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Stockholm et l'archipel
 
-- 4 au 12 août 2018  --
 
Du plus dense de la capitale au plus sauvage de l’archipel, de la vie citadine au calme d’une île déserte, c’est l’expérience intégrale de Stockholm et son archipel.

Plus de photos d’environnements très variés dans notre page "Photos".


147 milles navigués
2599 milles navigués depuis le départ


Nos escales, cliquez sur les noms pour plus de détails :
Aspöfladen (mouillage) - Vaxholm (marina) Stockholm (marina) - Saltsjöbaden (marina) - Härsö (mouillage caillou) - Utö (marina) - Lille Marskär (mouillage caillou) - Stora Rammklöv (mouillage caillou)
 
4 août : Mariehamn – Aspöfladen (51M)
Les orages s’installent de manière assez durable sur les îles d’Åland, pas les meilleures conditions pour naviguer mais il faut bien avancer… Départ donc sous un ciel de plomb, qui finira par délaver sa couleur violette dans des torrents de pluie alors que nous sortons du chenal entre les îles.

On sent qu'il va pleuvoir...

Il a plu !
Nous voilà de nouveau au large ! Nous attendions un vent modéré de Nord-Ouest, nous promettant une traversée rapide vers la Suède. A la place nous sommes ballotées par un souffle de Sud-Est, qui disparait très vite nous laissant sur un lac sans vent. On n’aura jamais fait autant de moteur que pendant ce voyage…
Deux autres gros grains viendront rincer le pont et les voiles, heureusement sans  éclairs, avant que le vent ne daigne enfin se lever comme prévu. L’entrée dans l’archipel de Stockholm en est d’autant plus agréable, à la voile entre les îles orangées dans la lumière du soir. Nous ne sommes qu’à 40M d’Åland et pourtant le paysage est très différent : les îles sont plus hautes, plus boisées et surtout plus habitées… D’énormes villas bordent le chenal, chacune équipée de son ponton privé.

Magnifique coucher de soleil maintenant que les grains se calment un peu

Les capitaines des ferrys du coin savent manoeuvrer dans les chenaux étroits !
Les énormes ferrys qui sillonnaient les eaux de Mariehamn relient Stockholm pour la plupart, ce à quoi il faut ajouter quelques paquebots de croisière, et les nombreux plaisanciers à moteur. Les chenaux sont étroits et nous suivons le règlement pour la prévention des abordages en mer : les plus gros ont toujours priorité ! 
La nuit tombe de plus en plus tôt et nous préfèrerions voir les jolies îles de jour : on tire la barre vers la baie abritée la plus proche et jetons l’ancre pour quelques heures de sommeil.

5 août : Aspöfladen – Vaxholm (23M)
Départ dès que le jour se lève pour continuer notre chemin dans l’archipel de Stockholm. Le vent est inexistant ce matin et la route se fait au moteur. On a le temps d’apprécier les jolies îles, beaucoup plus vertes que leurs cousines finlandaises, sauf ici aussi lorsqu’elles sont mortes et deviennent des perchoirs à oiseaux divers et variés : cormorans, mouettes ou aigles !
Tout comme dans les archipels finlandais, certaines îles sont dévastées et deviennent le royaume des oiseaux

Arrivée sur Vaxholm
Plus on approche de Stockholm, plus les maisons sont grosses le long du chenal, plus il y a de trafic. De gros orages sont prévus et nous décidons de nous arrêter à Vaxholm, petite ville vantée par la plupart des guides touristiques.

Certes le village est mignon, balnéaire et typique de l’archipel de Stockholm, mais nous n’avions pas anticipé la densité de population dans les environs… Des ferrys, des bateaux de touristes, des vacanciers, les îles désertes de Vaasa sont bien loin…
Le port est du coup assez rouleur avec un tel trafic, amarrage sur pendilles, 260 SEK la nuit pour notre taille. Détail intéressant, nous croisons dans ce port 3 équipages entièrement féminins, une première sur ce voyage ! Notre voisine est chef de bord du bateau des scouts marins féminins, et nous donne plein de conseils et d’information sur l’archipel de Stockholm.

Nous passons également 2 heures sur le premier gros souci technique du voyage, un winch d’écoute de génois qui ne fonctionne plus. Démontage intégral, changement d’un ressort cassé et cliquets neufs pour la forme, nous pensons être reparties de plus belle. Malheureusement quelques jours plus tard le problème réapparait : une roue dentée est usée et le cliquet ne tient plus dans son logement… Nous regardons pour trouver une pièce neuve sur la route et entre temps le winch devra tourner sur 1 seul cliquet. 8 ans seulement pour user une pièce de winch, Harken c’est plus ce que c’était…
Petite baignade pour se changer les idées, l’eau est toujours aussi chaude mais difficile de nager loin avec un tel trafic, Laure revient frustrée de son mille de natation habituel. Camille elle, revient avec une sympathique petite bestiole sur la cheville : une sangsue ! Toute petite elle se retire sans histoire mais quand même, on n’a pas de chance avec le règne animal sur ce voyage….
Laure confirme qu'il ne faut pas shunter la bouée verte !

