De Sainte-Marine dans la rivière de l’Odet à Concarneau en passant par tout plein de jolies îles, 2 semaines entre préparatifs sous la pluie et eaux turquoises sous le soleil.
D'autres photos de cette étape se trouvent également dans notre page "Photos".
De Sainte-Marine dans l'Odet à Concarneau, 185 miles navigués.
1245 miles parcourus depuis le départ.
Nos aventures en pointe Bretagne s’étaient terminées à l’abri cachées dans l’Odet. Au vu des cartes météo, on se dit qu’on y est bien et qu’on va même y rester un petit peu ! Configuration « à terre » donc, nous poursuivons comme à notre habitude notre exploration du GR 34, le sentier qui fait le tour de la Bretagne par la côte (et que l’on commence à bien connaitre...).
Quand on vous dit que ça souffle...
19 juin 2011 : Sainte Marine- Port Laforêt (31 miles)
L’Odet, entre eau et forêt
Dimanche matin, réveil à 5h30 pour explorer la rivière de l’Odet au petit jour, lorsque les goélands s’éveillent et les barques de pêcheurs ne troublent pas encore l’eau lisse et sombre, bordée de manoirs enfouis dans la forêt dense.
Quelques heures plus tard à la renverse du courant, c’est l’ouverture des vannes : tous les bateaux coincés depuis trois jours s’échappent de leurs cachettes. De Loctudy à Concarneau la baie grouille de bateaux.
Saltimbanque également veut se dégourdir la quille et trouve qu’il est encore un peu tôt pour faire route directe vers le port. Il fait beau, nous lui accordons un petit détour par les Glénan puis l’anse de Pouldohan avant de finalement rentrer à Port Laforêt – sous une pluie battante (c’est la Bretagne, il fait beau... plusieurs fois par jour).
20 – 22 juin 2011 : escale technique à Port Laforêt
La météo prévoit pluie suivie d’averses, temps idéal… pour faire les soldes ! Ça tombe bien, on a une longue liste de courses : une annexe, une poulie, 20 m de chaîne et autant de bout, quelques manilles au cas où... un ciré léger et deux paires de palmes plus tard, seul le chariot de grand-voile reste introuvable : « mais c’est un modèle Amiot ça ma bonne dame, ça fait 20 ans que ça se fait plus ! »
Notre nouvelle annexe, le modèle sans rustine !
23 juin 2011: Port Laforêt – îles Glénan (12 miles)
Trois jours de shopping ça fait beaucoup, on a besoin de prendre l’air, surtout que le temps s’améliore. Direction les îles de Glénan, cet archipel au lagon réputé pour la transparence de ses eaux turquoises. Iles, plages de sable blanc, eau claire, sous le soleil en plus... on se rêve déjà de l’autre côté... jusqu’à tremper un orteil : la mer reste à 16° tout de même ! OK les Antilles ça se mérite, il va falloir faire un peu plus qu’une dizaine de miles...
Frotte plus vite ça réchauffe !
Pour le moment on profite du paysage et on s’émerveille de pouvoir compter les coquillages par 4 mètres de fond. On prend un coffre à la Chambre. Laure tente quelques brasses autour du bateau pour gratter les premières algues qui apparaissent sur la coque – et ressort bien vite, les lèvres assorties à la peinture de cette dernière.
24 juin 2011: petit tour dans les îles (2 miles)
Le vent est plutôt calme, conditions idéales pour aller explorer les petits mouillages de l’archipel. Direction l’île du Loch, Saltimbanque se faufile entre les cailloux et mouille, seul face à une grand plage de sable blanc. Cette ile privée est la propriété de Bolloré, qui en a confié la garde à une colonie de goélands. Les étendues de lande où ils nichent sont jalousement gardées, une ou deux attaques en piqué nous convainquent de rester sagement sur la plage.
Saltimbanque seul dans la baie, l’annexe sur la plage abandonnée
Les goélands, gardiens de l’île du Loch
L’annexe semble voler au-dessus des fonds !
Puis nous retournons assez tôt prendre une place au mouillage de la Pie : bien nous en prend, tout Concarneau y débarque quelques heures plus tard... vendredi soir de fin juin...
Sinon on recommande les rochers de Bananec comme terrain de chasse aux bigorneaux – le classique de l’apéro !
La plage entre Bananec et Saint-Nicolas
25 juin : Glénan – Port Belon (16 miles)
Conditions toujours idéales pour le pilotage, grand soleil vent faible, nous traversons le lagon pour aller mouiller à la grande plage de Penfret. Petit tour à pied pour compléter notre exploration des îles et baignade dans l’eau turquoise : c’est bon, on a coché toute les cases du parcours touristique, on peut rentrer.
