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Mindelo - Santo Antão
 
-- 27 novembre au 7 décembre 2011 --
 
Mindelo l’effervescente bouillonne de voiliers en partance pour la transatlantique, tandis que sur l’île voisine de Santo Antão rien ne dérange les chèvres crapahutant dans les vallées encaissées.
Plus de photos à pic dans notre page "Photos"".

0 miles navigués mais quelques kms à pied !
Toujours 4803 miles parcourus depuis le départ
Notre escale : Sao Vicente – Mindelo (mouillage)
 
27 au 29 novembre, Mindelo
Nous voilà arrivés à Mindelo, dernière étape avant la transat et aussi première vraie ville accessible depuis Santa Cruz de Ténérife (on ne compte pas Dakar où il ne faisait pas très bon sortir le soir...). Nous profitons donc des facilités offertes à terre : internet sur la place de l’église (enfin quand il veut bien marcher), supermarchés (enfin quand ils sont approvisionnés notamment en beurre en boite, denrée rare !), restaurants de langouste et poissons grillés, marchés aux légumes enfin bien fournis, et même la plage de la ville plutôt attrayante.
Port de pêche de Mindelo, les poissons sèchent même en pleine ville

Notre pêche de la nav depuis Santa Luzia (3 coryphènes et une carangue), et l’héroïque « poulpi-maison » responsable de ce bon repas !
Notre vie sociale ne mollit pas, mouillés à quelques encablures de Ster-Vraz et de Cupidon, nouveaux venus au club des moins de 30 ans sur bateau de moins de 10m (une Véline en acier de 9m). Les poissons péchés le premier jour sont dégustés à 6 dans le carré de Saltimbanque, en une tentative désastreuse de beignets de poisson (la pâte était tellement liquide qu’on l’a finie en délicieuses crèpes le lendemain !) Du coup ça s’est transformé en poissons frits, mais personne n’a eu l’air de trop nous en vouloir :oS Alors que nous sommes tous les 6 attablés, un intrus s’invite : une paire d’antennes émerge derrière le vaigrage de la cuisine... aaaaaahhhh ! Nous nous félicitions d’avoir échappé aux cafards jusqu’à présent, c’est fini, nous ne serons plus jamais seules à bord ! (à noter que Cupidon voient leur premier équipier à 6 pattes le lendemain même... une épidémie).

On retrouve également Philippe sur Aumadatroi, et ses équipiers transateux, qui viennent déjeuner sur Saltimbanque. Rien de tel pour apprécier le confort de leur catamaran !
Le mouillage ne bouge pas sur ce fond de vase molle d’excellente tenue, malgré les fortes rafales qui balayent parfois le plan d’eau depuis plusieurs jours. On rajoute tout de même une deuxième ancre en plomb de sonde pour avoir l’esprit tranquille, et laissons Saltimbanque quelques jours sous l’œil bienveillant de Ster-Vraz pour aller explorer l’île voisine en ferry, Santo Antão n’offrant pas de mouillage sûr.
30 novembre au 2 décembre, Santo Antão
Départ matinal avec le premier ferry pour l’île de Santo Antão en face. 1h de trajet dans les effets venturis du canal plus tard, nous débarquons à Porto Novo. Pour cette première journée nous voulons explorer l’ouest de l’île, peu couru. Nous avons quelque peine à trouver un aluguer pour cette destination, mais au final nous parvenons à Curral das Vacas.

La baie de Mindelo au petit matin
Le départ du sentier n’est pas évident à trouver malgré notre carte détaillée de l’île (investissement indispensable au point info de Mindelo ou Porto Novo), nous demandons notre route à la merceria locale (petite boutique d’alimentation). Une dame aux cheveux blancs en chignon, vêtue d’un tablier impeccable, sort de sa boutique proprette pour nous montrer le chemin. Dans un portugais ponctué des quelques mots de français qu’elle connait, s’enquiert de savoir où nous allons, si nous avons assez d’eau, nous indique où nous pouvons dormir sur la route si besoin, puis nous souhaite une bonne journée avec un grand sourire. Les gens sont décidément extrêmement aimables dans ce pays...
C’est parti, on lève les yeux : ah c’est en haut de ce plateau là qu’on doit aller ?? Genre la paroi abrupte de 800m de haut devant nous là? Sisi il y a un chemin qui y va, mais ça grimpe dur, et il fait chaud aux alentours de midi... Près de 2 heures d’efforts et 3 litres d’eau en moins plus tard nous sommes récompensées par une vue absolument sublime sur la vallée de Curral d’un côté et le plateau du Norte de l’autre.
La vallée de Curral das Vacas

Tope de Coroa
La descente sur le plateau nous offre des couleurs plus chaudes et des formes plus rondes, notamment un magnifique point de vue sur le point culminant de l’île, le Tope de Coroa, malheureusement inaccessible à pied sans guide. Sur le plateau nous croisons beaucoup de chèvres, poules, papayers, bananiers, cannes à sucre... et surtout quelques paysans qui parfois nous hèlent de très loin quand nous nous égarons (il y a beaucoup de petits sentiers entre les habitations clairsemées et les champs, rien n’est fléché).
Puis c’est la descente vertigineuse le long de parois verticales jusqu’à Ribeira da Cruz. C’est raide à en faire mal aux jambes, les paysans qui travaillent dans les cultures en terrasse autour montent et descendent chargés de lourds fardeaux... on se sent tout petit ici...

