Après 2 mois de découvertes en mers inconnues, cette étape nous voit revenir en
terrain familier, de retour dans cette Cornouaille anglaise témoin de nos premières
croisières avec Saltimbanque et point d’atterrissage de notre mémorable tour de
l’Atlantique.
Plus de photos définitivement estivales dans notre page
Photos
212 milles navigués
1610 milles parcourus depuis le départ
Pour la première fois depuis le départ, la dépression que nous voyions arriver
depuis l’océan Atlantique est bloquée par l’anticyclone des Açores. Signe que la
saison estivale est enfin établie, ou que nous avons fait assez de Sud (?), le fait
est que le coup de vent initialement prévu ce mercredi va finalement passer plus à
l’ouest, nous offrant une bonne fenêtre météo pour quitter l’Irlande et traverser la
mer Celtique.
Départ au petit matin à l’étale. Du moins nous le croyons. Lorsque nous sortons,
il est clair que le courant a déjà renversé et lève contre le vent d’ouest une
mer hachée très désagréable. Nous partons avec 2 ris et le génois bien enroulé
et la première heure nécessaire pour s’échapper des forts courants de la pointe
Irlandaise est rapide mais inconfortable.
Au petit jour on quittait l'Irlande...
100M à près de 6 noeuds au travers toute toile dehors sous le soleil, c'est donc
possible !
Mais dès passée la bouée de Coningbeg, la mer se range, le vent se calme un peu,
et ô joie, le ciel se dégage. Des mignons petits macareux viennent même nous
souhaiter bonne route ! Nous pouvons prendre notre rythme de longue navigation,
le bateau avance tout seul, cap plein sud, cap vers la maison. Nous sommes déjà
presque dans le grand « jardin » des navigateurs bretons : la bouée de Coningbeg
est celle que doivent aller virer les « Mini 6.50 » pour effectuer leur 1000
milles de qualification pour la fameuse Mini-Transat. Et en effet, quelques
heures plus tard, nous croisons un de ces minuscules bolides des mers, à côté
duquel Saltimbanque semble soudainement immense !
Le vent, un temps plus mou que prévu, s’établit à un bon force 4, le bateau
glisse au travers sous le soleil. Quel bonheur ! C’est un peu incrédules que
nous retirons nos cirés, ajustons nos chapeaux et lunettes de soleil. Il est
donc possible de naviguer au sec !! Certes nous avons encore 3 pulls, mais peu
importe, c’est juste magnifique…
Il ne manquait plus qu’eux pour sublimer le moment : les dauphins !!! Les
premiers arrivent dès les côtes d’Irlande hors de vue, puis nous aurons leur
visite régulièrement tout du long de la traversée. La longue houle de
l’Atlantique ondule gentiment, le bateau fonce à près de 6 nœuds, il fait bon et
sec, c’est sublime… Pour sûr les plus belles conditions depuis le départ.
Les dauphins nous font un festival pour notre retour en Mer Celtique!
C'est parti pour la nuit! Sera-t-elle aussi parfaite que la journée ?
La nuit tombe, pour de vrai, et avec elle reviennent les étoiles, si brillantes
dans ce ciel sans nuage… un « Plouf » ou deux de temps en temps témoigne de la
présence continue des dauphins, qui semblent tous venir saluer Saltimbanque pour
son retour en mer Celtique
Au petit jour, nous les voyons, et même les reconnaissons sur l’horizon : les
Scilly !!!!!!! Nous y avons déjà fait escale en 2012, également de retour
d’Irlande, et nous sommes ravies de revenir dans cet archipel magnifique… Nous y
sommes presque !
Les Scillys, c'est là! On connait :o)
Nous entrons dans l'archipel par le "old grisby sound", droit devant!
Mais le vent tombe et tourne au sud dans la matinée, comme prévu. Nous avions
bien anticipé en gagnant vers l’ouest, mais avec le flot, l’entrée dans
l’archipel des Scilly s’annonce longuette, avec beaucoup de bords à tirer contre
le courant. Nos décidons plutôt d’allumer le moteur pour parcourir 3 milles face
au vent et emprunter le passage du Old Grisby Sound, et ainsi arriver au moins 6
heures plus tôt que si nous avions fini à la voile. Nous décrétons que
l’utilisation à petite dose du moteur pour ce genre de stratégie tient aussi de
l’élégance, et toc !
Le passage entre Tresco et Bryher est magnifique…
Sur quelques mètres d’eau
turquoise, Saltimbanque se faufile et rejoint le mouillage principale de Hugh
Town sur l’île de St-Mary’s. Nous sommes de nouveau en terrain connu, … et
entourées de bateaux français ! Au moins la moitié des visiteurs ici ! Il y a
d’ailleurs beaucoup plus de monde que lors de notre dernière visite en 2012,
mais nous trouvons toutefois un coffre sans problème, sur une eau délicieusement
transparente.
Les Scillys sont connues pour leurs eaux turquoises et leurs plages de sable
blanc...
