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Florès et Faial
 
-- 29 mai au 09 juin 2012--
 
Quel bonheur de sentir la terre sous ses pieds après 20 jours de mer – et quelle merveille que cette terre des Açores, improbable paradis champêtre au milieu de l’océan.

Plus de photos entre le vert vif de l’herbe et le gris du ciel dans notre page "Photos"

134 milles navigués
11 179 milles parcourus depuis le départ
Nos escales : Florès: Lajes (marina) , Faial: Horta (marina)
 
29 mai -3 juin 2012 : escale à Florès
Saltimbanque est au ponton à minuit, à plat et sans bruit : l’équipage heureux et fier s’effondre pour une vraie nuit de sommeil !
Le lendemain nous ouvrons les yeux sur un monde vert, sur un paysage entièrement nouveau, charmant, propre et accueillant. Les falaises autour du port explosent de couleurs – vertes - sous le soleil. Un mur de végétation où se mêlent hautes herbes, dragonniers et palmiers nains, sortes de canne à sucre – et toutes les sortes de fleurs d’Europe. Le village perché là-haut autour de son église scintille, les murs blancs impeccables bordés et ornés de la roche noire volcanique d’ici. Une petite ruelle monte entre des maisonnettes de pierre aux volets rouge ou vert, chacune avec son petit bout de jardin potager coincé entre le poulailler et le précipice.
Vue depuis le port
On ne tient plus en place, nos jambes soudain s’envolent, tellement heureuses de faire plus de 3 pas dans la même direction. On court le long des jetées, le long des pontons, sous prétexte d’aller voir la mer. D’autres voiliers encore sont arrivés pendant la nuit, la marina se remplit rapidement – tout le monde heureux d’avoir réussi et soulagé d’arriver avant le coup de vent annoncé.

Pour l’immigration, adressez-vous à la camionnette
Mais avant de partir crapahuter la réalité nous rappelle : il faut faire nos formalités d’entrée au Portugal et dans l’Union Européenne. Florès est en effet la terre la plus occidentale de l’Europe ! On commence par la « GNR », les gendarmes locaux, qui nous enregistrent sur le capot de leur voiture garée sur le parking du port. Puis on se rend à la capitainerie pour régulariser notre situation au ponton et aux douanes. Le capitaine du port, Tiago, ne doit pas être majeur depuis bien longtemps. Très aimable il nous enregistre tout en discutant de la météo, de son île, de tout et de rien. Il nous apprend que 3 jours auparavant, il n’y avait qu’un seul bateau dans le port. D’ici quelques heures nous compterons 24 bateaux au ponton, dont 21 font largement plus de 10m. Le pauvre Tiago ne sait plus où donner de la tête pour caser tout le monde ! Dernière étape pour être en règle : la police maritime. L’officier passe sur les pontons et tout se passe très facilement, l’officier en question finira par nous prendre en stop quelques jours plus tard !
Une fois dument entrées en Europe, on s’installe confortablement. Il fait assez beau pour faire sécher les affaires et le bateau, on a de l’eau potable à volonté, du 220V à bord, internet à haut débit même à l’intérieur, un bateau plat, si on avait des pantoufles on serait vraiment comme à la maison ! Tout ça pour la modique somme de 10 euros la nuit. Seul bémol, la douche du port, dans le local des pêcheurs, très propre et tout… mais froide… Tant pis on y va quand même, ce n’est pas si terrible à l’abri du vent !
L’ambiance à Florès est vraiment agréable. Le port étant petit, les contacts se font facilement avec les autres navigateurs, qui d’ailleurs arrivant tous de 3 semaines de mer sont très ouverts à la discussion ! Ainsi dès le premier soir nous invitons ceux qui passent à notre portée pour déboucher le champagne, un apéro extrêmement convivial. Même si certains gros bateaux se sont déroutés à cause de la dépression, on voit surtout des petits bateaux, beaucoup de solitaires notamment Richard de Sya arrivé quelques heures après nous.

