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| -- 23 mai au 3 juin 2011 -- |
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De Londres à Guernesey, ou 10 jours de cache-cache avec les coups de vent...
D'autres photos de cette étape se trouvent également dans notre page "Photos".
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330 miles en ligne droite, 470 navigués (comment ça on n’est vraiment pas efficaces ??)
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23 mai 2011 : Londres à Londres (2,5 miles)
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Il est 6 heures, Londres s’éveille et Saltimbanque s’entasse avec 10 autres voiliers dans l’écluse de sortie de Saint Katharine Dock. « Avancez, avancez ! » fait l’éclusier apparemment confiant de la capacité de son écluse en mode « boite à sardines ». A la libération nos compagnons propulsés par leurs puissants moteurs s’élancent à la conquête du fleuve, malgré l’avis de coup de vent en cours (et sans même se donner la peine de préparer leur voile).
Quant à nous, peu motivées par la perspective de lutter contre les rafales annoncées en slalomant entre les engins de toutes tailles qui peuplent cette autoroute appelée Tamise, nous profitons de la toute petite fenêtre météo pour aller gentiment se poser 2.5 miles plus loin, rive sud, à South Dock marina.
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On en profite pour vous faire partager notre expérience des marinas londoniennes. Il y en a trois : Saint Katharine Dock (centrale, mythique, service impeccable - 40 euros pour un bateau de 8 m), Limehouse Marina que nous n’avons pas visitée et South Dock Marina, que nous avons beaucoup aimée. Déjà elle est nettement moins chère (25 euros, prix moyen de toute marina en GB de toute façon), l’éclusier ouvre à la demande (PM-2.5 + 1.5) et papote au passage. Le bassin se trouve dans un quartier de vieux entrepôts rénovés. Ici pas de 40 pieds clinquants, pas de vedettes à moteur, mais principalement des péniches et des bateaux habités à l’année ! On va faire les courses à pied au Tesco, le plein d’essence avec les jerrycans dans le sac à dos, ambiance calme, détendue et conviviale. La station de métro Canada Waters sur la Jubilee line dessert le centre-ville. Bref notre bon tuyau si vous voulez visiter Londres en voilier !
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Vue sur Canary Wharf depuis la London South Docks marina.
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24 mai 2011 : Londres – Ramsgate (73 miles)
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La Tamise, toujours aussi bucolique
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Allez, assez profité de la vue sur les tours de Canary Wharf, il est temps pour notre voilier impatient de décoller du centre-ville pour rejoindre la mer. Sur la queue de la dépression de la veille nous surfons entre les quais de la Tamise. Ça va vite, très vite même, le courant aidant. Les points de repères défilent : Greenwich, le barrage à marées, les usines exhalant leurs odeurs diverses et particulières… puis viennent le terminal à porte containers, la raffinerie, et enfin, la mer ! On salue au passage nos amis les forts de Shivering Sands, aussi appelés forts Maunsell, bâtis pendant la 2è guerre mondiale, dont Didier nous a finalement révélé l’histoire dans le Saltimblog, merci à lui !
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Première à droite en sortant on atterrit sur Ramsgate, de nuit donc, car telle est maintenant notre habitude dans ces lieux.
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Tout ce qu’on a vu de Ramsgate
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25 mai 2011 : Ramsgate – Douvres, 23 miles en 4 heures :o)
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Départ avec la marée sous le soleil. Toute la toile, puis à peine un ris, Saltimbanque glisse le long des falaises blanches, croise un petit phoque et arrive au prochain port d’abri avant le déjeuner – et le coup de vent suivant...
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South Foreland, frontière entre la Mer du Nord et la Manche
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26 mai 2011 : coup de vent, journée au port
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Lumière de grains sur le château de Douvres
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Journée dodo, bricolo, météo. Plus de 50 nœuds de vent dans le port puis la tempête s’arrête subitement à la suite d’un gros orage de grêle.
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27 mai 2011 : 38 miles et un demi-tour
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La météo nous promet un petit créneau de vent maniable avant la prochaine dépression : 24 heures pendant lesquelles nous voudrions rejoindre le prochain abri, Eastbourne, à 45 miles au Sud-Ouest. Mais le vent est pile dans l’axe et un voilier ne peut pas avancer face au vent, il doit zigzaguer (tirer des bords) ce qui double la distance à parcourir.
