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-- 08 au 18 février 2012-- |
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Les Grenadines... rien que le nom fait rêver ! Mais tant qu’à appeler cet archipel du nom d’un sirop, « menthe glaciale » nous aurait semblé plus approprié tellement l’eau prend des teintes de bleus surréalistes... D’un lagon à l’autre Saltimbanque fait le tour de ces îles magiques...
Plus d’images dans nos pages "Photos" et "Films". Attention certaines images peuvent heurter la sensibilité des yeux habitués au gris urbain des cités du nord de ce monde...
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214 milles navigués
7871 milles parcourus depuis le départ
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8 février: Hillsborough – Petit Saint Vincent (11M)
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Aujourd’hui nous changeons de pays ! Mais pas de manière officielle : le prochain bureau de douane se trouve à Union un peu au vent et nous souhaitons d’abord aller à Petit Saint Vincent (ou PSV) tout près de Carriacou. Une certaine tolérance semble de mise pour un court séjour et nous y allons donc en « pirate ». Nous verrons d’ailleurs de nombreux bateaux arborant toujours le pavillon de Grenade et qui ne sont certainement pas très en règle non plus !
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Petit Saint-Vincent, l’île-hôtel
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C’est parti pour quelques bords de près, nous hissons notre cher foc tout réparé sous une pluie battante et un ciel tout gris. Bof, certainement un grain, assez fréquent par ici, ça ne va pas durer... Mais la pluie dure, dure... Heureusement la visibilité s’améliore un peu comme nous entrons dans le lagon de PSV. On remonte la file de bateaux mouillés, arrivons au niveau des catas. 3m50 de fond sur du joli sable, parfait, on mouille ! On tire bien sur la chaîne pour être sûres de tenir, on range vite vite le bateau et on va se cacher à l’intérieur comme un gros nuage de pluie arrive de nouveau... Et c’est le déluge toute l’après-midi, c’est chouette les Antilles ! Et pourtant la mer est toujours bleue turquoise fluo même sous un ciel de plomb...
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Pas la peine d’aller aux Antilles pour avoir un temps breton!
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Finalement on n’est pas trop frustrées de ne pas avoir le droit de descendre à terre!
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Une éclaircie se pointe, on saute à l’eau à la découverte des fonds. Ils sont d’un blanc immaculé ! On s’approche du récif de corail mais le courant est très violent et on retourne nager auprès de la plage. L’île tout entière est une propriété privée, un hôtel de luxe géant, mais ils n’ont pas pu privatiser la plage – dommage ! Du coup on est une douzaine de bateaux mouillés, à y débarquer et à observer les habitants de l’île qui se promènent en voiturettes à golf. L’eau est rendue fraîche en surface par la pluie. Retour au bateau nous prenons carrément un bain d’eau douce pour nous rincer, l’annexe ayant récolté pas moins de 35 litres d’eau de pluie pendant cette magnifique après-midi !
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9 février : PSV – Clifton à Union (5M)
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Réveil sous un grand ciel bleu, c’est pas mal non plus quand le soleil brille ! D’autant plus que notre mission ce matin est de s’extirper du lagon de PSV en passant entre 2 îlots de sables minuscules : Punaise à notre gauche et Morpion à notre droite. Un petit relèvement de sécurité sur le sommet de Petite Martinique pour assurer et on passe sans problème, cap sur l’île d’Union.
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On passe juste en la Punaise...
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... et le Morpion !
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A l’entrée dans le port de Clifton, nous faisons le tour du pâté de corail au milieu (judicieusement nommé le récif « rond-point » et facilement visible dans l’eau claire) et mouillons dans 6m d’eau parfaitement turquoise. Notre premier « Boat Boys » arrive à notre hauteur. Les blogs de nos copains nous avaient prévenues : ces gars en barque rapide viennent vous harceler à peine entrés dans une baie pour vous vendre du poisson, des T-shirts, du shit et j’en passe. Celui-ci nous propose un coffre si l’on veut. On répond en souriant que non, nous préférons mouiller notre ancre, et il passe son chemin. Les autres boat boys nous saluerons très cordialement mais ne s’arrêteront pas, parfait !
