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-- 22 juin au 2 juillet 2012 -- |
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Après la route loxodromique, la route orthodromique, nous testons à présent la route serpentodromique ! Plus de 10 jours de zig-zag entre dépressions et cargos, sans conteste la navigation la plus difficile du voyage, et nous atterrissons finalement à Penzance. La météo nous ayant refusé l’atterrissage prévu en Irlande, nous retrouvons avec bonheur la Cornouaille, destination de notre toute première croisière avec Saltimbanque il y a 4 ans :o)
On déplore la qualité des photos, notre meilleur appareil ayant rendu l’âme le dernier jour à Praia :o(... Plus de photos sur-ex et un petit film qui bouge dans notre page "Photos" donc.
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1236 milles navigués
12 507 M parcourus depuis le départ
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22 juin 2012 (J0 : 38M) Vent SSW3-4, mer peu agitée, ciel couvert
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Rarement départ aura été aussi difficile. Voilà trois semaines que nous cabotons aux Açores, profitant avec bonheur du confort du ponton tous les soirs. Eau, électricité, internet, une maison immobile, et surtout l’esprit totalement soulagé du poids de devoir constamment veiller à sa bonne marche ou son bon ancrage. La flemme s’installe doucement. Même réaction chez nos copains qui partent pour leur toute dernière navigation, cap sur leur port d’attache respectif. Ils ont déjà la tête à terre et partent pour « rentrer à la maison ».
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Bon vent Ster-Vraz !
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Bon voyage 3 Gouttes !
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Il y a les ennuis techniques aussi qui nous tombent dessus la veille du départ. Notre bon appareil photo qui rend l’âme (encore sous garantie, ça va s’arranger au prochain Darty qu’on croise !), nous laissant avec notre appareil photo de rechange déjà bien endommagé : bloqué en mode « plage de sable blanc / neige », pas sûres qu’il rende au mieux la subtile luminosité nord-européenne... Et puis la gazinière qui se met à fuir si on positionne mal un bouton. Un des brûleurs est déclaré hors-service, la bouteille de gaz doit être fermée entre deux utilisations - et un mini-réchaud de secours est déniché à la dernière minute à Praia, au cas où... On vous passe les problèmes informatiques rencontrés lors de la mise à jour du site.
Pour couronner le tout la météo est assez compliquée. Pour avoir des vents favorables, nous devons partir juste avant l’arrivée d’une ancienne dépression tropicale, rien que ça, et naviguer sur la crête entre celle-ci et l’anticyclone centré au large du Portugal. Mais le jeudi après-midi, alors que le vent devait basculer au sud-ouest et nous permettre de partir au portant, il souffle encore d’est-sud-est (soit au travers voire plus lofé), force 6 établi, et il pleut des cordes. On décide d’attendre la bascule prévue maintenant dans la nuit et décollons finalement à 4h du matin le 22 juin.
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Voiles en ciseaux – on aime !
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Dure la vie
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Le départ de nuit se passe très bien, le port et la baie de Praia étant parfaitement éclairés. On se retrouve vite au grand-largue, puis au vent arrière dans 10 nœuds de vent, beaucoup moins que prévu. Même le ciel est moins gris qu’attendu ! La mer est plate, Saltimbanque glisse voiles en ciseaux, barré de main de maître par Bob, aidé par un courant favorable d’1/2 nœud en moyenne. Des dauphins viennent très régulièrement effectuer quelques bonds autour du bateau. Mais l’animal que Laure voit sauter à 50m sur tribord est autrement plus impressionnant : un cachalot ! Il est pratiquement sorti entièrement de l’eau ! Il ressort la tête 30 secondes plus tard et sonde définitivement.
Conditions parfaites donc, profitons-en avant que la dépression ne nous rattrape.
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23 juin 2012 (J1 : 122M) Vent SW3-4, ciel couvert, mer peu agitée
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Durant la nuit le vent est monté à 15 nœuds sous un crachin persistant... On affale la GV pour continuer notre route sous génois tangonné seul. Toile d’alizés certes, mais le jour se lève sur une visibilité n’excédant pas 100m... Toujours bien aidées par le courant, on fonce dans la purée de pois...