L’île de Penfret
La vie est dure...
Début d’après-midi sans le moindre souffle, pas même un peu de thermique. Le spi hissé dans un élan d’optimisme pend lamentablement sous le poids de l’écoute seule... mmmm... ça c’est une mission pour Super Nestor !
Quelques heures plus tard devant l’entrée du Belon vient le temps des interrogations : c’est la marée basse, mais en théorie on passe... On tente deux prudentes approches au moteur- pour faire demi-tour bien vite, alarmées par le sondeur. Mois où est-elle donc l’entrée de ce chenal non balisé ? Alors on sort notre botte secrète, l’ultime asservissement de l’humain à l’électronique : le GPS couplé à l’ordinateur, qui indique en temps réel la position et la direction sur la carte. Sans mettre le nez dehors, Laure pilote « plus à droite, plus à gauche... ». Camille à la barre a les yeux rivés sur le sondeur et égrène les hauteurs d’eau : « 1,7m, 2m, 1,6m… ». Ainsi téléguidé par les satellites gardiens, Saltimbanque longe les lignes de bateaux mouillés et rase les hauts fonds... ouf on arrive au petit port caché dans l’anse de la rivière, Port Belon, où on prend deux bouées juste derrière la flottille de petits chalutiers bariolés.
26 juin 2011: Port Belon – île de Groix (23 miles)
Port-Tudy, ile de Groix
Partis avec l’intention de rallier Lorient sous une bonne petite brise résiduelle du coup de vent de la nuit, nous envoyons le foc à la sortie de la rivière... pour l’échanger cinq minutes plus tard contre son grand frère le génois. Il faut se rendre à l’évidence, le vent a faibli – et en plus, il vient de face. Quelques heures de près dans la pétole plus tard nous revoyons notre programme pour la soirée : au lieu des bars du centre-ville lorientais, nous profiterons des charmes de l’île de Groix. Elle est plus près, pas la peine de fatiguer Nestor.
Il fait presque chaud en ce milieu d’après-midi. Le long de l’ile se produit un phénomène étrange : un courant d’air qui adonne et permet au petit Saltimbanque de tenir tête un bon moment à un anglais presque 3 mètres plus long... un courant d’air CHAUD en plus ! On découvre les sensations de barrer en T-shirt.
27 juin 2011: île de Groix – Belle Île (24 miles)
Entre ces deux îles existe une zone étrange, où le courant est giratoire : au lieu de couler tranquillement 6 heures dans un sens et 6 heures dans l’autre, il tourne – de 20° toutes les heures ! Et dépend du vent en plus, nous prévient le « pilote côtier ». Mais si le courant dépend du vent, le vent dépend-il du courant ? Car de courant nous n’observons point, mais de vent... des rafales qui changent de 180° en 10 minutes ! Sur une dizaine de miles nous passons par toutes les allures... puis appelons Nestor à l’aide pour franchir un petit clapot cassant, avant de rentrer au Port de Palais.
28 juin 2011: tour de Belle Île… à vélo !
Notre intention est de découvrir un maximum de Belle-Ile à vélo, et oui, 2 ans aux Pays-Bas ça marque. Mais la loueuse de vélo nous fait rapidement déchanter : « Faire le tour de l’île à vélo ?? mais c’est impossible c’est trop long ! Faites donc le petit tour pour touristes de 25 km là… » Ca, c’est typiquement ce qu’il ne faut pas dire à Laure, qui du coup se fera un point d’honneur de saluer toutes les pointes et phares de l’île dans la journée, d’abord ! (est-ce qu’on a une tête de touriste non mais !)
Devant la pointe des Poulains
Phare des Poulains
La ballade est superbe : petit tour à Sauzon, puis la pointe des Poulains qui a été récemment aménagée par le conservatoire du littoral, on continue notre périple vers la plage du Donnant et les mythiques aiguilles de Port Coton. La côte sauvage est définitivement magnifique et nous disposons de très bonnes conditions pour rouler : beau temps mais un bon vent qui nous rafraichit bien. Un petit tour à Port Goulphar puis nous prenons la route vers les côtes est de l’île : Locmaria, le phare de Kerdonis, avant de rentrer au Palais 5 minutes avant l’heure due, bon timing.
La tournée des phares à vélo
Côte sauvage de Belle-Ile
On s’offre une glace sur le port avant de rentrer au bateau, les jambes un peu lourdes quand même. Laure se lance dans la réalisation d’une quiche poireau – saumon fumé pour fêter ça pendant que Camille compte les kilomètres parcourus sur la carte : 68 km de vélo quand même ! Et pas des hollandais, c’est vallonné comme coin ! On reprend 2 fois de la quiche du coup...
