Premiers bords baltiques en Allemagne
et Pologne de l'ouest, région qui porte le nom de Poméranie
occidentale. Où le vent se leva pile dans la direction où nous voulons
aller.
Pour l'album photo, rendez-vous sur notre page "Photos".
177 milles navigués 466 milles parcourus depuis le départ
Le
week-end se termine et on a de la route à faire, il est temps de
repartir. Le vent s’est durablement installé au Nord Est, parfait pour
être bien accéléré par la pointe de Suède. Il pousse également les eaux
de la Baltique vers la mer du Nord, créant un fort courant contraire
entre les îles danoises.
Réveil à 5h, on veut passer avant que
le courant ne forcisse trop. Nous aurons quand même 1,2 nœuds dans le
nez en passant au-dessus du tunnel (qui devient pont) entre Copenhague
et Malmö. L’endroit est couru : on y croise le trois-mâts norvégien «
Sørlandet » qui remonte vers le Nord.
Quand l'histoire croise la modernité
Comme prévu le vent est
fort et de face également : nous faisons route sous deux ris / foc vers
un grand champ d’éoliennes (« Baltic 2 » pour les intimes). Pendant
qu’on réfléchit à passer au sud, au nord ou à travers (ce qui d’après
la carte est autorisé, de jour et par moins de 6 b), le vent mollit et
adonne. Nous passons largement au vent, sans tirer un bord, et en
faisant des travaux de couture !
A la tombée du jour, le vent
forcit comme prévu. On se fait bien secouer, des vagues très raides se
sont créées en un rien de temps et recouvrent le pont, inondant même la
table à cartes. On est trempées d’embruns qui, c’est étrange, ne sont
pas salés ! L’eau semble vraiment douce… Contraste avec le paysage de
mer ouverte et gros bateaux de commerce. Avantage certain : les
affaires sècheront facilement le lendemain. Ce qui vérifie notre adage
« C’est pas mouillé, c’est de l’eau douce ! ».
La côte
approche vite, il est temps de regarder l’atterrissage. Le guide des
ports offre deux options sur la côte nord- est de l’île allemande de
Rügen. Option 1, Lohme, « dans un cadre idyllique au pied d’une falaise
boisée, calme et joli port de poche ». Option 2, Sassnitz, « grand port
de pêche le caractère industriel domine ». Le choix semble évident.
Jusqu’à lire les petites lignes en dessous de Lohme : « entrée
dangereuse par vent fort ». Nous avons 3 ris, le foc, et encore bien
trop de toile… oui le vent est fort. Tant pis pour le charme, nous nous
dirigeons donc vers la sécurité, même à caractère industriel.
On
atterrit sur la marque d’eau saine à 3 M au large, pour rester à bonne
distance de la côte, en espérant que le vent et surtout la mer se
calment entre temps. Mais telle ne semble pas leur intention immédiate.
On approche du port au portant, sous foc seul. Au bout du môle
d’entrée, ça déferle. Le môle s’ensable, il faut bien lui donner du
tour. Ouf, une fois à l’abri de la houle, on peut manœuvrer en
sécurité. On remonte le port jusqu’aux pontons visiteurs. Amarrage sur
ducs d’albe, par 5 m de fond. Le tarif dépend de la taille de la place
choisie. 12€ pour moins de 12m. A payer en espèces ! Eh oui finie la
Scandinavie digitale et automatisée, nous voilà revenues à l’ère du
papier ! Et à payer à un vrai monsieur, qui ne parle qu’allemand,
forcément !
L'entrée de jour par vent faible a une allure bien plus sympatique!
22 mai: Sassnitz (à terre)
Le front de mer de Sassnitz
Il est 3h30
et nous tombons de sommeil. Lorsqu’on rouvre un œil en fin de matinée,
un grand soleil nous révèle les détails de ce « port industriel ». Une
rangée de boutiques et de restaurants se disputent les faveurs de
touristes qui se promènent sur les quais, glace à la main et regard
vers le large. Sur la falaise qui surplombe le port, des villas bien
peintes alternant avec les arbres. Certes, quelques hangars et quelques
gros chalutiers peuvent mériter le qualificatif d’industriel. Mais
franchement, c’est une plaisante surprise!
Les
spécialités locales sont le poisson et divers produits à base de «
sanddorn », ou argousier, accommodé en confitures, baumes, liqueurs…
quant aux poissons, les espèces les plus présentes à l’étalage dans ces
eaux peu salées sont une sorte de cabillaud et de la sandre.
Sassnitz
est officiellement devenue une ville au XXe siècle seulement, lors du
regroupement de deux bourgades : le village agricole du haut de la
falaise, et le village de pêcheurs en bas. Existant depuis le XVIIe
siècle, ces bourgades n’ont vraiment grandi qu’au XIX et XXe siècle
avec le développement du chemin de fer et du tourisme de bord de mer.