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L’empêcheur de mouiller en rond : le redouté « boat-boy » avec son moteur vombrissant
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Nous sommes ici pour faire les formalités d’entrée dans l’état de Saint Vincent et n’attendons pas grand-chose de cette île. Bonne surprise : l’eau est incroyablement belle, le port tout mignon encerclé par ses récifs est aussi une base de kitesurfers qui semblent voler entre les petits îlots et les bateaux au mouillage. Tiens, c’est joli, en fait ! Débarquement sur la plage (ou au ponton du yachtclub mais payant), approvisionnement correct sur la place du marché (sauf en eau, rare et souvent coupée), multiples bars avec internet. Les formalités se font au petit aéroport de poche, d’abord les douanes (71 $EC pour deux personnes) puis l’immigration. Et nous voilà parties à la découverte de ce nouveau bout de terre. Première constatation : c’est sec ! Pas désertique bien sûr, toute l’île est quand même couverte de végétation, mais il s’agit d’épineux, d’arbustes bas, et ... de cactus ! Ces trucs à épines de toutes formes nous manquaient presque depuis les Canaries. Le relief est déchiqueté, les roches basaltiques qui affleurent çà et là trahissent l’origine volcanique de l’île. Le sommet principal, pointu, donne à l’île une silhouette distinctive, mais n’est pas assez haut (un peu plus de 300m) pour retenir les nuages. D’où le manque (relatif) d’eau. On gravit une petite colline pour admirer la vue sur les Grenadines depuis l’un de ces innombrables fortins vestiges des luttes anglo-françaises. Naviguer dans un archipel est amusant car on voit toujours plusieurs îles à la fois, au détour de chaque nouvelle perspective on peut jouer à les reconnaître, on se voit se déplacer dans une carte géante.
La baie qui s’ouvre sous nos pieds est d’une couleur à couper le souffle. Saltimbanque, tout en bas, vole plus qu’il ne flotte. On peine à s’arracher à cette vue, pour redescendre de l’autre côté de l’île, le long de la plage nord déserte car exposée au vent. On passe entre la plage et un marais salant aux allures de mangrove, avant de retourner vers la ville par « l’autoroute » (comme dit un gentil monsieur qui nous indique notre chemin sans qu’on n’ait rien demandé).
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Vue sur le port, avec dans le lointain Petit Saint Vincent et Petite Martinique
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Au bout de cette piste de béton (et après avoir croisé au moins 2 véhicules), on arrive à Ashton. Située sur la côte sud également mais plus à l’ouest que Clifton, cette bourgade est restée en marge du développement touristique, bordée par une mangrove et une baie d’eau peu profonde. Près des petites maisons créoles colorées à linteau de bois blanc, des chèvres broutent. Au bout de l’embarcadère une seule barcasse et une jolie vue sur l’île Frégate, escarpée et à pic. Les vestiges d’une marina en construction abandonnée sont à peine visibles au milieu du marais. On longe la côte pour rejoindre Clifton.
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La baie devant Ashton et l’île Fregate
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Le soir, la ville s’anime un peu et accueille les touristes de ses deux hôtels et les plaisanciers dans quelques bars et restos. Pour fêter notre arrivée dans un nouveau pays, on dîne au « Lambi’s »... des... lambis ! Ce sont de gros coquillages (ceux dans lesquels typiquement « on entend la mer ») au goût très fin de crustacés. En fond sonore, des tubes des années 80 joués par un « steel band ». Abba et Bob Marley sur des casseroles et des boîtes de conserve, pas toujours facile à reconnaître ! Les instruments dérivés des ustensiles de cuisine traditionnels sont en fait très perfectionnés et étonnamment bien accordés.
Après cette bonne soirée, nous faisons un plein de courses avant de s’élancer vers les petites îles désertes et les lagons coralliens...