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Génois seul tangonné : on aime aussi :o)
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Puis le ciel se dégage, le vent mollit par moments où l’on renvoie la GV. En général on file près de 6 nœuds sur le fond dans 15 nœuds de vent max sous un grand soleil. Si ce n’étaient les nuages qui défilent à une vitesse impressionnante on pourrait oublier la fameuse dépression...
La nuit tombe sur un bateau toujours très rapide sur une mer plate, le scorpion trône au centre du planétarium d’une nuit sans lune ni nuages.
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24 juin 2012 (J2 : 130M) Vent SSW4-5, mer peu agitée à agitée, soleil !
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1h15 du matin, le ciel se couvre, le vent monte, ça y est la dépression arrive. On détangonne le génois en quelques minutes, manœuvre de routine à présent et continuons notre route sous génois seul un peu enroulé. On se croirait encore une fois pendant la transat aller (les pulls et les polaires en plus :oS) D’autant plus que le ciel se dégage et que la houle forcit au matin ! On fonce sans effort, aidé toujours par le ½ nœud supplémentaire du Gulf Stream.
La mauvaise nouvelle du jour c’est notre lecteur MP3 qui montre à son tour des signes de faiblesse, nouvelle preuve que décidément, l’électronique en milieu marin, ça marche moins longtemps. Heureusement comme pour toutes les pièces critiques on a un double ! Les audio-books, précieux compagnons de nos quarts de nuit, sont transférés sur nos vieux Ipod shuffles.
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On se console avec la pêche ! Dans l’après-midi les deux lignes se tendent simultanément : un gros thon (62cm) sur celle de tribord, un autre à peine plus petit sur celle de bâbord. On relâche le « petit » et on garde le gros, et c’est reparti pour une activité « bateau-usine » cet après-midi, la sieste attendra. Pas facile de préparer tout ça avec cette houle mais quel délicieux steak de thon pour le dîner !!
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Au moins 6 repas là-dedans !
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25 juin 2012 (J3 : 126M) Vent SSW 5, mer agitée, ciel couvert
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Encore une nuit de brume, si humide que les gouttelettes dansent devant la lampe frontale dont le faisceau détermine à grand peine l’étendue du visible. Et puis le jour se lève, une vague lueur grise d’abord. Au bout de quelques heures le soleil parvient à brûler et aspirer la brume. Le ciel bleu, le miracle du soleil ! Il fait bon naviguer ce matin, filant sous génois seul sur une mer par trop formée, on se croirait toujours sous les Alizés, c’est génial !
L’Iridium est allumé dans la joie et la bonne humeur pour le point météo de midi. Arghh !!! La dépression sur le bord de laquelle on surfait gentiment depuis le départ et qui nous aspirait dans sa course vers le nord a décidé de s’attarder un peu, de se creuser, et de souffler très fort. Dans trois jours les fichiers Grib annoncent plus de 30 nœuds sur notre route, et ils sont connus pour leur tendance à sous-estimer. Choc. On passe et repasse les cartes pour trouver la porte de sortie. Apparemment la dépression devrait dégager assez vite vers le Nord ensuite. Il faut donc rester plus au sud et plus à l’est. Changement de cap, du 45° (vers l’Irlande), on vise maintenant le 65° (vers... Concarneau !). On espère ainsi n’avoir « que » 25 nœuds de vent, toujours aux Gribs, c’est-à-dire ce qu’on a vécu en Atlantique quelques jours avant l’arrivée à Florès :oS Quelle présomption d’avoir étudié les ports d’atterrissage en Irlande le matin même ! Il nous faut toute l’après-midi pour digérer. Le détour et la perte de terrain sous le vent signifient qu’on devra sans doute abandonner l’Irlande (pour l’instant) et se rabattre sur l’Angleterre... si tout se passe bien ! L’attente est parfois pire que l’épreuve elle-même pour les nerfs.
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Bonne nuit !