Cet endroit
dispose d’un atout majeur : une impressionnante falaise de craie d’un
blanc éclatant, qui forme l’extrémité nord-est de Rügen. Couverte d’une
forêt de hêtres, la zone est maintenant un parc national sous la
protection de l’UNESCO. Et donc, parfait objectif de balade ! Nous
parcourons allègrement les 8 kms du sentier qui longe la falaise,
jusqu’au point de vue le plus connu, sur le « Königsstuhl ». Un peu
déçues d’y trouver des barrières et un guichetier réclamant 9.5€ pour
entrer ne serait-ce qu’au visitor center, nous faisons demi-tour. Les
points de vue tout au long du sentier sont au moins aussi magnifiques.
Les hirondelles volent à toute vitesse le long des parois blanches,
au-dessus de l’eau transparente.
Le Königsstuhl
Point de vue depuis le chemin de rando
De retour en ville, un bon dîner Schnitzel-bière complète cette belle (et unique !) escale allemande.
Aujourd’hui
le vent est faible :o) On a été un peu secouées l’autre nuit et
on est bien contentes de se déhaler à moins de 3 nœuds à plat sous le
soleil. La vie à bord est plus simple !
Le vent est
censé monter en soirée – et nous sortons le foc. Mais dès que la petite
voile est en place, le vent retombe, nous remettons le génois et
finissons au bon plein à 6 nœuds toute toile dehors.
Encore
une fois, il fait nuit pour rentrer dans le port. L’alignement se voit
bien et l’obscurité n’est pas un problème. Mais c’est un comble, alors
que l’on n’a que quelques heures de nuit dans ces latitudes, de
toujours atterrir en plein dedans !
Cérémonie du drapeau Polonais
Les étonnants cat-ways pentus de Dziwnow, un écriteau précise qu'il est interdit de marcher dessus
Mignon
petit port caché dans les roseaux, aux catways bien larges, qui
seraient très pratiques…si on avait le droit de marcher dessus. Mais
non il faut descendre par l'avant du bateau directement sur le quai.
Le
port est suréquipé de caméras de vidéosurveillance. Il y en a même dans
les douches ! (mais seulement dirigée vers les lavabos, précise un
écriteau). Du coup, à notre arrivée à minuit et demi, le gardien sort
de son bureau pour nous accueillir et nous inscrire. On s’en sort avec
quelques mots d’allemand. Cela semble être une constante dans les ports
polonais, les gardiens parlent seulement polonais et quelques mots
d’allemand. Au final, on comprend qu’on doit payer 50 zlotys pour la
place et 6 zlotys pour les douches. En espèces ! (heureusement, pour
aller chercher des zlotys il nous fait grâce jusqu’au lendemain)
On trouve surtout des bateaux de
passage : un hollandais, deux allemands et deux norvégiens. Pas très
bavards... On a plus parlé avec les Suédois pour l’instant, un couple
de retraités sur les cailloux de Hamnholmen et un jeune couple à
Sassnitz. L’ambiance de groupe de bateaux copains que nous connaissions
en Atlantique nous manque un peu parfois.
24 mai : Dziwnów (à terre)
Première
escale polonaise. Et ça se prononce djiv-nouf d’après notre très bon
(quoique un peu daté parfois) Guide Imray sur la mer Baltique.
Camille
n’est jamais rentrée en Pologne, et Laure il y a bien longtemps et
jamais dans cette région (la Poméranie). Nous ouvrons de grands yeux et
absorbons avidement les premières impressions.
Route interdite aux voitures, motos et... voitures à pédales ??!!
Cette
bourgade charmante est clairement tournée vers le tourisme balnéaire,
la moitié des bâtiments sont des pensions et hôtels. La plupart des
maisons ont l’air très neuves d’ailleurs, et on entend des martèlements
incessants provenant d’un grand nombre de chantiers. L’afflux
touristique semble assez nouveau et en pleine croissance. De la même
manière, la plupart des ports polonais ont creusé des marinas flambant
neuves dans ces dernières années. Certaines cartes ne sont pas encore à
jour. On a souvent recours à Google Maps !
Depuis le port, on a
rapidement fait le tour de la petite ville, y compris du supermarché.
Premières courses en Pologne, on découvre les « pierogis » : des gros
raviolis fourrés tantôt à la viande tantôt au chou… c’est très bon et
pratique, en passe de devenir un de nos plats préférés en navigation.
Retour le
long de la plage, une immense bande de sable blanc qui s’étend à perte
de vue. Le sable est tellement fin! Fait amusant, les pas dans ce sable
produisent un bruit étrange de grincement. Très rigolo. L’eau n’est pas
encore très chaude et on se contente de mouiller les orteils.