Dans le village, pareil, que du bonheur ! Les pêcheurs nous saluent, ainsi que tous les conducteurs qui nous doublent. A la mairie on nous accueille avec un énorme sourire, et nous repartons avec moult cartes de l’île, et même un guide des randonnées d’une centaine de pages (gratuit… et datant de 1993). Le lendemain ils nous dépanneront d’un scanner, tout est simple et se passe dans la bonne humeur. Ambiance de petit village… au demeurant charmant avec ses petites ruelles piétonnes et ses maisons blanches et noires en pierres volcaniques.

La nouvelle marina

Descente du village vers le port
Il faut imaginer l’île de Florès : un caillou de 8km sur 17, posé au milieu de l’océan Atlantique. A l’exception de l’île minuscule voisine, Corvo, la terre la plus proche est l’île de Faial à 300km au sud-est. New-York est à 3000 km à l’ouest, au sud il n’y a rien, au nord les violentes dépressions océaniques. Enfin en été, car en hiver elles passent en plein sur l’île générant tous les 5 jours coups de vents et pluies torrentielles… Sur cette terre improbable, une petite communauté de 3000 habitants vit de l’élevage et des institutions (d’après notre chauffeur de taxi plus de la moitié des habitants de l’île sont employés par l’Etat). Le cargo arrive tous les 15 jours avec des produits frais (certains sitôt réexpédiés vers l’encore plus isolée Corvo), en saison quelques navigateurs à la voile pointent leur étrave pour quelques jours. Les autres touristes sont rarissimes. La vie est des plus rurales et nous assisterons au dépeçage d’un gros cochon à 2 pas du port !
On est vraiment contentes d’avoir choisi Florès pour atterrir, parfait pour se remettre en douceur dans la vie Européenne. Le port est très confortable et parfaitement abrité des vents de sud au nord en passant par l’ouest. Nous nous en rendons compte pendant notre première vraie nuit au ponton: la dépression prévue est arrivée à 3h du matin, beaucoup de pluie, un vent flirtant souvent avec les 45 nœuds, et nous à plat, au chaud sous la couette, à se dire « aaaaah qu’on est bien au port… », on se rendort direct !

Campagne des environs de Lajes
Une fois avoir dormi tout ce qu’on pouvait, avoir rattrapé notre retard en internet et fait quelques courses de fruits et légumes, nous avons suffisamment rechargé nos batteries pour partir à la découverte de l’île. Première ballade assez courte vers « Faja de Lopo Vaz », pas très loin de Lajès (doucement la reprise !) On commence par … aller déjeuner au resto d’une énooorme assiette de saucisses locales, poulet grillé et frites bien sûr, deux bières, une glace et deux cafés pour à peine 10 euros par personne, on est loin des prix Antillais ! Une fois bien repues, on traverse le petit village de Lajès qu’on commence à bien connaître, et on s’approche de la falaise. Là le sentier descend vers une « faja », c’est-à-dire une étendue plane – souvent une ancienne coulée de lave. Le panneau au début de la rando nous promet un microclimat tropical, on est un peu sceptiques vue la couleur du ciel et l’humidité de la bruine, mais on s’engage tout de même sur le chemin. En bas à l’abri du vent il fait effectivement quelques degrés de plus et nous sillonnons des plantations de bananes (naines) et d’ananas (pas mûrs). Très vite les pâturages reprennent le dessus, bordés des typiques petits murets en pierre. En contrebas, une plage de sable très noir sur laquelle s’écrasent d’énormes vagues à l’écume très blanche…
Lopo Vaz, c’est tout en bas

La vallée fertile, entre la falaise et la mer

La photo a été prise en couleurs…

Exercice d’équilibre (copyright Sya)
Le lendemain nous partons pour une journée de randonnée, accompagnées au début par notre ami Richard. Un taxi nous dépose près des lacs, un point culminant à quelques centaines de mètres. L’intérieur de l’île montre de petites collines verdoyantes couvertes de pâturages encerclant de nombreux lacs. Il fait gris, froid et humide, mais on prend un étrange plaisir à patauger dans la gadoue – pardon marcher sur le chemin ! C’est juste une très belle campagne, avec son herbe verte, sa mousse épaisse, ses petites fleurs européennes, ses moutons et ses vaches… Une belle campagne comme on peut en voir partout en Europe. Après 8 mois sous les tropiques brulés par le soleil puis délavés par les pluies intenses, puis 3 semaines de mer en camaïeu de bleus, on apprécie vraiment de se retrouver immergées dans ces paysages familiers. On se transforme également physiquement en Européennes, on débronze à une vitesse impressionnante !! Ça sent le retour à la maison…

La région des lacs
Après avoir fait le tour de plusieurs lacs, le chemin descend en pente raide jusqu’au village de Faja Grande, très mignon avec ses petits champs verts et sa côte de lave noire battues par l’eau si bleue. Nous continuons sur Fajazinha dans la vallée suivante. Un petit détour nous conduit jusqu’à la « mare aux canards », un magnifique lac entouré d’impressionnantes cascades !