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Pour se changer les idées, Laure fait une toilette frisquette (eau à 18,4° !!) avant que le soleil ne retourne se cacher. C’est décidé, Camille en restera aux lingettes-bébé ! Après la toilette, la sieste : la cabine avant reste accessible pour nos quarts de repos. Par rapport aux nuits humides sur l’étroite banquette pendant la transat retour, quel confort ! Aaaah le bonheur de se glisser sous la couette, bien au chaud, bien calée contre la coque et les oreillers, pour quelques heures de sommeil bercées par l’écoulement de l’eau sur l’étrave...Puis un cachalot passe à 50m derrière le bateau, son dos arqué défilant lentement vers les profondeurs. Laure a bondi clé en main prête à allumer le moteur pour alerter l’animal s’il s’approchait plus, mais le souffle puissant ne se fait plus entendre. L’eau est d’une étrange couleur vert-kaki, pourtant la carte annonce 6000m de fond, suffisant pour le bleu-abysses dont nous avons l’habitude. Peut-être est-ce dû à du plancton spécial emmené par le Gulf Stream ?
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26 juin 2012 (J4 : 120M) Vent SSW4-5 rafales, mer agitée, ciel couvert
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Nuit mitigée comme d’habitude, belle au début, couverte à la fin. Camille commence à accuser la fatigue d’un an de navigation et somnole pendant son quart quand « splash, flic floc flic floc ». « Ah, un poisson volant qui vient d’atterrir sur le pont... » pense-t-elle machinalement avant de réaliser la température ambiante. Non pas possible – mais quel est ce bruit alors ? Dehors ça sent le poisson volant à plein nez ! Et là, dans les haubans bâbord, une orphie de 15cm se débat. Elle est remise à l’eau, non sans laisser pas mal d’écailles sur le pont et une odeur qui rappelle les navigations tropicales...
Aujourd’hui le soleil ne s’est pas levé. Il est resté caché derrière le couvercle de nuages gris compact et uniforme. Parfois une barre plus foncée annonce des rafales. Rarement des gouttes. Ce matin le spectacle est assuré par l’apparition de voiles à l’horizon. « Sail ho ! » dit Camille à la fin de son quart et de son chapitre de « Hornblower ». Pas une, mais quinze voiles exactement, majestueusement gréées sur les trois mâts d’un beau navire blanc. Peut être est-il en route vers le grand rassemblement de Brest ? Le « trois-mâts-barque » grossit lentement sur tribord arrière, puis passe derrière, abattant sur un cap à peine plus nord. Tout cela prend des heures car petit Saltimbanque, filant à 5 nds au largue, est loin d’être ridicule dans le vent léger !
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C’est un fameux trois-mâts...
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Le point météo de midi confirme globalement la stratégie mais montre des vents encore plus forts, plus sud. C’est du 80° qu’il nous faut faire maintenant (soit vers... la Gironde !). Dans l’après-midi le vent refuse jusqu’au petit largue (entre le près et le travers). C’est l’allure favorite du bateau qui vole à 6 nds sur une mer relativement plate mais confuse, la houle ne sachant plus dans quelle direction rouler avec tous ces changements de vent !
Nous sommes déjà pas mal fatiguées à cause du froid, de la tension et des manœuvres permanentes dans ce vent changeant. Il faut se reposer en vue de la bataille à venir. Le temps s’étale, les heures se distendent sous le ciel gris. Quelques jours en mer seulement, une éternité. On ose à peine rêver à l’arrivée, irréelle, hypothétique... et on ne sait toujours pas où avec tous nos détours !
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27 juin 2012 (J5 : 120M) Vent S4, mer peu agitée, ciel couvert
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Dans la nuit le vent mollit beaucoup comme on se rapproche de l’anticyclone au large du Portugal. Oui oui il y a encore un anticyclone, un peu faiblard à notre goût : c’était à lui de repousser la dépression !! Elle est toujours là au point de midi. Les prévisions sont constantes et identiques selon les sources, c’est rassurant.