29 juin : Belle Île – Lorient (33 miles)
Journée de navigation classique : c’est-à-dire, face au vent. On tire des bords dans un bon petit nord-ouest 4 beaufort, le vent adonne en milieu d’après-midi pour nous permettre un dernier grand bord vers la rade de Lorient. Il y a deux chenaux d’entrée, donc deux fois plus de bouées de toutes les couleurs. Une fois repérées celles qu’on doit suivre, on s’engouffre, à la voile – c’est tout de même plus élégant !
On remonte ainsi le long de la citadelle de Port Louis, des ports de plaisance, de la base de sous-marins allemands (construction en béton massif, garantie indestructible… d’ailleurs elle est toujours là, quand le reste de la ville a été rasé). Un petit port industriel et quelques grues nous rappellent la mer du Nord. On arrive finalement au ponton visiteur du port de Lorient. Le meilleur rapport service / prix de toutes nos escales : ponton + douche + wifi à bord + location de vélos pour... 14 euros !
Ah les grues ça nous avait manqué !
On passe une très bonne soirée en compagnie d’anciens collègues mais néanmoins amis de Camille, soirée qui se conclut par la merveilleuse histoire de Bob, le régulateur d’allure, que je m’en vais vous conter...
Bob est notre fidèle troisième équipier, notre régulateur d’allure, celui qui barre gratuitement sans jamais greloter ni fatiguer. Sans lui nous n’irions pas bien loin. Mais Bob a une maladie incurable : il est vieux. Et son fabriquant (Plastimo) a décidé que malgré les 3000 exemplaires produits depuis les années 70, il n’était pas nécessaire de continuer à produire des pièces de rechange (c’est bien connu de nos jours tout le monde a un pilote électrique et au moins 5 batteries pour subvenir à ses besoins en énergie...) Impossible donc de trouver des pièces de secours, même aux puces de mer les mieux achalandées.
Un petit film tourné en 2010 sur le régulateur d'allure
La veille au Palais nous avions connu notre premier problème avec Bob : une espèce rondelle / bouchon en plastique de rien du tout est tombée à l’eau. Mais cette petite pièce est absolument nécessaire au bon fonctionnement de l’engin et Bob ne voulait plus barrer sans... Après quelques essais infructueux, nous avions finalement réparé en taillant une pièce approchante dans un morceau de tuyau en plastique. Victoire Bob barre de nouveau tout droit, mais saurons-nous réparer si bien à chaque fois ?
C’est en racontant cette histoire à Yannick à Lorient le soir, autour d’un verre dans le cockpit, qu’il se souvient : « ah oui, on avait le même modèle sur le bateau de mon père quand j’étais petit... mais d’ailleurs on doit encore l’avoir à la cave en fait, on ne s’en sert plus depuis 15 ans... Ca vous dit de venir voir ? »
Et nous repartons avec un Navik de secours quasiment entier tombé du ciel, un gros soulagement pour nous. Alors un énoooorme merci à Yannick et son papa, la pale immergée est à poste et nous a emmenés à Concarneau déjà ! Merci beaucoup !!!!
30 juin : Lorient – Concarneau (44 miles)
Journée de navigation classique : c’est-à-dire, face au vent. Nous partons dans des tout petits airs puis la brise thermique s’établit. Navigation au prés vers Concarneau, avec même un bord assez favorable. Tout se passe bien sous le soleil, on arrive à 7 miles du port et il ne nous reste plus qu’à abattre un peu pour arriver.
Et là c’est le drame, la thermique s’essouffle (c’est vrai qu’il ne fait pas si chaud que ça...), le vent refuse et vient pile poil de Concarneau. Nous tirerons encore des bords pendant 3 heures dans une brise forcissant avant d’enfin toucher les pontons sous la ville close. On les aura mérité les alizés portants...
Nous voilà à Concarneau, notre port de départ vers la grande aventure. Mais avant le départ vers l’Espagne nous y resterons 1 semaine ou deux pour finir les préparatifs et profiter de nos familles.
SuDad - 04/07/2011 17:57:29 Grâce à ces récits détaillés, on se rend compte que tout se mérite, dans la navigation. Nous voilà à tu et à toi avec Nestor et Bob, qui seront bientôt de vieux potes. Le ravissement continue. Nous allons ainsi être accros pendant plus d'un an. La plus excitante des séries. Même les Desperate housewives seront largement dépassées. Votre dernier admirateur, et des plus enthousiastes, Jean-Pierre Berlioz, "mailait" ce matin que la qualité et l'intérêt de votre site l'avait "scotché". Nous prenons la route pour vous rejoindre. "à-tout'"