Le début de la looongue plage polonaise
Un sac plein de plastiques ramassés sans même les chercher
Ici aussi on
trouve une quantité impressionnante de déchets ! Le long de la
promenade aménagée dans les dunes, le sol est couvert de plastique,
papiers, mégots… alors qu’il y a des poubelles tous les 100m ! Sur la
plage en elle-même nous ramassons de nouveau 12L, rien que sur notre
chemin, en lisière de l’eau. On s’interroge : pourquoi y-a-t ’il tant
de déchets ici, alors qu’à quelques kilomètres de l’autre côté de la
frontière, la plage de Sassnitz est très propre, avec à peine quelques
mégots à se reprocher ? Est-ce une question d’infrastructure ? De
politiques locales ? De sensibilisation ?
Finalement on rentre au port et on savoure une bière locale, en l’honneur de notre premier contact avec la Pologne balnéaire!
On le savait et on n’est pas déçues :
le vent est généralement Nord-Est en mer Baltique au printemps… On sait
aussi qu’il est généralement Sud-Ouest en fin d’été ! Le bon sens pour
faire le tour de la Baltique sur une saison c’est de partir d’Helsinki,
pas d’Oslo !!
Il est
également accéléré à la pointe Sud de la Suède et la météo prévoit du
vent très fort autour de l’île Danoise de Bornholm. Nous
choisissons donc de rester à la côte Polonaise et tirer des bords pour
progresser vers l’ouest. La côte est une dune de sable sans fin pas
très hospitalière, et la mer est parsemée de bouées de pêche balisant
non pas des casiers mais des filets (assez profonds pour qu’on ait eu
aucun problème à les raser comme des casiers bretons !) Détail amusant,
les fanions sont ici surmontés de réflecteurs radar, pour mieux les
éviter ou mieux les retrouver ? En attendant nous on ne pêche rien :o(
Balise de filet de pêche, surmontée d'un réflecteur radar
Un front orageux assorti de vents
faibles prévu le lendemain nous pousse à faire escale à Kolobrzeg (ou
Kolberg pour les paresseux !). Le soleil se couche mais nous avons
cette fois encore un peu de luminosité pour entrer dans le port.
Transition vers une prochaine arrivée au grand jour ?
26 mai : Kolobrzeg (à terre)
Kolobrzeg
est un grand port de pêche, et le bassin de plaisance se trouve au fond
du chenal, après les chalutiers et les élévateurs à grain de 1929.
Places visiteurs en grand nombre sur catway, toilettes et douches
toutes neuves et même machines à laver ! (bienvenues après 2 semaines
de navigation) 30 Zloty la nuit, à payer conservant précieusement ses
pièces de 5 zloty qui servent pour les douches, comme dans la plupart
des ports Polonais que nous avons visité.
Elévateurs à grain de 1929 et chargement de bois
Belle lumière de grain...
Une fois les
courses, lessive, entretien du bateau effectués, nous partons découvrir
ce nouvel endroit. Direction le front de mer qui est étonnement
touristique et balnéaire. On ne compte plus les magasins de glaces,
gaufres et également poissons fumés en tout genre. Egalement des faux
bateaux pirate ou viking dont les touristes locaux semblent raffoler
pour aller faire une petite sortie en mer devant le port. A part
quelques allemands on n’identifie pas de touristes étrangers.
Nos
pas nous mènent vers la jetée-promenade -très jolie vue sur la plage-
puis le vent et les orages nous en éloignent au profit du centre-ville
plus abrité.
Kolobrzeg,
connue notamment pour avoir brillamment résisté à Napoléon présente un
centre-ville anciennement fortifié très intéressant. Comme beaucoup de
villes polonaises, les destructions lors de la seconde guerre mondiale
ont été catastrophiques. Certains bâtiments sont restaurés, notamment
la cathédrale au style très particulier ou la mairie en brique du 19è
siècle.
La façade peu courante de la cathédrale, en briques bien sûr
Retour au bateau en
passant par le « marché du sel hanséatique », une foire
historique en costumes qui commémore le passé de la ville, elle aussi
membre de la fameuse ligue.
Les orages semblent se calmer, demain nous reprenons nos lents zigzags vers l’Est…
SuDad - 05/06/2018 18:38:38 Ca c'est ce qui s'appelle une économie d'échelle!: emmener tout votre fan club d'un seul coup le long de côtes que personne ne soupçonnait il y'a... quelques instants. Qui imaginait le tourisme balnéaire polonais, hein? la finesse du sable. Bon, les caméras dans les douches, c'est un peu trop créatif, sans doute.
Plus stable que le vent, votre verve, elle, ne faiblit pas. Nul besoin d'incidents pour épicer, le récit est naturellement et spontanément savoureux. Ca aiguise l'appétit. Heureusement, on n'en est encore qu'au hors-d'oeuvre!
La suite, cheffes! ici plus qu'ailleurs, l'appétit vient en mangeant. Merci pour cette gastronomie.
Mum - 05/06/2018 09:50:32 Super avec cet humour qui nous picote agréablement ! la mamou - 05/06/2018 08:20:35 voici une bien belle façon de commencer la journée !! merci les filles pour ce super article !!