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Petit évènement cette nuit : nous recevons les bulletins météo large sur notre radio ! RFI se serait-elle remise à émettre ? Eh non, nous captons les grandes ondes venues d’Europe. BBC, France Inter, ces petites voix familières (aaah, Marie-Pierre Planchon...) nous confirment que nous nous approchons de la maison malgré notre trajectoire rocambolesque. Ce contact, même indirect, avec la terre nous fait chaud au cœur. Et que dire des messages Iridium de nos parents qui nous voient nous rapprocher chaque jour sur Google Earth ? La navigation océanique est une belle aventure, mais nous retrouverons nos proches avec plaisir...
En attendant nous préparons le bateau pour le coup de vent, toujours cap vers Bordeaux. On sort l’ancre flottante (pour stabiliser le bateau dans les très grosses vagues) de la baille à mouillage en espérant qu’elle ne serve pas. On grée le petit foc sur l’étai volant prêt à être envoyé en cas de défaillance du génois. On range le coffre à voiles : spi en dessous, tourmentin au-dessus. Le pont est débarrassé de tout bout ou poulie inutile. Le soleil montre son nez en fin d’après-midi, parfait pour écouter la radio au chaud dans le cockpit !
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Saltimbanque en route vers l’Est et la maison
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28 juin 2012 (J6 : 124M) Vent SSW4-5 puis 6-7, mer agitée à forte, ciel dégagé
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La nuit claire voit le vent monter progressivement... et la surface de toile réduire en proportion inverse. Notre cap toujours plein est nous fait nous rapprocher de l’entrée du Golfe de Gascogne et à 2h du matin nous sommes sur la carte de détail qui couvre la zone de Brest au cap Finisterre. Sur cette même carte, quelque 300M plus à l’est, notre route de juillet dernier : Belon-la Corogne. La preuve en images que nous nous rapprochons de la maison et que la boucle Atlantique n’est pas loin de boucler...
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« Vent 7b avec rafales, mer très forte avec houle croisée » nous avait promis France Inter...
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Les prévisions voient le vent monter jusqu’à 12h, puis se stabiliser avant de diminuer pendant la nuit. La houle suit le même schéma, avec quelques heures de retard. Et effectivement, le vent monte... nous n’avons gardé qu’un petit bout de génois à l’avant, quelques m2 à peine qu’il est facile d’enrouler et de dérouler en fonction des rafales jusqu’au point d’équilibre où nous avons assez de puissance pour passer les vagues et pas trop pour ne pas remonter au vent sur ces dernières. Le fidèle Bob maintient admirablement le cap pourtant très abattu, presque vent arrière. Tout droit, on dévale les vagues de 3 ou 4 m de moyenne (selon les prévisions, il est difficile de mesurer en réalité) avec à peine quelques embardées. L’expression « mauvais temps » évoque tout de suite un ciel noir, une grosse mer qui roule sous une pluie battante... point ! Le ciel bleu vif est parcouru à toute vitesse par de gentils cumulus blancs (et parfois des moins gentils, plus gris...). Le vent a amené des escadrons de puffins qui filent au raz des vagues, ravis de démontrer leurs talents d’acrobates. Il y a une beauté indéniable dans cette mer hachée étincelante de griffes blanches, dans ce relief déchiqueté et mouvant qui défile implacablement... (et dont on espère à chaque crête qu’elle ne nous avalera pas).
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Un bip du Mer-Veille, un radar... dans la houle il faut plusieurs minutes pour voir le porte-containers – qui fonce sur nous ! Appel VHF : « Gros bateau, pour petit bateau juste devant... ». Oui, oui, il nous a vu ; et oui, il nous évite... Bon... on guette, on attend, il arrive vite... on prend la barre à la main, toujours pas de changement de trajectoire... à une centaine de mètres il rappelle : « je me déroute », mais nous avons déjà empanné pour s’écarter –jamais mieux servies que par soi-même ! Et on passe, assez près pour admirer la coque noire luisante qui s’écrase dans des gerbes d’écume.
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On n’a pas la même notion de « trop près » que le cargo apparemment...