Les Scillys... on n'est jamais déçues!
La balade à terre ne nous déçoit pas, c’est toujours aussi joli ici, avec l’eau
turquoise, les plages de sable blanc, et les fleurs partout. Nous trouvons les
premiers « petits cochons » du voyage, nos coquillages porte-bonheur. Peut-être
un signe que la météo va continuer à être clémente ?
L’été retrouvé nous permet même une douche de Saltimbanque dans le cockpit, il y
a bien longtemps que cela ne nous était plus arrivé. Mais avec ce beau soleil et
cette mer à 18 degrés, on aurait tort de s’en priver !
L'eau est si claire qu'elle semble être éclairée sous le bateau !
Maintenant que nous sommes aux Scilly, nous n’avons plus de doute que nous
réussirons à rentrer dans les temps. Nous sommes également en terrain connu, il y a
moins de découvertes à faire. Nous prenons donc ces derniers milles comme des
vacances bien méritées après 2 mois de navigation en mers froides, venteuses et
humides !
Les Scilly sont un paradis pour les voiliers… à condition qu’il fasse beau. Le
soleil brille encore aujourd’hui mais le temps doit se dégrader le lendemain puis le
vent forcir de Nord-Ouest. Nous décidons donc de profiter de la dernière belle
journée au mouillage dans les îles et de rejoindre la côte anglaise avec la marée de
la nuit.
Pour rejoindre le mouillage, nous navigons littéralement sur un lagon...
Pour l’heure il fait beau et chaud, avec une
jolie brise de sud. Nous rejoignons
le mouillage de Watermill Cove, sur la côte nord-est de St-Mary’s, qui a le
double avantage d’être abrité de sud et de permettre un départ dans l’obscurité.
La navigation est courte mais magnifique, à la voile dans ces eaux translucides…
Une fois la pioche au fond, nous nous offrons une journée paresseuse au
mouillage à nager, faire la sieste au soleil, et se reposer en prévision de la
nuit à venir. Ne rien faire n’est pas notre point fort, alors il faut bien
s’entraîner de temps en temps ;o)
Laure est partie voir l'ancre à la nage... comme au bon vieux temps...
De retour sur le coffre d'attente de Penzance, comme il y a 12 ans et 17
jours...
La navigation de nuit est sans histoire, dans un
vent de sud plutôt léger. Le
courant nous aide à passer la pointe de Lands End, au Sud-Ouest de l’Angleterre,
toujours régulièrement escortées par les dauphins.
Nous arrivons dans « Mount Bay » au matin, en vue de Penzance. Tout comme lors
de notre dernière visite, en arrivant des Açores, la mer est trop basse pour
pouvoir rentrer dans le port, et nous prenons un des coffres d’attente devant la
digue. La météo est bien plus agréable qu’il y a 12 ans, et Laure profite d’une
eau à près de 19 degrés pour se baigner de nouveau ! Ça va (re)devenir une
habitude !
La pluie arrive toutefois comme prévu dans l’après-midi, alors que nous rentrons
dans le bassin à flots. Penzance est un port assez simple, où l’on s’amarre à
couple ou le long des quais en pierre. Nous aimons bien cette ambiance de port
de pêche aux équipements basiques, le prix de la place en est d’autant plus
abordable.
Saltimbanque de retour dans le bassin de Penzance
Par coïncidence, des anciens collègues anglo-norvégiens en vacances en Cornouailles
sont de sortie à Penzance le jour même ! C’est l’occasion d’un chouette apéro sur le
bateau, à parler d’un pays lointain dans le Nord, voire d’un sujet encore plus
lointain et incongru : le travail… C’est quoi déjà ??
20 juillet : Penzance (à terre)
Les jardins tropicaux de Penzance
Le temps ne s’arrange pas et il pleut à verses… Il fait vraiment chaud toutefois
et nous nous baladons en cirés et short, comme sous d’autres latitudes. Cela
nous met parfaitement dans l’ambiance pour visiter les jardins tropicaux de la
ville, rendus possible par le micro-climat local généré par le Gulf Stream.
Nous nous offrons également un dîner dans un des plus vieux pubs de la ville, «
l’admiral Benbow » pour, comme il y a 12 ans, célébrer notre voyage presque terminé
et notre retour en terrain conquis. La déco « intérieur de navire » renforce la
légende qui veut que Stevenson ait pris cet établissement pour modèle du pub de «
l’Île au Trésor »… (que Laure est justement en train de lire, en hommage à la
dynastie Stevenson des phares précédemment rencontrés… tout est connecté!)
Toutes mes félicitations très chère...
... merci, et vous n'étiez pas mal non plus !
21 juillet : Penzance – Helford river (32M)
Le vent de Sud-Ouest n’est pas encore optimal pour une traversée de la Manche,
et nous ne sommes jamais allées dans la Helford River, juste au sud de Falmouth.
C’est d’ailleurs le dernier petit bout d’Angleterre Sud où nous n’avons pas mis
la quille de Saltimbanque. Il est grand temps de réparer cet oubli !