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Départ d’Union
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10 février : Union – Mayreau (Salt Whistle Bay) (5M encore)
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Le ciel est dégagé et nous profitons de chacun des 5 milles tout bleus qui nous séparent de notre prochaine escale, sur l’île de Mayreau. La navigation est facile : fond turquoise : moins de 10m d’eau, fond bleu marine : plus de 10m, fond marron : attention récif ! Délaissant le mouillage principal au sud-ouest de l’île nous allons directement dans l’anse de Salt Whistle, qui a la réputation d’être aussi jolie qu’encombrée. Réputation méritée, sur les deux points...
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On a le cœur Grenadines...
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... mais on n’est pas les seules ! (par contre on est les plus petits et de loin les plus mignons !)
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Saltimbanque avec son petit tirant d’eau se faufile entre les monocoques, puis les catas, et vient poser la pioche sur du beau sable par... 2m de fond, à moins de 50m de la plage! Comme ça on est sûres que personne ne viendra mouiller devant nous et risquer de nous chasser dessus. Coup d’œil circulaire : on est de très loin les plus petits du mouillage. Que de catas ! On est bien cachés entre tous ces bateaux de loc’ sans doute, c’est pour ça que les boat boys nous ont ostensiblement ignorées :o) Allez, on a mis plus de 10 fois la profondeur en chaîne : on tient. On contemple la jolie langue de sable plantée de cocotiers qui nous sépare du large. C’est beau ici ... Plouf ! Oh les jolis coraux... c’est TRES beau ici aussi! A peine séchées on profite des derniers moments de jour pour gravir la colline et visiter la fameuse petite église de Mayreau. Charmante, toute de pierres et de bois, et avec une vue imprenable sur les Tobago Cays. « Oh ça a l’air joli là-bas aussi... dis on ira? » « Oui on ira, demain si tu veux ! »
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La fameuse église de Mayreau
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La nuit porte peut-être conseil, mais elle apporte certainement des grains. Avec leurs fortes rafales. Pas rassurées malgré nos 25 m de chaîne et notre pioche bien crochée dans le sable, nous passerons une nuit d’insomnies à vérifier que nous n’allons pas nous éclater tel un moustique sur le pare-brise de l’énooorme catamaran de charter 20m derrière nous...
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11 février : Mayreau – Canouan (8M, grosse journée !)
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A la sortie du mouillage, au détour de la pointe Nord de Mayreau, Saltimbanque (en tenue légère : deux ris et notre foc chéri) danse sur des creux tout blancs d’écume. Le vent n’a pas faibli et souffle à bien 25 nœuds, on n’ira pas aux Tobago Cays aujourd’hui :o( Cap sur Charleston Bay sur l’île de Canouan donc pour s’abriter. Peut –être demain, le vent est prévu mollissant...
Dans une mer assez dure, on parcourt 8 milles au près, rincées par des embruns – et aussitôt séchées par le soleil. Pas fâchées d’entrer dans la large baie de Charleston un peu avant midi. Mais le vent ne se calme pas sur le mouillage, arrosé par les fameuses rafales catabatiques. Mais à présent on n’a plus peur de rien, on s’approche de la plage, puis de la falaise, bingo nous voilà à l’abri des rafales sur 3,5m de fond de sable, 30m de chaîne... c’est reposant de ne pas entendre le vent en permanence ! Deux boat boys nous accostent, l’un pour nous proposer une bouée (euh notre ancre est déjà dans l’eau et notre moteur éteint, t’es un peu tard mon gars) et l’autre pour nous demander où sont nos maris (gggrrrrr! Le respect dû aux locaux seul le sauve d’un lynchage certain, ne fût-ce que verbal).
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« Je voudrais une chambre avec les pieds dans la mer »
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Dans l’après-midi on débarque au ponton de l’hôtel Tamarind. C’est une habitude dans toutes les îles des Grenadines : des complexes hôteliers occupent toutes les plages :o( et construisent des pontons - que nous utilisons :o) A part l’hôtel et la base de location des voiliers Moorings (quelle référence !) l’île compte un petit aérodrome, quelques centaines d’habitants regroupés dans une bourgade miniature mais pourvue d’un terrain de cricket (eh oui, au final ce sont les anglais qui ont gagné...), quelques chèvres et deux canons au sommet de la colline. Le long de la côte au vent une grande barrière de corail crée un lagon aux eaux incroyables nommé «la piscine » et où tout capitaine rêve de pouvoir prendre son bateau en photo – mais tremble d’y mettre la quille.