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6 août : Vaxholm – Stockholm (10M)

Arrivée sur Stockholm, mais si derrière les paquebots, les ferrys et les grues enfin !
Départ de Vaxholm dans une brise sympathique qui nous permet de naviguer à la voile entre les îles, les voiliers et les ferrys, en route vers Stockholm ! Comme on approche de la « capitale de la Scandinavie » (enfin d’après les Suédois..), le trafic se fait infernal. Nous luttons contre un vent de plus en plus fort de face et sommes ballotés par les trains de vagues qui se reflètent sur les berges. 
L’arrivée dans le port de Wasahamn est un soulagement, même si la manœuvre de port dans 20 nœuds de vent n’est pas la plus sereine. Le port est étroit mais il ne faut pas hésiter à rentrer bien au fond. Amarrage sur catways étonnamment courts ! C’est la capitale et nous payons 350 SEK la nuit, électricité exclue.
Saltimbanque à Wasahamn, de nombreux étrangers dans ce port, surtout Allemands et Hollandais, mais également quelques anglais pour une fois ! Mais de français, point.
6-7 août : Stockholm (à terre)
La dernière fois que nous étions à Stockholm, c’était début décembre et il faisait froid ! Nous avions parcouru la ville à grandes enjambées avant de rentrer nous réfugier dans des cafés et musées. C’est amusant de revoir la même ville sous le soleil et envahie de touristes !

Bienvenue à Stockholm ! Nous dit le troubadour affublé de lunettes de soleil à l'occasion de la canicule
Nous faisons un tour dans le quartier historique, essayant comme à notre habitude de relier tous les points « à voir » et nous arrêtant pour lire les plaques et descriptions des monuments historiques. Le seul musée que nous tenons à visiter est le musée Vasa (pour les autres… eh bien nous reviendrons, nous sommes déjà si proches de chez nous !)
Le Vasa est un magnifique navire de guerre lancé en 1627 (après avoir coûté 3% du PIB de la Suède de l’époque)… et coulé à 100 mètres de là, après une glorieuse carrière de 10 minutes. Trop haut, trop étroit, pas assez de ballast … la première rafale a eu raison de sa stabilité avant même qu’il ait fait sonner ses canons. Enfoui dans la vase du port et préservé pendant 333 ans dans l’eau douce de la baie, son emplacement était oublié jusqu’à sa redécouverte et son renflouement en 1961. Une magnifique œuvre d’art qui flotte (presque). Un magnet à touristes aussi (plus de 35 millions depuis le début…). On y est à l’ouverture et on profite de toute sa splendeur en relative tranquillité. 
Le magnifique chateau arrière du Vasa, les plus de 500 sculptures et oeuvres d'art devaient impressionner l'ennemi. Les poissons ont adoré...

Stockholm-plage, plutôt sympa pour une agglomération de 1,5 à 2 millions d'habitants !
Et puis on retrouve une amie qui habite Stockholm et nous guide pour un grand tour de la ville en vélo. C’est sympa de découvrir un autre visage de cette capitale formée d’îles, le long desquelles les habitants se baignent, font du kayak etc.
Enfin, on rentabilise à fond nos vélos de location en pédalant jusqu’au supermarché pour un dernier plein de nourriture avant de retrouver l’archipel sauvage… 

8 août : Stockholm – Saltsjöbaden (12 M)

Il peut y avoir du courant dans l'étroit passage du Skurusund
Il fait toujours très chaud mais l’anticyclone s’en va inexorablement, nous laissant avec des épisodes venteux de plus en plus fréquents. Nous quittons Stockholm par le Skurusund, un petit chenal aussi peu profond que large mais qui convient parfaitement pour tout voilier calant moins de 2m50 et au tirant d’air inférieur (strictement !) à 30m.
Mais vite nous allons nous abriter au club nautique de Saltsjöbaden. Ce tout petit port qui n’offre que 5 places visiteurs sur bouée arrière est toutefois fort sympathique, gens charmants, 200 SEK tout compris : douche, électricité et même wifi dans le bateau ! 
Maisons typiques de l'archipel près de Stockholm: un petit quai, un ecalier le long du granit et une grosse bâtisse en hauteur.
La plage à proximité permet à Laure de rattraper son retard en natation. L’épisode de vent fort s’arrête dans un violent orage la nuit…

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9 août : Saltsjöbaden – Utö (32 M)
Normalement nous avons une journée entière sans coup de vent ni orage ! Nous décidons d’en profiter autant que possible, direction Härsö pour un petit mouillage scandinave. Mouillage arrière, nez accroché à des petits pitons sur le rocher, et même un ponton de bois pour débarquer, on commence à vraiment maîtriser la manœuvre à présent.