90 miles au près donc, face à la mer qui a levé hier, en moins de 24 heures... on part sans trop y croire.
Le bulletin météo de 13 heures nous promet SW 5-7b fraichissant 8 « plus tard ». Après vérification cette indication laconique signifie « plus de 12 heures après l’émission du bulletin », soit 1h du matin.
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Retour à Douvres...
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Force 8 dans 12 heures, la fenêtre est en train de se refermer sur nous, nous faisons demi-tour et retournons nous abriter à Douvres. Au vu des autres sites météo, les anglais du Metoffice étaient les seuls à avoir annoncé ce coup de vent si tôt, et la nuit est calme... C’est donc un peu frustrées et en colère contre le Metoffice que nous nous apprêtons à passer le weekend à Douvres.
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Douvres et son grand et très actif terminal de ferries
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28 - 29 mai 2011 : Douvres, au port
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Qui a dit qu’on barrait comme un pied ??
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8b de Sud-Ouest dehors, mer forte dans le Palais de Calais... ce sont les conditions rêvées pour faire le ménage, la lessive, les courses au marché, et même aller au ciné.
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Dimanche nous marchons un peu le long des falaises jusqu’à Folkestone, la mer déchainée est belle vue de haut.
Finalement être coincés au port de Douvres était sans doute un moindre mal. La marina est relativement bon marché (moins de 20 livres), le personnel très sympa et présent 24h/24, il y a tous les équipements nécessaires (y compris un poste internet en libre service), un centre-ville animé et une bonne ambiance sur les pontons. On se salue entre réfugiés du coup de vent : « ah, vous aussi, vous êtes coincés ici depuis 4 jours ? ». L’occasion aussi de parler un peu néerlandais avec un voisin de ponton en provenance de Scheveningen qui espère rallier Falmouth avant jeudi, pour s’aligner au départ de la course en solitaire « Açores and back » avec son 9.60 m de course, qu’il a partiellement conçu lui-même. A l’heure d’écrire ceci il a bien pris le départ, on le suit attentivement sur www.homeofjazzracing.nl. Succes Marteen !
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J’aime Dover et sa falaise...
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Conclusion de ce weekend : si vous voulez des renseignements touristiques sur Douvres, demandez-nous, on connaît !
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Douvres, d’accès facile en ferry, vous profiterez de la plage et pourrez pratiquer les sports nautiques!
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30 - 31 mai 2011 : Douvres – Brighton via Wight (180 miles navigués)
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Pas de coup de vent pendant 3 jours, cette fois c’est la bonne, on décolle enfin de Douvres avec l’intention de faire de la route. Départ idyllique : vent dans la figure faible et mollissant, courant contre, brouillard...
Et c’est parti pour une très très longue nav, où les conditions ne resteront pas stables plus d’une demi-heure nous obligeant à manœuvrer constamment : pas de vent, puis trop, puis grain, et le vent qui tourne avec la côte que nous longeons afin de toujours rester pile face à nous. Prendre 1 ris, prendre le 2ème ris, relâcher un ris, mettre le foc, remettre le génois... et tirer des bords encore et encore entre la côte et le rail des cargos. Pour couronner le tout, la nuit venue le vent et la mer forcissent, et il pleut...
Mardi même tableau mais sous le soleil et moins de vent... jusqu’à ce que Camille soit expulsée de sa banette par un gros coup de gite.
« Encore un grain Laure ?
- Euh non là y a pas de nuage c’est bizarre...
- Ah bah on va réduire la voilure alors ! »
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2 ris foc, et là on capte le bulletin météo à la radio VHF : « Beau temps partout sauf coup de vent au sud de l’île de Wight » On vous laisse deviner où nous sommes à cet instant précis...
Saltimbanque tient bien son près dans 6b mer forte, et on rassemble nos forces pour les 20 derniers miles vers le Solent.
Dernier coup de théâtre de la journée : le vent mollit mais pas la houle, le courant renverse, le moteur se met en alarme : le Solent se refuse à nous.
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L’île de Wight définitivement trop au vent pour cette fois...