Plus au nord, la route est brusquement, brutalement, voire même violemment barrée par une grille. Propriété privée, complexe hôtelier : ils ont construit un golf sur cette terre sèche... et planté des paillottes sur le lagon turquoise !!
Un peu déçues, on retourne au bateau voir si les poissons sont plus accueillants. La nuit nous amène encore quelques rafales jusque dans notre mouillage ultra protégé, mais rien de dramatique : demain c’est décidé, on part vers le lagon !
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12-13 février : Canouan – Tobago Cayes (9M, ça n’a pas été facile...)
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Youpie on part pour les fameux Tobago Cayes, la perle des Grenadines ! Oui mais quand on démarre le moteur ce matin-là, il crache, fume, s’étouffe, mais refuse d’accélérer. Pire on prend le jus par la manette des gaz, synonyme de fuite électrique, urgence vitale sur un bateau en alu... Fichtre... Le court-circuit est vite identifié et réparé, on réalise même une gaine en tuyau d’arrosage découpé en spirale autour des câbles pour bien protéger tout ça. Mais le moteur fume toujours. On nettoie le filtre à air, ça fume toujours par intermittence... On décide de faire des essais dans la baie, si ça tient on va sur les Tobagos, sinon route sur Bequia pour réparer. Au bout de quelques bords la fumée cesse, le moteur fait un bruit normal, le bouchon de suie semble évacué, cap vers le lagon ! La GV est déjà hissée depuis le départ du mouillage (plus prudent avec un moteur entre la vie et la mort :oS), on envoie le foc. A peine étarque-t-on la drisse que clac, l’étai volant lâche brutalement. En fait la manille qui fixe sur l’étrave une des poulies de notre palan d’étai volant a lâché. C’est pas possible tout le monde se ligue contre nous aujourd’hui ! On arrive finalement à repasser une autre manille et après 1 heure d’effort, nous prenons enfin le cap sur les désirés Tobago Cayes.
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Moins d’1.5m d’eau sous la quille, parfait !
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La nav se poursuivra sans autre péripétie et Saltimbanque entre dans le lagon tant convoité. Le moteur démarre au quart de tour et ne fume plus du tout, ouf ! Nous passons entre les îles de Petit Bateau et Petit Rameau puis continuons dans le lagon proprement dit. Une tache claire, des catamarans, très bien tout cela est signe de petits fonds de sable qui nous conviennent parfaitement. Alors qu’on manœuvre pour mouiller, nous sommes cernés par plusieurs tortues ! Elles sortent la tête ici, là, elles sont énormes !
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Sitôt le mouillage assuré (2m50 sur fond de sable, en évitant bien les herbiers) et le bateau rangé, nous sautons à l’eau à la première tortue qui passe. Inutile de la guetter fébrilement, il y en a partout au fond, elles broutent les herbiers du lagon. Instant magique, nous nageons à côté, presque à toucher, ces gros animaux tout placides, tout calmes et pourtant si élégants dans l’eau... Certaines ont des poissons pilotes qui leur nettoient la carapace, d’autres vous fixent de leurs grand œil comme on nage juste à leur hauteur, instants d’une rare poésie... Nous retournerons nager encore deux fois avec les tortues mais c’est lors de ce premier bain vers midi que nous en verrons le plus. Lors d’une baignade matinale entre 7 et 8h, nous verrons au même endroit des dizaines de raies, une « léopard » à pois avec une grande bouche carrée et un dard immense, et la plupart grises et plus plates, sans doute des raies « pastenagues ». Et à toute heure, on observe sur le même fond d’herbiers des lambis vivants : ces gros escargots des îles, à la chair réputée et aux coquilles typiques des stands pour touristes.
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Bonjour toi !
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Chacune son heure : la tortue...