Au « Lac des Canards », pas de palmipède mais de belles chutes d’eau

Photo carte postale à l’approche de Mosteiro
Puis on monte, on descend, on arrive à Mosteiro et sa formation basaltique si particulière (Rocha dos Bordoes – roche des bourdons, telle une ruche géante). Encore quelques kilomètres jusqu’à Lajédo à la pointe sud-ouest de l’île. Il va être temps de rentrer à Lajès. Nous faisons du stop pour la première fois du voyage, c’est le moyen de transport le plus couru sur cette île une fois que le (seul et donc dernier) bus de la journée est passé. La troisième voiture nous ramène en haut de Lajès, parfait ! On redescend au port par notre chemin préféré, le « caminho do pescador » qui dégringole entre de belles maisons en pierre fleuries…

On se sent bien à Lajès, mais la météo montre une petite fenêtre (plutôt un vasistas en vérité…) qui nous permettra de rejoindre l’île de Faial le lendemain à 130M d’ici.
 
 
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4 juin 2012 : Lajès das Florès – Horta (134M)

Départ de Lajes
Nous ne sommes pas les seules à avoir regardé la météo. Ce matin, pas moins de 9 des 20 voiliers du port quittent Florès à destination de Horta. Les petits bateaux partent à 9h, les plus gros vers 11h, l’escadre se resserre en quelques heures.

Le vent est prévu au travers à 20 nœuds et nous partons sous 2 ris et 2/3 de génois. A notre grande surprise les autres bateaux semblent porter plus de toile. Bof, on avance quasiment aussi vite que les bateaux de 9m avec 1 ris de plus, on ne va certainement pas toiler d’avantage !
Ça reste plutôt musclé comme départ, une bonne houle de travers, 20 nœuds de vent, et ce ciel qui se couvre… Le vent monte pas mal, on enroule encore du génois, on finit même par prendre le 3ème ris. Avec notre petit anémomètre on mesure 22 – 25 nœuds au niveau du pont, mais les voiliers se trouvant à notre proximité immédiate nous disent lire 27 nœuds établis, rafales à 34 avec leurs anémos perfectionnés. Bigre, on doit pas mal sous-estimer la force du vent en général en fait ! Tant mieux, ça nous évite de trop paniquer à bord quand ça se lève - mais on comprend mieux pourquoi on a toujours l’air ridicule au café du port quand on raconte qu’on prend le 3è ris par 20nds :oS
Le grain passe, le vent mollit et on peut continuer notre route dans des conditions un peu moins sportives. Il y a toujours pas mal de vent au travers et Saltimbanque fonce ! La nuit tombe au milieu des feux de mât des petits copains, pas de sieste pendant les quarts cette fois, il faut veiller activement sous l’immense clair de lune…

Finalement le vent se calme carrément au lever du jour et nous nous retrouvons à 3 bateaux le long de la côte sud de Faial. On prend des photos des collègues, en espérant que l’un d’entre eux aura la bonne idée de faire la même chose et qu’on puisse enfin voir à quoi on ressemble sous voiles… eh bien on est tout petits !

Saltimbanque au vent arrière, rattrapé par le gros Zao à l’arrivée sur Faial (merci Oceana pour la photo !)
A Horta, il y a du monde, beaucoup de monde… Plusieurs bateaux au mouillage, par 10m de fond sur des roches de mauvaise tenue pour 6 euros la nuit, bof. Le ponton d’accueil est blindé, 5 – 6 bateaux à couple à chaque place. On s’ajoute à la grappe, saluées par les 3 gouttes qui y sont amarrés depuis une semaine. Finalement on nous trouve une place au ponton à l’intérieur de la darse sud, puis de la darse nord. Vive les petits bateaux ! Et puis le reste de l’escadre de Flores a été impressionné par notre vitesse, c’est vrai qu’on a fait la route en moins de 24h, à 5,7 nœuds de moyenne, ça n’arrive quand même pas tous les jours !!