Le début de la navigation se fait le long du « mont saint-michel » anglais, sous
spi asymétrique. Cela fait bien longtemps que nous n’avions pas ressorti nos
grandes voiles de portant ! Puis le vent forcit en prenant de l’Ouest puis du
Sud-Ouest, et nous pousse gentiment autour du Cap Lizard. Le soleil brille, nous
n’avons plus que 2 couches sur les épaules et un seul pantalon, on profite
beaucoup plus des jolies falaises autour du phare dans ces conditions ! Nous
attrapons un peu par hasard un petit courant favorable parfait plus d’une heure
avant la renverse et doublons par l’intérieur du virage tous les voiliers qui
nous avaient dépassées durant la matinée, ça fait toujours plaisir !
Le fameux cap Lizard, qui manquait à notre palmarès!
Entre les champs serpente la Helford river
A l’approche de la dernière bouée cardinale à
virer avant la rivière, les dauphins reviennent nous gratifier de sauts
impressionnants. Bienvenue de retour en Manche Saltimbanque !! Et bravo pour
avoir à présent navigué sans interruption tout du long de l’Angleterre Sud, de
Lands End à Lowestoft !
L’entrée dans la rivière est un peu longuette au moteur face au vent, au moins
nous avons un peu de courant avec nous pour aider. Il y a énormément de bateaux
ici. La plupart sont des locaux sur leur mouillage habituel, mais il y a aussi
beaucoup de visiteurs. Tous les coffres sont pris, et les bateaux se mettent
même à couple sur les coffres ! Ça a l’air d’être la coutume ici, nous nous
choisissons un joli Halberg Rassy 34 (tant qu’à faire !) et nous amarrons et sur
lui et sur le coffre. Pas la manœuvre d’approche la plus facile comme le bateau
sur lequel nous devons arriver fait de grandes embardées sur son coffre, mais
tout se passe sans dommage.
Nous pouvons alors lever les yeux pour admirer le paysage. La Helford River est
une jolie ria de Cornouaille anglaise, bordées de collines cultivées, et avec
(détail très important), au moins 3 pubs accessibles en annexe que le capitaine
du port (qui nous accueille en zodiac) ne manque de nous indiquer avec force de
détails.
La Helford River est un port très couru des Britanniques en vacances d'été. Il
y a très peu de voilier étrangers par contre.
22 juillet : Helford River (à terre)
Les belles maisons et leur murs à marée aux alentours du yacht club
Merci pour les pubs, mais nous préférons aller nous dégourdir les jambes.
Premier arrêt : le yacht club ! Nous n’y attendons pas grand-chose de plus qu’un
ponton où laisser l’annexe, c’était ne pas connaitre le raffinement des anglais
! Le Yacht-club est bien entendu ouvert à tous les bateaux de passage (à
condition de signer le livre d’or), on y trouve des sanitaires modernes et
parfaitement propres, et une salle qui fait pub le soir ressemblant beaucoup à
celle de Lerwick : vue sur la rivière et plafond décoré des fanions locaux.
Tellement British !
Nos pas nous mènent ensuite le long du sentier côtier qui longe la rivière vers
la mer. On se croirait vraiment le long des rias de Bretagne Sud ! La crique de
« Gillan Cove » est particulièrement charmante. Tout comme il y a quelques jours
aux Scilly, nous commençons à repérer les mouillages avec un bateau qui peut
échouer, qui sait ça pourrait bien nous servir dans un futur pas si lointain ;o)
Le fond de Gillan Cove, c'est qu'il y aurait presque un air de ria bretonne
dites!
Les magnifiques chaumières autour de "Frenchman's creek"
Nous continuons jusqu’à la pointe suivante, où nous verrons le dernier phoque du
voyage. Demi-tour, il est temps de rentrer. D’autant plus que le temps devient
de plus en plus vivifiant, un bon petit crachin qui mouille ! Dernière étape, le
très charmant hameau de « Frenchman’s Creek », aux toutes petites maisons
magnifiquement entretenues. Les villages ici sont très anciens, témoin d’une
activité ancestrale dans la rivière : les locaux commerçaient déjà leur étain
avec les phéniciens !
De retour au bateau sous une vraie pluie cette fois, nous profitons d’être encore
mouillées pour prendre notre douche de Saltimbanque dans le cockpit avant de se
réfugier à l’intérieur au coin du poêle ! Demain le vent de Sud-Ouest prendra du
Nord, parfait pour traverser la Manche et retourner… en Bretagne !!!
mum - 09/08/2024 16:06:52 Saltimbanque rajeunit de miles en miles ,il revient chez lui! le rafinement anglais transparait dans vos photos et descriptions Kirstie & Neil S/Y L’Escale - 06/08/2024 23:54:33 Isn’t it great to sometimes sail more familiar waters amongst the new discoveries?! And how good that there were still new places to explore amongst those you’d seen before ;-)