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Demi-tour, l’île de Wight s’efface dans le coucher de soleil tandis que nous fonçons au portant (enfin !) vers Brighton où nous arrivons aux premières lueurs du jour (soit 4h du matin ici !). De nuit l’entrée du port n’est déjà pas facile à voir noyée dans les innombrables lumières de la côte, mais de jour ça ne s’améliore pas. En fait l’entrée est très à l’est de la ville et ses lumières, là où les falaises recommencent, les digues se détachant un peu en foncé sur le fond de craie blanche (mais on est contentes d’avoir un bon GPS en ce petit matin)
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Le passage entre les 2 digues et masqué en venant de l’ouest
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Le mystère de l’alarme du moteur est vite résolu : en fait l’alarme sonnait en continu mais faiblement, aucun voyant ne s’allumait et tous les points de contrôle (huile et eau notamment) étaient bons. Après une nuit au sec plus de problème : on pense que les paquets de mer pris la veille sont entrés dans le haut-parleur de l’alarme et l’ont court-circuité. On assèche bien tout avant de re-étanchéifier l’ensemble. On fait quand même une vérification de routine par un mécano qui confirme notre hypothèse et nous rassure quant à une petite fuite persistante sur la pompe à eau.
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2-3 juin 2011 : Brighton – Guernesey (145 miles)
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Enfin du vent de Nord-Est ! Portant donc. On décide d’en profiter pour traverser, tant pis pour Wight. Le vent est prévu modéré et même (trop) fort sur l’est de la Manche. Nous partons donc avec le courant pensant faire d’abord un grand bord vers l’ouest pour s’écarter du coup de vent. Mais en guise de portant, cette nav commence par une heure de... près... puis 10 heures de moteur (merci Nestor !)
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C'est calme...
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Le vent se lève à la tombée de la nuit, on prend même rapidement le 1er ris. La nuit se passe bien, nous avons réussi à éviter le gros du coup de vent mais pas sa houle. La mer forcit et nous barrerons presque tout du long. Finalement au matin au large du cap de la Hague le vent atteint 25 nœuds et la mer est très formée (le fort courant contre le vent creuse les vagues) Saltimbanque part au surf : 11 nœuds sur une grosse vague sous 2 ris et un tout petit bout de génois.
Pendant ce temps ça bouge pas mal non plus dans l’oreille interne de Laure. Bientôt 3 semaines en mer et les premières grands nav sans problème nous avaient laissé espérer une victoire définitive sur le mal de mer : erreur ! Une fois établi le mal de mer ne s’en va qu’au bout de plusieurs heures, il ne reste qu’à se résigner et attendre, de préférence accrochée à la barre à fixer l’horizon. Sur la gestion du contenu (temporaire) de l’estomac, quelques observations :
- il vaut mieux y avoir quelque chose que rien du tout
- dans le top 10 des aliments à éviter absolument, tout ce qui est trop salé (soupe instantanée…) ou acide (coca, jus d’orange, et surtout les boissons énergétiques)
- la consistance est à prendre en considération également, ce qui est granuleux dans un sens le reste dans l’autre (barres de céréales)
- finalement restent comme valeurs sures la banane, ou bien si vous ne voulez pas gaspiller tout le régime en une nuit, une bonne bouteille d’eau sucrée !
Cet épisode a duré tout de même moins longtemps que d’ordinaire, peut-être grâce aux patchs de scopolamine portés les nav précédentes qui ont permis de s’amariner progressivement.
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Vive le courant!
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Finalement le gros temps s’arrête d’un coup comme le courant renverse : le vent apparent diminue de 6 nœuds (3 nœuds de courant contre deviennent 3 nœuds de courant avec) et la mer se lisse. Nous passons le phare des Casquets sous le soleil et prenons l’autoroute de Guernesey à près de 9 nœuds sur le fond.
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Arrivée à Saint-Peter de Guernesey par le nord (chenal de Little Russel), et là c’est le choc : après 30 heures en mer, nous sommes soudain assaillies par la foule (c’est une étape du trophée Tresco, une régate d’amateurs bretons) : le port est plein, tout le monde parle français, ça nous fait bizarre après 2 ans de navigations à l’étranger.
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Même le formulaire d’entrée à Guernesey nous semble surréaliste !
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On retrouve finalement notre équilibre (ah là là le mal de terre...) autour d’une pinte et d’un bulletin météo, et planifions la suite de notre voyage...
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