Arrivée sur Horta
 
5 au 9 juin 2012 : Escale à Horta

Les fameux quais de Horta couverts de dessins
Horta… Son Café des Sports « Chez Peter » mondialement connu chez les voileux, ses jetées couvertes de peintures des bateaux de passage, Horta résonne toujours particulièrement dans le cœur des marins. Bien sûr en pleine saison des arrivées de transat, ça a un petit côté usine, une trentaine de bateaux doivent arriver et partir tous les jours. Mais quand même, nous voilà estampillées du tampon « Horta » des navigateurs hauturiers :o)

Avant d’aller s’installer chez Peter, on fait quelques courses (le bonheur des hypermarchés portugais où on trouve de tout pas cher) et regroupons les copains le soir dans le carré de Saltimbanque. Les 3 Gouttes et les Ster-Vraz nous racontent leur transat, le coup de vent, leurs balades. Bizarre de les voir en pantalon et polaire, quand nous ne les avons connus pratiquement qu’en short !
Le lendemain est consacré au respect des traditions. Les quais arpentés nous révèlent les traces de nombreux bateaux qu’on a croisés, un jour, ailleurs, ou dont on a entendu parler par d’autres. Parmi les amateurs de toutes nationalités se glissent les signatures des Pen Duick, de Tara, de Sodebo… Saltimbanque est déjà passé par là, la peinture de Jérôme et Céline est encore bien visible après 5 ans, et on choisit un emplacement tout près pour continuer l’histoire. Plusieurs artistes sont ainsi à l’œuvre tous les jours, sous les flashs des quelques touristes terriens (oui, il y en a, même si la majorité des visiteurs arrivent aux Açores par bateau et non par avion !). Malgré les centaines de bateaux abrités par la marina, on a l’impression d’être en famille sur ces quais où toutes les histoires convergent.
A y est, nous aussi on a notre peinture à Horta !

Le Peter’s Café…
Puis le soir, les mains encore pleines de peinture se tendent vers une pinte chez Peter’s. On trinque avec l’équipage de Zao, le beau vieux gréement vert rencontré à Flores. Aujourd’hui plus que jamais nous faisons partie de la famille du grand large !
Notre devoir accompli nous louons une voiture pour découvrir l’île (difficile à parcourir en bus). Premier stop : la Caldeira, grand cratère au sommet de Faial, dont un sentier fait le tour en 2h de vues vertigineuses. La végétation, toujours abondante, offre de subtils contrastes entre les versants tantôt couverts de bruyère, tantôt plantés de sapins. Fidèles à notre habitude de cueillir nos aliments nous dégustons des fraises des bois, en contemplant le vol des seules chauve-souris diurnes au monde.

Vue sur le cratère depuis le chemin de randonnée
La route quittant le sommet se transforme en chemin de terre (néanmoins très carrossable) qui serpente entre les pâturages, puis dans la forêt, à travers un joyeux mélange de plantes tropicales (aloés, palmiers, palmi-fougères) et européennes (sapins, platanes…). Les fleurs explosent, les hortensias (encore en boutons) côtoyant les marguerites et les boutons d’or, tandis qu’à d’autres endroits des haies de roses sauvages et de lantanas entourent les omniprésentes agapanthes bleues. Faial (de « fayard » = hêtre) et Horta (= jardin) n’ont pas été nommées par hasard…
Faial est surnommée l’île bleue en raison de ses innombrables haies d’hortensias