Début de la descente

Un paysan qui cultive son champ en terrasse
Ce soir-là est un grand jour, le jour de la Saint André bien sûr ! C’est la fête au village, sous une grande tente une piste de dance, la sono joue des tubes modernes re-mixés à la sauce locale parfois, qui font écho sur les falaises alentour. Tout le monde est déjà bien éméché et nous n’avons aucun mal à trouver un verre de pontche dans une petite baraque adossée à un muret ; par contre pour dîner... on demande à la petite dame où se restaurer en ville « aqui es possivel » qu’elle dit. Ah bon, pourtant son kiosque ne paye pas de mine... 5 minutes plus tard nous sommes invitées à « passer à table » dans l’arrière-boutique, où nous découvrons deux couverts dressés et un plat de riz-coq-manioc absolument délicieux. « Mais vous avez déjà mangé ? » s’enquiert-on. « Oui oui, mais on en avait fait plus que nécessaire au cas où... » nous répondent-ils dans un sourire...

La nuit à la pousada du village (1500 escudos la chambre) sera très bonne, dans un grand lit qui ne bouge pas pour la première fois depuis quatre mois et demi. Nous avons adoré cette partie de l’île pas du tout touristique, un grand moment Capverdien !

Les deux jours suivants seront plus conventionnels comme nous rejoignons le massif Nord-Est plus visité. La descente de Cova de Paul à Janela n’en reste pas moins splendide malgré une partie dans les nuages, comme toute randonnée au-dessus de 1000m qui se respecte ! Des forêts de pins au sommet, nous descendons dans les cultures de bananiers. Passage par Paul où nous visitons une « trapiche », distillerie de rhum artisanale où la presse est encore activée par des bœufs. Puis tant bien que mal nous rejoignons Cha de Igreja avec le dernier aluguer de la soirée. Cette petite ville, point de départ du fameux sentier côtier, est habituée au passage de groupes de touristes. Les enfants y lancent des « money, caneta, bonbons », les auberges sont chères. Nous trouvons finalement à passer la nuit chez l’habitant pour 1500 esc (le patron du kiosque de la place, qui partage son dîner « cachupa – frites – œufs »), mais ne retrouvons pas la chaleur de la veille. Nous rentrons le lendemain sur Porto da Cruz par le sentier côtier.

La magnifique vallée de Paul

Le village de Fontainhas le long de la route côtière
Retour à Porto Novo pour y prendre le ferry. Mais avant nous voulons remplir notre cave bien vide avec quelques bouteilles de grog local, le meilleur du Cap Vert. Nous nous renseignons un peu et on finit pas nous indiquer une porte ouverte, là, cette petite maison blanche. On entre, une vieille dame émerge de l’obscurité et nous salue dans un créole incompréhensible. Heureusement nous connaissons nos classiques : « Moi veux grog » qu’on lui fait comprendre en lui montrant nos bouteilles d’eau vides. « Oui bien-sûr, combien de litres ? » dit-elle calmement en sortant un jerrycan en plastique et un entonnoir. Au final nous repartons avec 6L de grog et une petite bouteille de pontche (cadeau) pour environ 23 euros, soit moins de 4€ le litre de rhum agricole, imbattable ! (et en plus, ça sert aussi de désinfectant, d’achève-poissons, d’alcool à brûler...)

Retour à Mindelo, heureuses et vannées, pour retrouver notre annexe toujours cadenassée, mais le câble emberlificoté autour de l’hélice qui a manifestement tourné, le réservoir d’essence siphoné... On en profite pour donner notre opinion (qui n’engage que nous) sur la marina de Mindelo : un mauvais rapport qualité-prix. Y débarquer en annexe coûte 4 euros par jour sans aucun service. Les douches sont froides (et inaccessible aux bateaux au mouillage), l’eau est payante en sus du prix de la place, déjà aux standards européens. Les places sur pendilles sont très rouleuses et le personnel parfois peu aimable. Et surtout la sécurité laisse à désirer, un ponton a été visité pendant qu’on y était. Certes c’est le seul ponton du Cap Vert, mais on trouve qu’on est bien aussi au mouillage !
 
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Du 3 au 7 décembre, Mindelo, préparation à la transat
De retour au port, nous sommes saluées par un coup d’Harmattan. Le vent monte à 25 – 30 nœuds et une poussière rouge se répand sur la ville, s’incrustant partout. Le ciel est gris, et même il pleut presque, vous savez cette eau douce en gouttes qui tombe du ciel dans certaines régions polaires... Le mouillage tient mais les déplacements en annexe sont difficiles. Malgré tout, les copains convergent sur Saltimbanque pour un apéro-dinatoire réconfortant : Ster-Vraz bien-sûr, Traou Mad arrivé deux heures plus tôt, et Cupidon, partis puis rentrés suite à des problèmes de batterie. Nous saluons également le départ d’Aumadatroi, un brin stressé... T’inquiète pas Philippe, ça peut aussi bien se passer !