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... et la raie ne se croisent pas toujours
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Autre site recommandé pour la plongée, la barrière de corail qui protège et le lagon des Tobago Cays. On y accède en annexe qu’il faut impérativement laisser à un coffre et non mouiller (pour protéger les fonds). Côté lagon l’eau est translucide, peu profonde, et abrite des petits coraux et poissons. Le paysage est intensément clair, la lumière à peine ralentie par la mince couche d’eau frappe le sable blanc, les poissons multicolores fourmillent, nageant fébrilement autour des coraux, toujours en mouvement pour résister au courant et aux vagues. Pour voir l’autre côté de la barrière, il faut nager contre ce courant, remonter les vagues qui brisent dans une mince pellicule d’eau, tous les muscles en action, concentrée pour ne pas taper les coraux. Soudain, on arrive de l’autre côté : c’est le silence, le calme, l’eau d’un bleu d’océan baigne un mur de corail sombre et déchiqueté qui plonge en pente douce vers le fonds. Le monde du silence. Le grand bleu. Des bandes de gros poissons passent majestueusement. Quelques barracudas les guettent (et guettent aussi l’étrange forme si malhabile de ses palmes, qui n’est alors pas très rassurée). Dans les coraux des poissons multicolores se poursuivent. Trop de formes, trop de couleurs pour essayer de tous les identifier. Les poissons perroquets bien sûr sont les plus reconnaissables. Et puis un poisson-coffre qui passe par là. Les poissons bleu nuit, en bandes nombreuses, sont curieux et se rapprochent du masque du plongeur qui s’attarde au fond : « regardez-moi bien dans les yeux ». Tellement de paysages sous-marins différents abritant une telle richesse de vie !
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Côté récif
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Côté océan
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On trouve 4 îlots inhabités (si ce n’est pas les vendeurs de souvenirs) dans le lagon des Tobagos: Petit Bateau, Petit Rameau, Barradal et Jamesby. Nous débarquons à la nage sur Barradal, apprécié par les familles pour sa chouette langue de sable blanc. Mais nous avons d’avantage aimé Petit Bateau que nous rejoignons en annexe. Le point-de-vue depuis son sommet sur le lagon et les autres îles des Grenadines est superbe et récompense une ascension un peu épineuse parmi les cactus. En redescendant nous assistons à la sieste d’un iguane qui se prélasse sur un tronc. Mais attention, un énorme iguane arrive derrière d’autres fourrés, et après une manœuvre d’intimidation avec la tête fonce sur le petit iguane ! Ils disparaissent dans les buissons dans un bruit de bagarre préhistorique...
Et puis il y a la plage qui donne sur Petit Rameau, magnifique chenal d’entrée dans le lagon... Le mouillage est superbe, mais les rafales s’engouffrent entre les deux îlots et accélèrent encore plus.
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Vue depuis Petit Bateau, sur Petit Tabac (et Saltimbanque !)
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Sur la plage de Petit Bateau
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Pour finir ce tableau, il nous faut parler des habitants des lieux. Tout d’abord les autochtones. La plupart sont « boat boys » et font du commerce avec les voiliers de passage. Là encore nous serons assez tranquilles, on imagine que l’aspect baroudeur de Saltimbanque les décourage de vouloir nous vendre une langouste hors de prix. Un seul viendra essayer de nous vendre un T-shirt, mais finalement voulait surtout discuter, demander comment c’était de traverser l’Atlantique, et passer quelques minutes sympathiques avec nous ! Les Rangers circulent également sur le lagon. Les Tobagos sont classés parc naturel et le mouillage y est payant (10 EC par personne et par jour). Il parait qu’ils s’acharnent sur les bateaux de charter (qui sont souvent 10 à 12 personnes à bord) et « oublient » souvent les bateaux de voyage moins rentables (en effet nous n’avons payé qu’une nuit sur les deux).