Nous grimpons sans attendre sur le sommet de l’ile réputé pour sa belle vue. Et en effet l’archipel de Stockholm se déploie sous nos yeux, magnifique. Plus de myrtilles par contre, la saison est passée, il ne reste que les plants grillés et vides… Dommage on aimait bien les tartes…

Saltimbanque à Härsö, vu depuis le haut de l'île

Nous ramassons toujours les déchets plastiques (la saison n’a pas l’air finie…), mais ces dernières semaines sur des îles peu habitées nous laissaient avec seulement 2-3 emballages par balade ; preuve empirique indéniable que la pollution humaine est fonction au moins de la densité de population. Laure décide donc de passer au niveau 2 lors de sa baignade journalière avec la collecte en apnée ! Et là le long du rocher un nouveau monde de pollution s’ouvre à elle : certains objets (pince à linge, croc à pare-batte, vêtements) sont sans doute tombés par erreur des bateaux. Est-ce le cas des innombrables bouteilles et canettes que l’on trouve aussi ?


Laure, bien protégée du soleil, vire au ras des cailloux de l'archipel de Stockholm
Une fois baladées et baignées, nous repartons vers le sud, face au vent entre les îles. Il fait beau et le nombre de voiliers est impressionnant… En fin d’après-midi nous arrivons à Utö, une île assez populaire : un gros coup de vent est prévu pour les jours à venir et nous voulons avoir des possibilités et d’abri et d’occupations !
L’abri d’abord : le port n’est pas idéalement protégé de sud-ouest mais nous comptons sur les infrastructures portuaires pour tenir Saltimbanque dans les rafales. Raté, la marina consiste en un quai de bois où amarrer l’avant du bateau, l’arrière doit tenir sur son ancre ! Nous prenons du coup une place peu profonde mais bien abritée. Au final il y aura tellement de bateaux que Saltimbanque sera très bien coincé. Le port coûte 250 SEK la nuit, sans électricité, mais avec douche et sauna !

Pour les occupations, on verra demain, mais à l’oreille il y a une boîte de nuit pas très loin… Port populaire on avait dit ?

10 août : Utö (à terre)
L’île d’Utö est connue pour sa géologie spécifique, et nous partons sur le sentier de randonnée du nord de l’île avec l’ambition de voir de jolis rochers (pour changer ;o) Premier arrêt, les anciennes mines de fer. En service dès le 12e siècle, elles sont très endommagées lors de l’occupation Russe du début du 18e siècle puis sont abandonnées au 19e. A proximité on trouve les corons locaux, logements des mineurs aux 18-19e siècles.
Les anciennes mines de fer d'Utö, à présent remplies d'eau
De retour sur la côte, le chemin serpente entre petites plages de sable blanc et formations rocheuses atypiques. Pas vraiment de granit ici, mais des coulées de lave, du grès, des rochers pliés et érodés, tout cela sur fond de mer déchainée. L’île est absolument magnifique, et assez différente de celles que nous avons vues jusqu’à présent.

La côte au Nord d'Utö, on dirait des coulées de lave

Ca souffle sur la côte au vent !
De retour au « port populaire », on est par contre un peu agressées par la foule. C’est vendredi soir et de nombreux  bateaux à moteur arrivent de toute part, mettent la musique à fond sur les pontons et ne restent pas sobres bien longtemps… On s’échappe vite vers le sauna et le restaurant pour un dîner en terrasse avec vue sur Saltimbanque… derrière le mini-golf.

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11 août : Utö – Lille Marskär (17M)
Quelques heures de molle entre 2 coups de vent orageux, nous reprenons notre route vers le sud. Toujours au près, mais avec cette fois un courant de plus d’1 nœud dans la figure. Notre progression n’est pas des plus efficaces.

Grâce aux informations de notre voisine de Vaxholm, nous avons repéré un archipel où nous serons bien abrités, juste à l’est de Nynäshamn. Nous choisissons pour aujourd’hui une petite baie au nord de Lille Marskär, abritée de tous vents de Sud à Ouest. Cette fois nous savons que le rocher est franc, mais il n’est pas équipé de pitons, nous devons nous débrouiller avec la nature sauvage : c’est l’expérience de skjærgård ultime.

