverie.
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Sitôt
amarrées sitôt en vadrouille, à la découverte de la vieille ville de
Rīga, ses anciennes demeures, ses petites places aux airs méridionaux
sous le chaud soleil, et ses restaurants où nous célébrons notre
traversée avec bières locales et plats bien costaux à base de viande,
patates, choux et blé. |
L'été Letton :o) |
11 – 13 juin : visite de Rīga (à terre) |
Un petit peu
de maintenance s’impose après une longue navigation, mais Saltimbanque
va très bien. Le GPS seulement nous étonne : il est remonté dans le
temps depuis cette nuit et indique le 25 octobre 1998 ! Position et
heure sont correctes, mais pas la date. Cela correspond sans doute à sa
date de mise en circulation. Il avait la capacité de mémoire pour un
nombre fini de semaines (on suppose 1024), et il en a fait le tour,
recommençant maintenant à compter depuis le début. Pas grave, car tout
le reste fonctionne. Ça nous rajeunit !
Un rapide ménage, un
tour dans le mât pour vérifier, check basique du moteur qui se porte à
merveille, un peu de silicone sur quelques micro fuites, réalisation de
patins pour la drosse du régulateur d’allures, et nous voilà prêtes à
repartir. Seule la peinture de pont qui a mal vécu les -18°C de l’hiver
dernier s’écaille de partout et nous fait peine à voir… Cet hiver on
repeint tout ça !! |
Les cartes Estonniennes, mises à jour manuellement sur commande... Une rareté ! |
Nous
sommes par contre toujours à la recherche des cartes estoniennes, à
présent indispensables à la poursuite de notre route vers le Nord. Nous
partons vers la marina Andrejosta dans l’espoir de trouver un
accastilleur, mais peine perdue le quai est aussi désert que de notre
côté de la rivière. La route devient piste de sable le long de rails
désaffectés sous une chaleur lourde. Le loueur de kayaks sur le port
nous souhaite bon courage : « une boutique pour voiliers – quelle drôle
d’idée. Les voiliers c’est pas commun ici ».
Au final nous
passerons par un ship-chandler pour navires commerciaux, Unimars, qui
nous commande la carte en Estonie et la fait livrer par UPS. Nous irons
la chercher en bus 2 jours après. Quelle aventure pour une carte ! Et
quelle différence entre cette capitale avec deux voiliers locaux à
peine, et la Pologne balnéaire ! |
Autre
expédition, le supermarché pour remplir les cales. Plus de Pierogis,
mais leurs petits frères les Pelmeni, sont aussi tentants. Egalement
une foultitude de petits feuilletés, gâteaux, biscuits, de toute taille
et toute forme, salés et sucrés, dont les Lettons semblent friands. Ils
semblent également friands de shopping : il y a des boutiques
absolument partout, une débauche de consommation un peu en décalage
avec la navigation à voile. | Une constante depuis la Pologne, les poissons fumés |
Entre
temps nous visitons Rīga. Fondée en 1201 elle devient vite elle aussi
un membre de la fameuse ligue Hanséatique. Puis en 1710 le pays passe
dans l’empire Russe. Cette époque voit la création de la vieille ville
actuelle, miraculeusement épargnée par la seconde guerre mondiale et
qui montre de nos jours de superbes bâtiments. |
La vieille ville de Riga, place Liva Laukums
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Au début du
20è siècle, Rīga est la 3e plus grosse ville de l’empire tsariste et la
démolition de ses anciens remparts permet la construction de nouveaux
bâtiments. Les architectes s’en donnent à cœur joie, faisant des rues
de Rīga un véritable musée de l’Art Nouveau. |
Florilège d'Art-Nouveau à Riga
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Dans un autre style tout aussi "nouveau" | Avec toucans antipathiques |
A la fin de
la première guerre mondiale, la Lettonie redevient indépendante. Mais
le fameux pacte Germano – Soviétique la donne à l’URSS dès 1940. S’en
suit une année de terrible répression de la population par le
gouvernement communiste, comme nous l’apprenons en visitant le musée du
KGB dans ses locaux originaux.
Les années d’après-guerre ne
furent guère plus tranquilles. Une exposition de photographies sur «
notre campagne » au musée d’art letton montre une petite fille en
blouse à côté de sa grand-mère dans une pièce simple de terre battue,
photo qui pourrait avoir été prise dans les années 50 dans une campagne
française. En regardant la date, on réalise que la petite fille doit
avoir deux ans de plus que nous, la photo a été prise en 1987. Et
pourtant, Rīga aujourd’hui se pare de gratte-ciels de verre et
acier… |
Nature et modernité... |
Retour au port, un joli
Allures 45 arrive, que nous avions déjà aperçu à Kolberg. C’est un
sympathique couple d’anglais qui ont pris une retraite anticipée et
vivent sur leur « L’escale ». Premier bateau de grand voyage croisé, et
il est anglais ! Damned !
Nous réalisons que nous aspirons à un
peu moins de culture urbaine et un peu plus de nature. Après tout on
voyage à la voile ! Alors il est temps d’ouvrir nos magnifiques cartes
récemment acquises et d’aller voir à quoi ressemblent ces petites îles
estoniennes…
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