Mais si on rentre à l’aise à 8 dans ce bateau !
Laure essaye le spot de kite-surf de l’île à la plage de Salamanza, mais les vagues sont très fortes pour une débutante. Elle réussit tout de même 2 jolis bords avant d’arrêter, son aile une Nième fois roulée par une déferlante de 2 – 3 m de haut...

Puis on se lance dans les derniers préparatifs pour la transat. Pleins en tout genre (eau, gaz, diesel, bouffe), quelques petits travaux d’entretien (une couture sur la GV, fixation du halebas de bôme par une manille textile, préparation d’un nouveau boulon pour le reniflard quand celui-ci se mettra à fuir), et grand ménage pour se sentir bien dans notre intérieur ! Nous sommes toujours en attente de notre coupleur de batterie, mais le courrier n’arrive pas... Alors on attend en espérant (en portugais attendre et espérer se disent de la même manière, « esperar » !)... La ville également se pare de guirlandes lumineuses et de sapins en plastique, des chants de Noël résonnent, parlant de neige et de froid ; quel décalage avec le ciel bleu qui nous accompagne en un éternel été depuis 6 mois ! On est rappelées au bon souvenir du cycle des saisons et des rites immuables, et on a une pensée pour nos proches en Europe : Joyeux Noël à vous, on pensera à vous au milieu des vagues...

Laure en pleine préparation pour les Antilles
Et surtout on parle de la météo, de la distance, des ports d’atterrissages des uns et des autres. Tous les jours des bateaux quittent le port, tous pour 2 à 3 semaines de mer. An Tarz est parti, 3 Gouttes peaufine sa fixation d’étai volant, Cupidon teste sa batterie à fond, Ster-Vraz repasse sa bosse d’enrouleur, et Traou Mad va crapahuter à Santo Antão loin de toute cette agitation (font décidément rien comme les autres ces deux-là) !

Nous avons adoré le Cap Vert, ce pays si attachant où la terre offre très peu de ressources mais les aides internationales sont utilisées à bon escient et sans corruption, et ça marche ! Le pays est sorti de la catégorie « en développement » pour passer dans les pays à « développement moyen », et en effet on a vraiment envie de rendre ce que les gens nous ont donné pendant ces 3 semaines sur leur terre dont ils sont fiers. Tout n’est pas parfait bien sûr, le grog fait des ravages, le développement du tourisme favorise les agaçantes demandes des enfants et des chasseurs de blancs, la violence est grande dans les capitales, les inégalités se creusent entre habitants des villes qui font du jogging le soir en écoutant leur Ipod, et habitants des cahutes de pierres perdues au flanc des montagnes. Nous n’avons fait qu’effleurer la surface du « petit pays »... Mais quand faut y aller, faut y aller, rendez-vous de l’autre côté de l’océan, cap sur la Guyane !

PS : pendant les trois prochaines semaines nous ne serons contactables que par Iridium. Vous pouvez nous envoyer des messages gratuitement par internet (siouplait siouplait siouplait !) sur le site d’Iridium (http://messaging.iridium.com): entrez notre numéro (8816 315 11 398) et composez un texte de 160 caractères max; vos nouvelles nous feront très plaisir au milieu de l'océan!

 
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Vos messages:

saltimbanque par iridium - 17/12/2011 16:27:20
9N55 40W46,PLUS DE 1000M PARCOURUS,RESTE - DE LA MOITIE :-) TVB,VENT NE4/5,HOULE + SOLEIL.CET APREM ATELIER PAIN.BISOUS!


saltimbanque par iridium - 14/12/2011 16:41:16
13N03 35W25.TVB A BORD.VENT NE 5B VA VIRER E.MER FORTE MAIS ON VIT BIEN:PECHE,CUISINE,JEUX.ON PSE A VOUS MERCI BCP PR VOS MSGS!BISOUS

saltimbanque par iridium - 11/12/2011 14:21:25
14N46 29W4 VENT NE 5/6 BFT ON FONCE! TVB A BORD,BOB BARRE DS HOULE CROISONS 1 CARGO/J ET BCP DE POISSONS VOLANTS. CA VA A TERRE? BISOU

la mamou - 08/12/2011 10:04:07
l'album photo est à couper le souffle !!!
sur le maxi grand écran du salon .....ça va être étourdissant !!!

Kariine - 07/12/2011 23:05:20
C'est génial !
je pense très très fort à vous et tenez fort la barre de votre rêve! C'est magique quand même de vivre dans un rêve :o)

Sylvia - 07/12/2011 21:57:05
Good luck girls! Go for it!

Nadia - 07/12/2011 17:46:33
toujours émerveillée par vos photos et vos récits ! quelle belle aventure !



 
 
 
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