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Et donc enfin il y a des voiliers de passage. Une soixantaine lors de notre séjour dont un ketch gigantesque d’environ 50 mètres de long. 1/3 de monocoques et 2/3 de catamarans. Pas plus de 5 bateaux de voyage. Du coup on reste sur nos gardes : ce cata de 25 tonnes est-il bien mouillé ? Ne va-t-il pas nous chasser dessus ? Mouiller dans 20 – 25 nœuds de vent n’est pas chose courante en Europe et il est normal que le vacancier à la semaine n’ait pas forcément l’expérience de ce genre de situation. Mais les bateaux « avec skipper » ne valent pas toujours mieux. Celui-ci mouille si près que sa chaine est à 5m de notre ancre. Le chef de bord gonflé de prétention refuse de bouger, il faudra l’intervention de ses clients américains sur nos indications pour qu’il mette son bateau (et le nôtre :oS) en sécurité. Ont-ils eu peur qu’on leur fasse un procès s’ils nous faisaient chasser ? Mais à part cet incident, les choses se passent plutôt bien, et tout le monde arrive il nous semble à profiter de cet endroit extraordinaire à sa façon.
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Vue depuis Barradal
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14 février : Tobago Cays – Bequia (34 M, les choses sérieuses recommencent)
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Après une dernière plongée dans ces eaux si claires, nous partons pour l’île de Bequia au nord. Il y a du vent mais pas trop : on part du mouillage entièrement à la voile dans le chenal (c’est quand même plus élégant !) et on tire des bords bien entendu. La navigation se passe bien et nous entrons dans Admiralty Bay en fin d’après-midi. On a renoncé à compter le nombre de bateaux mouillés dans ce superbe abri naturel, là encore on croise des « méga yachts » à côté desquels les petits cargos locaux semblent ridicules. Celui-ci qu’on prenait de loin pour un paquebot de croisière n’est en fait qu’une grosse vedette à moteur privée :oS
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Admiralty Bay : bien protégée – et ça se sait
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On mouille pour la nuit en face d’une petite plage à Princess Bay. Fonds moyens de sable très dur et herbes avec quelques débris, ça vaut le coup de plonger voir son ancre... La plage est jolie et il paraît qu’il y a un bar avec wifi pas loin, mais nous resterons à bord en autistes – à part quand nos voisins américains passent en annexe... mais oui c’est bien Norna, le beau bateau en bois à bord duquel on a passé une soirée musique si sympathique à San Sebastian de la Gomera ! Sympa de les revoir de l’autre côté ! Sentiment de se retrouver en famille, après la traversée des Grenadines en compagnie exclusive des gros bateaux de loc’.
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15 février : Petit Nevis (19 M, tout ça pour ça...)
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Petit Nevis est une île déserte située juste au sud de Bequia. Pendant longtemps elle fut la base locale de chasse à la baleine, et abrite encore d’après notre guide des baraques, des chaudrons et des ossements de cétacés.
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Sur Petit Nevis il ne reste que quelques rares chèvres
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Super on y va ? Allez hop, l’ancre est à bord, la météo prévoit 4 – 5 b de NE, parfait. Mais dès quitté l’abri du mouillage on se rend compte qu’il y a beaucoup plus de vent que prévu. Au sud de Bequia on tire des bords dans 6b, mais heureusement on n’a pas trop de courant de face. Arrivées à Petit Nevis, pas beaucoup de place pour mouiller, l’endroit est arrosé de rafales, heureusement le fond semble de sable de très bonne tenue (mouillage par 4 à 5m de fond). On descend à terre à la nage car on ne voit pas trop où on pourrait débarquer en annexe, le ponton cité dans nos guides a disparu. A terre la visite est très décevante. Il ne reste plus rien, un chaudron rouillé à moitié défoncé, de nombreuses ordures. L’île n’est pas extraordinaire et depuis ses hauteurs on a une excellente vue sur... un énorme grain qui fonce sur nous.
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Retour au bateau, il pleut, il vente, il grisaille... Retour à Bequia pour la nuit, le vent n’a pas molli bien au contraire et on prend le 3ème ris à la pointe. Un peu après le temps s’améliore et s’éclaircit et nous permet de remonter à la voile assez loin dans la baie. Cette fois nous mouillons au nord de celle-ci, un peu plus près du bourg de Port Elisabeth. Les fonds sont irréguliers, passant rapidement de 2 à 10m. Du sable et des herbiers. Finalement on mouille la pioche par 3,5m de fond et le bateau cule sur 7m d’eau. Le fond est assez malsain, une petite couche de sable sur une dalle de pierre, beaucoup de débris, de coffres et d’autres bateaux. Malgré tout nous tenons dans les violentes rafales des grains de la soirée, heureuses d’avoir encore une fois mouillé nos 30m de chaîne par défaut ! On débarque à un des pontons juste à côté. Tous les services sont largement disponibles à Port Elisabeth – et même annoncés sur des tracts distribués par des boat boys.