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Mmmm le bon dîner chimique
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En fin de journée le vent ne mollit pas vraiment, au contraire. Avec notre petit anémo de poche on mesure jusqu’à 30nds établis, rafales à bien plus (+ quelques nds pour obtenir le vent en tête de mât = trop !). Avant la nuit on tend l’étai volant pour soutenir le mât au cas où notre étai, un peu mou et fatigué de battre dans les vagues, viendrait à lâcher. On atteint également des sommets de raffinement culinaire pour le diner en étrennant nos plats lyophilisés : ouvrir le sachet, verser l’eau bouillante dedans, attendre un peu, et manger - directement dans le sachet :o)
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29 juin 2012 (J7 : 112M) Vent SSW6-7 puis 5, mer forte puis agitée, ciel dégagé
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A 6h le vent a enfin molli, on empanne pour reprendre une route vers le nord. Le coup de vent est passé. Il aura duré 24 longues heures – 118 milles avec 3 m2 de toile.
On peut enfin dérouler plus de génois et souffler un peu. Mais quelques minutes plus tard... Il a une drôle de tête ce mouton à bâbord... il faut réviser ta zoologie, Camille, ce n’est pas un mouton, mais un cachalot !! Du moins son souffle. Il n’est pas loin sur notre gauche, et stupeur, il a des petits copains sur notre droite aussi : nous sommes au milieu d’un groupe. Pas cool, il ne faudrait pas qu’ils aient peur et nous chargent. Nestor démarre au quart de tour malgré les 24 dernières heures façon machine à laver et les cétacés ainsi avertis de notre présence passent leur chemin tranquillement.
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30 juin 2012 (J8 : 120M) Vent WNW4-6, mer agitée, ciel dégagé
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La météo, toujours elle, nous promettait une journée de vent 4b de travers, des conditions parfaites pour Saltimbanque qui devrait foncer sans fatiguer son équipage. Et en effet en début de nuit, le vent refuse et on renvoie la GV.
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Le vent monte au fur et à mesure : on prend le 1er ris, puis le 2ème, puis le 3ème, puis le foc remplace le génois enroulé au changement de quart de minuit. Au changement de quart suivant à 3h, on est d’accord sur le fait que le bateau est encore surtoilé et envoyons le Foc n°2 pour la première fois du voyage. Ca aurait été dommage de le transporter pour rien... Il est vraiment petit et nous renvoyons un ris dans la grand-voile quand même. Sous 2 ris et foc 2 Saltimbanque est bien, parfois un peu surtoilé dans les grains. 4b qu’ils avaient dit ?? La journée a été fatale à la drosse (jaune) de Bob, elle s’étire soudainement alors que par chance nous avions les yeux dessus. On la remplace tout de suite avec la drosse de secours (bleue, ça fait bizarre !)
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Saltimbanque sous 2 ris, génois enroulé, foc 1 ferlé dans la filière, foc 2 à poste
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Au moins il fait beau entre les grains, même s’il fait bien frisquet (18° dans le bateau au plus chaud de la journée) On croise de plus en plus de cargos, la mer devient plus verte, puis la houle change : nous voilà sur le plateau continental Européen ! Les fous de Bassan remplacent les puffins, les chalutiers font leur apparition, ça sent la côte. Des dauphins nagent souvent autour du bateau. Des dauphins communs de la Manche, joyeux et joueurs, nous saluent pour notre retour à la maison ! Nous quittons ainsi le grand océan qui nous a porté depuis juillet dernier. Au revoir, à bientôt sans doute !
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1 juillet 2012 (J9 : 123M) Vent NNW4-6, mer agitée à forte, ciel dégagé puis brume
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La journée avait pourtant bien commencé, au travers mollissant sous le soleil. Mais nous savons que cela ne va pas durer... et en effet dans l’après-midi le vent monte et le ciel se couvre. Quelques heures plus tard on fonce à travers une bruine tenace dans 25/30nds. Toujours très confortable d’aborder la Manche et ses cargos à l’aveuglette :oS On bénit notre détecteur de radars Mer-Veille qui bipe plus d’une fois dans ces eaux.