La pioche arrière tombe, plouf, ça on maîtrise. Laure saute habilement sur le rocher avec une aussière avant et cherche un point d’attache approprié. 3 solutions : 1) autour d’un arbre, facile et efficace, 2) autour d’un gros rocher, pas mal non plus sauf s’il est coupant, 3) utiliser un de nos pitons-à-planter-soi-même, bien à condition de le planter dans la faille adaptée ! Nous testons les 3 solutions avec nos 3 aussières. Avec tout ça on est bien amarrées, les orages peuvent bien souffler ! En plus nous partageons la baie avec un Bavaria 38 qui nous fera un paratonnerre des plus efficaces au cas où :o)

Notre premier mouillage-caillou sans aucune infrastructure à terre

Toutes ces îles, ça protège bien du vent !
Petite balade sur l’île, très jolie et habitée par un nombre incalculable de fourmis rouges. Beaucoup de hérons aussi qui tournoient autour du bateau. L’eau est magnifique également, très claire et… infestée de méduses ??? Nous n’en avions pas vue une depuis 3 mois ! Chez nous c’est synonyme de mer froide, que dit le « thermo-sondeur » ? 15,7°C !!! La mer a perdu 7 degrés en 3 jours !!! Et elle est étonnement salée… Notre théorie est que le coup de vent a fait rentrer beaucoup d’eau salée froide de la mer du Nord. En tout cas ce sera baignade en combinaison pour Laure…

La nuit sera très calme dans notre super abri, malgré des grains et des orages, c’est la fin de l’été…

12 août : Lille Marskär – Stora Rammklöv (2M)
Grand frais d’ouest – nord-ouest aujourd’hui, 30 nœuds annoncés. Nous décidons de rester dans l’archipel : les îles sont hautes et protègent bien du vent, la technique d’amarrage ancre arrière et nez au caillou permet de s’en approcher très près, et finalement nous ne sommes pas mieux amarrés dans les ports ici !
Courte navigation dans la lumière du matin

Saltimbanque à l'abri dans son île déserte
Direction l’île voisine de Stora Rammklöv qui nous protègera mieux des vents d’ouest – nord-ouest. Nous sommes seules. On prend le temps de choisir notre place, mouiller l’ancre arrière bien loin du rocher pour avoir un bon angle de tire, attacher 2 aussières avant : une sur arbre, une sur un piton à planter, ajouter 2 aussières arrières pour limiter la rotation du bateau dans les rafales des grains, encore une sur arbre et une sur un piton à planter. Le bateau est tenu par une ancre et 4 aussières, comme une grosse araignée au milieu de sa toile, finalement pas si différent des techniques de mouillage utilisées en Patagonie. (on s’entraine pour le prochain voyage ;o)
Le vent monte et tournoie dans les grains, les arbres sont secoués, les nuages galopent, la mer déferle au loin, et Saltimbanque flotte sur un lac, pas une brise dans le cockpit. Nos seuls voisins sont 2 loutres qui traversent la baie et un aigle de mer qui tournoie dans le ciel. La mer est à 14°C et nous faisons chauffer l’eau pour nous laver pour la première fois du voyage. L’expérience ultime du mouillage baltique disions-nous ?
Au revoir, archipel de Stockholm !
Ces deux derniers jours absolument magiques dans l’archipel nous ont comblées, et c’est sans regret que nous nous apprêtons à quitter le royaume des milliers d’îles des hautes latitudes pour leur grande sœur du sud, Gotland.

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Vos messages:

Marcello !!!! - 24/08/2018 14:10:51
Quand je pense que , pendant que faites le tour de la Baltique, je n'ai même pas fini le tour du golfe du Morbihan !!!
Grosses bises iodées pour vous deux

SuDad - 15/08/2018 22:16:30
Heureusement, que vous atteignez Gotland. Ca fait bien scandinave aussi, mais au moins c’est prononçable. Parce que les autres noms, genre Saltsjöbaden, c’est à se faire des nœuds partout. Dans la langue, les neurones, partout. Obélix dirait « ils sont fous, ces suédois ! ».
Vous avez du mérite à louvoyer parmi ce semis de petites îles. Ce qui vous donne évidemment aussi beaucoup d’opportunités d’amarrage. Une nouvelle fois, nous trouvons notre ration de détails amusants. Vos commentaires sont toujours soigneusement dosés, en notations humoristiques, en relevés techniques, en précisions géographiques ou touristiques. C'est réjouissant de vous voir rencontrer constamment autant de merveilles, jusqu’au bout de l’expédition...


Mum - 15/08/2018 21:08:40
Histoire fascinante que celle du Vasa!! rencontre de la faune plus ou moins sympathique,votre action écologique sous marine tout est passionnant !!

la mamou - 14/08/2018 23:44:52
article à lire , relire , et rerelire !!!

 
 
 
 
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