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Ciel lourd de conséquences
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Programme pragmatique de la journée : formalités de sortie du territoire, petites courses, prise de météo, préparation du bateau et bonne nuit avant la longue nav prévue le lendemain sur la Martinique. A la limite une petite balade rapide sur le fort en haut de la butte, offrant une vue magnifique sur la baie de l’Admiralty au soleil couchant.
C’était sans compter sur ce petit bateau gris au milieu de la baie. Il a une bonne bouille, on engage la conversation : Delphine et Matthieu sont partis il y a 2 ans et demi de Bretagne et font leur tour d’Atlantique (voire plus ?...) sans se presser sur leur Super Arlequin « Ding Dingue ». Chouette un nouveau petit bateau de jeunes, ça doit faire au moins 5 depuis le départ ! Du coup le rendez-vous est pris le soir pour un « petit apéro rapide », une très bonne soirée comme on n’en avait plus fait depuis bien longtemps ! |
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17-18 février : Bequia – Le Marin en Martinique (123 M)
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C’est donc bien reposées à 6h, euh non plutôt 7h - et finalement 8h que nous partons. La météo est clémente, l’Alizé étant prévu à 3 – 4b, bien en-dessous des 5-6 habituels. Les conditions sous le vent des îles étant ce qu’elles sont (pétole, puis rafale surprise à 30 nœuds, puis pétole, puis effet de pointe etc.), nous décidons de passer à leur vent.
Mais une fois à l’est de Saint-Vincent, le vent mollit vraiment beaucoup et nous ne parvenons plus à passer la houle assez cassante... Nestor vient appuyer nos voiles et nous avançons lentement le long de la côte inhospitalière, en évitant de trop penser que le vent et le courant nous portent dessus... Une fois enfin dégagées, le vent refuse, c’est décidé, nous passons sous le vent de Sainte-Lucie !
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Passage au vent de Saint Vincent
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Et bien nous en a pris ! Dans le chenal entre les deux îles, le vent forcit un peu par effet Venturi, nous permettant d’avancer. Puis même s’il mollit un peu sous l’île, la mer est plate et nous faisons quasiment tout le chemin à la voile pure. La nuit se passe donc lentement mais surement au pied des fameux 2 pitons de Sainte-Lucie, que nous ne verrons qu’en ton de noir sur ton de gris ! Au nord de Sainte-Lucie le vent fraichit encore (on a même pris un ris pendant quelques heures !). Conditions parfaites pour atterrir sur l’île de la Martinique, et même en plein sur le fameux rocher du Diamant.
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Arrivée sur le Diamant de la Martinique
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La suite sera plus longue, beaucoup de bords à tirer pour atteindre le « cul-de-sac-du-Marin » (sisi !) en compagnie (très éphémère...) de nombreux bateaux de régate de la « transquadra ».
Arrivées au fond du cul-de-sac, le plan d’eau est couvert de bateaux : 750 au ponton, peut-être 200 sur bouées et au moins autant au mouillage... Ayant prévu de laisser Saltimbanque quelques jours ici, nous devons trouver une bonne place... Ici il y a trop de fond, là trop de coffres le fond est surement encombré de débris, ici il y a trop de bateaux, et là on est trop loin du ponton de débarquement... Après près d’1 heure de recherche on se décide par 7m de fond avec un orin (un bout attaché à l’ancre et ramené en surface par une bouée, pour aider à dégager la pioche si celle-ci est coincée dans un débris) L’eau n’est pas très claire mais Laure arrive tout de même à descendre voir la qualité de notre mouillage : ouf l’orin ne gêne pas et le fond est de vase très molle, ça devrait tenir.
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Le Marin : jamais vu autant de bateaux dans une même baie !
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Nous voilà de retour en France, quittée aux îles du Salut début janvier !
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