Le vent fort ne dure pas. La pluie, si. L’équipage est déjà trempé et l’eau rentre dans la cabine, poussée par le vent arrière. La notion de « sec » n’existe plus à bord : on distingue « trempé » (=nos cirés, le sol couvert d’un cm d’eau), « mouillé » (=nos autres vêtements sous le ciré) et « humide » (=tout le reste ; lit, cartes...). (Ndlr : la notion de sec ne sera ré-introduite que trois jours plus tard avec l’apparition du premier rayon de soleil). Il fait froid. C’est la plaisance, c’est l’pied... La fatigue physique de cette nuit (on dort peu, on barre beaucoup pour tenir le cap abattu et veiller les cargos) s’ajoute à la fatigue nerveuse d’un nav’ où la météo ne nous aura pas laissées tranquilles 5 min. Hâte d’arriver.
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2 juillet 2012 (J10 : 101M) Vent SSW 3-5, mer agitée, brume et crachin
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2h50 TU le jour point (naviguer dans le grand nord a quelques aspects positifs !). Quelques heures plus tard la terre apparaît... pour retourner se cacher vite vite derrière la brume. Euh... et vous avez souvent du brouillard ici ? – Bonté divine non, seulement quand il ne pleut pas ! C’est donc ça, l’été en Europe...
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Le Mont Saint-Michel apparaît furtivement dans une éclaircie
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Patiemment on entre dans Mounts Bay, devinant la silhouette du Mont Saint Michel (oui oui ils en ont un aussi, tout pareil, mais plus petit). On repère les balises, puis les coffres à l’extérieur de la jetée pour attendre l’ouverture de la porte (Penzance est un port à seuil, il n’ouvre que pendant les 3 heures les plus hautes de la marée). Bouée attachée... ça y est on est arrêtés :o) Ça fait du bien de se détendre un peu. La baie ouverte au sud est cependant tellement exposée à la houle qu’on ne dort pas... mais au moins on se repose, bien au chaud et au ... euh... humide (cf plus haut).
On range le bateau tranquillement, quand on remarque la tête que tire le chariot de notre grand-voile. Un des deux bloqueurs, certes déjà bien vieux et fatigué, vient de casser en deux. Encore un problème technique, on commence à en avoir vraiment ras-le-bol que tout casse tout le temps, on voudrait juste pouvoir profiter un peu de temps en temps à la fin, grrrrrr !! Bon, on monte un plan d’attaque avec un boulon de 6, une garcette et une grosse rondelle, ça devrait le faire...
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Six heures plus tard on peut enfin entrer dans le bassin, guidées par le capitaine de port so British. Ça sent le fish’n chips, les clochers sont carrés, les maisons identiques bien alignées : pas de doute on est en Grande-Bretagne ! Le bassin à flot n’a pas de ponton : le long de ses quais un ferry, des chalutiers et une demi-douzaine de vieux gréements ont laissé une place pour quelques voiliers, locaux et visiteurs, le tout dans une atmosphère affairée et bon enfant. 10 £ / nuit, eau comprise (pas cher en GB !). La douche chaude et propre est un délice sans nom – quel bonheur de se sentir redevenir humaines !
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La tête de Laure à l’arrivée ... avant la douche
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Certes nous n’avons pas réussi à atterrir en Irlande comme prévu. Certes nous ne sommes pas encore revenues à Concarneau. Mais nous avons un faible pour la Cornouaille anglaise, jardin de nos premières croisières et nous nous sentons vraiment de retour à la maison. Par hasard, il se trouve que Penzance est jumelée avec Concarneau, d’ailleurs. Alors ce soir autour d’une énorme pinte dans le pub le plus typique qu’on ait pu trouver, on peut trinquer à la réussite de notre projet : ça y est, on a fait le tour de l’Atlantique !!!!
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Toutes mes félicitations très chère...
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... merci, et vous n’étiez pas mal non plus !
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Ces quelques prochaines semaines de croisière en Manche vont nous ré-acclimater à l’Europe, avant de rentrer définitivement au port de Concarneau et d’y boucler la boucle, aux alentours du 20 juillet.
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