Attention, fin de la verdure dans 200m
En longeant une côte nord à la beauté sauvage on rejoint la pointe occidentale de l’île… qui a surgi de la mer il y a 50 ans à peine ! Les Açores font le grand écart entre les plaques tectoniques américaine (Flores et Corvo), européenne (le groupe du centre) et africaine (Sao Miguel et Santa Maria). Flores s’éloigne de Faial de 2,5 cm / an d’ailleurs. Tout l’archipel a été formé par des séries d’éruptions sur plusieurs millions d’années, à raison de plusieurs petits volcans par île. Et ce n’est pas fini… un volcan sous-marin a donné naissance à la pointe des Capelinhos à l’ouest de Faial en 1957/58.
Ici la végétation verdoyante fait soudain place à un décor lunaire. Un phare se dresse, la base partiellement enterrée, situé à présent à 1km de la mer. En face 3 cônes de 100 à 200m de haut, couverts de cendres et de pierres volcaniques. Un « centre d’interprétation » a été installé sous terre à proximité du phare. La visite est un peu décevante : l’information sur la création de l’actuelle pointe de Capelinhos est intéressante mais répétée à outrance et ne vaut pas les 10 euros demandés à l’entrée. La balade sur le volcan est par contre assez chouette ! Impressionnant de penser que 50 ans auparavant nous aurions marché dans la mer à cet endroit même…

La pointe de Capelinhos, sortie de la Terre il y a 55 ans

Avant l’éruption de 1957, le phare était sur la falaise au bord de l’eau
La visite de l’île en voiture se poursuit. Nous rejoignons Varadouro par une piste de terre, entre des petites parcelles de vigne et de belles maisons cachées dans les fleurs. Ce petit « port » (on ne voit pas trop de quoi c’est abrité…) est surtout connu pour ses « piscines naturelles ». De même qu’à Madère ou certaines îles des Canaries, la côte est rocheuse, sans plage ou presque, offrant peu de possibilité de baignade. Mais les Macaronésiens ont la solution : quelques échelles fichées dans les cailloux, un chemin en béton, un peu de peinture et hop, voilà une « piscine naturelle » des plus avenantes ! L’eau n’est pas si froide que ça, (18 – 19° on pense), mais il fait gris et venteux dehors, on se contente d’une observation de l’extérieur.
Les piscines naturelles de Varadouro

Le phare de Riberinha, on déconseille l’approche de l’île par le Nord-Est la nuit…
Nous finissons notre tour aux alentours de Riberinha, au Nord-Est de l’île. En 1998 un fort séisme a secoué l’île, détruisant les édifices les plus vulnérables, comme les églises ou les phares. Du village même se dégage une atmosphère un peu fantomatique, comme si la vie n’avait jamais vraiment repris. Seuls deux petits bâtiments nouvellement repeints de couleurs vives, les « imperios » (sièges des associations de quartier qui organisent les fameuses fêtes de l’Esprit Saint) tranchent sur le délabrement des murs lézardés.
Une bruine tenace et humide nous attend de retour à Horta, qui ne s’est pas dissipée de la journée paraît-il, alors que nous avons eu du soleil de l’autre côté de l’île. Histoire de micro-climats. Nous allons dîner au Clube Naval avec Tom, notre voisin de ponton gallois de Flores.
Le jour suivant est consacré à un peu tout et rien, quelques coups de fil et emails aux collègues pour préparer le retour, pas mal de discussions de ponton (avec Maé, une jeune femme marin accompli qui vient d’acheter un Brise de Mer 31…), des courses… Le musée de Horta, situé dans un imposant bâtiment sur la place principale, nous présente une collection de vues de la ville depuis 1850 illustrant l’évolution de ce port toujours rempli par les navires à voile, puis à vapeur, les baleinières, les hydravions, les plaisanciers du monde entier. Une autre salle recèle un trésor de petites sculptures en « moelle de figuier » : le cœur des branches de figuier séché est un matériau blanc éclatant extrêmement léger dans lequel des artistes locaux réalisent des chefs-d’œuvre d’une précision incroyable. Les palais et bateaux ainsi reproduits pèsent cent fois moins lourd que les pintes que nous levons quelques heures plus tard au Peter’s Café, pour trinquer avec Richard à nos peintures et à nos navigations futures.
Le musée de Horta

La baie de Porto Pim et ses petites maisons de pêcheurs
Samedi le temps ne s’améliore pas… Une brume tenace nous empêche de voir plus loin que le bout de la jetée. On bosse un peu bien au chaud à l’intérieur du bateau avant d’oser mettre notre nez dehors. Direction Porto Pim, juste au sud de la ville à 10 minutes de marche du bateau. La baie est un ancien cratère de volcan où l’eau est entrée. Elle est donc parfaitement ronde ! Charmante avec ses vieilles maisons de pêcheur et son petit bar. On traine un temps sur la plage qui sent bon le goémon bien de chez nous, parsemée de physalies pas de chez nous du tout qui éclatent comme des ballons de baudruche quand on marche dessus :o)
Puis on visite l’ancienne usine baleinière de l’île. La pêche à la baleine a fait vivre les Açores du milieu du 19ème siècle jusqu’au début des années 1980 : d’abord par les baleinières américaines qui relâchaient régulièrement à Horta, puis par l’exploitation locale (à partir de 1943) rendue rentable par la profusion de mammifères qui rôdent dans cet archipel perché sur la dorsale océanique tout près des fonds abyssaux. Ici la chasse à la baleine n’a jamais été menée en bateau usine à la japonaise. Une fois le cétacé (principalement des cachalots d’ailleurs) repéré depuis les hauteurs de l’île, les marins s’approchaient dans leur « baleinière », un canot à voile-aviron d’une dizaine de mètres de long. Silencieusement ils rasaient l’animal et lançaient leur harpon à la main. Blessé, le cachalot se mettait à plonger, entrainant le harpon et ses centaines de mètres de bout, et tractant la barcasse à une vitesse folle. Puis il devait remonter respirer, alors la chasse recommençait jusqu’à ce que le bout casse, que le canot se renverse, ou que la baleine soit tuée. La bête était ensuite tractée sur une jetée pour être dépecée. L’huile était le produit le plus recherché, le reste de l’animal (viande et os) était réduit en farine pour le bétail.
Cachalot ramené à terre en baleinière Açorienne. Bien évidemment cette chasse traditionnelle est à présent totalement terminée et interdite.
Les dents étaient également conservées, polies, puis gravées. Cet art sur dent de cachalot, le scrimshaw, est exposé au Peter’s café - où d’ailleurs nous retournons de ce pas boire un verre avec les Jingle ex-Traou Mad fraichement débarqués de leur catamaran !!

Que serait Horta sans les contacts entre navigateurs ? C’est sympa, mais il est temps d’aller chercher plus que la jetée du port en guise d’horizon, demain nous partons pour Sao Jorge…
 
 
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Vos messages:

Christian - 20/06/2012 18:15:24
Au vu des dernières photos, je prends la décision de vous retenir en otages jusqu'à ce que j'en reçoive vos commentaires en un Connaissance du Monde privé !

SuDad - 18/06/2012 11:17:25
Un clic et nous voilà à la pointe avancée de l'Europe, en plein océan. Quel confort.Sans risquer le moindre coup de froid. La météo semble tout de même plus musclée qu'à Jersey... Bien sûr, les herbages semblent familiers, mais ici les chauve-souris sont toutes noctambules, les nains de jardin sont moins occupés et moins pieux et on ne s'assied pas sur des vertèbres de baleines. Votre soif de découvertes nous baladent bien. Particulièrement rafraîchissantes ces escales au milieu de nulle part. Bonne récupération !!!

Georges - 17/06/2012 16:08:04
C'est superbe. Nous naviguons grâce à vos récits. BRAVOO. L'absence de 3 semaines de traversée à été très longue.

Kariine - 16/06/2012 23:07:40
Belle escale ! Cette verdure? Cette bruine? Ces hortensias bleus? Vous ne seriez pas dans le sas de decompresion afin de vous rehabituer a la Bretagne ?!?

Sylvia - 16/06/2012 22:52:11
Het lijkt bijna winter bij jullie... ;-) Als jullie de tan willen behouden, kunnen we het concept van "spray tan" aanraden. Heel erg grappig maar effectief. Geniet van jullie inburgering in Europa.

achiletjoce - 14/06/2012 23:14:18
On s'y croirait, quels talents !
Voguez encore, trottez, au plaisir de vous lire..

la mamou - 12/06/2012 23:35:05
vos photos sont magnifiques !!! les lacs ont des petits airs irlandais ;-)
le pavillon breton a bien vécu ...
c'est super , tous ces dessins , et que celui du "premier" saltimbanque soit encore si bien visible !!!

la mamou - 12/06/2012 23:09:25
hé bé !... encore une bien belle escale ...

 
 
 
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