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La Poméranie Occidentale
 
-- 21 au 26 mai 2018  --
 
Premiers bords baltiques en Allemagne et Pologne de l'ouest, région qui porte le nom de Poméranie occidentale. Où le vent se leva pile dans la direction où nous voulons aller.

Pour l'album photo, rendez-vous sur notre page "Photos".


177 milles navigués
466 milles parcourus depuis le départ


Nos escales, cliquez sur les noms pour plus de détails :
Sassnitz (marina) - Dziwnow (marina) - Kolobrzeg (marina)
 
21 mai : Copenhague - Sassnitz (89 M)
Le week-end se termine et on a de la route à faire, il est temps de repartir. Le vent s’est durablement installé au Nord Est, parfait pour être bien accéléré par la pointe de Suède. Il pousse également les eaux de la Baltique vers la mer du Nord, créant un fort courant contraire entre les îles danoises.

Réveil à 5h, on veut passer avant que le courant ne forcisse trop. Nous aurons quand même 1,2 nœuds dans le nez en passant au-dessus du tunnel (qui devient pont) entre Copenhague et Malmö. L’endroit est couru : on y croise le trois-mâts norvégien « Sørlandet » qui remonte vers le Nord.

Quand l'histoire croise la modernité
Comme prévu le vent est fort et de face également : nous faisons route sous deux ris / foc vers un grand champ d’éoliennes (« Baltic 2 » pour les intimes). Pendant qu’on réfléchit à passer au sud, au nord ou à travers (ce qui d’après la carte est autorisé, de jour et par moins de 6 b), le vent mollit et adonne. Nous passons largement au vent, sans tirer un bord, et en faisant des travaux de couture !

A la tombée du jour, le vent forcit comme prévu. On se fait bien secouer, des vagues très raides se sont créées en un rien de temps et recouvrent le pont, inondant même la table à cartes. On est trempées d’embruns qui, c’est étrange, ne sont pas salés ! L’eau semble vraiment douce… Contraste avec le paysage de mer ouverte et gros bateaux de commerce. Avantage certain : les affaires sècheront facilement le lendemain. Ce qui vérifie notre adage « C’est pas mouillé, c’est de l’eau douce ! ».
La côte approche vite, il est temps de regarder l’atterrissage. Le guide des ports offre deux options sur la côte nord- est de l’île allemande de Rügen. Option 1, Lohme, « dans un cadre idyllique au pied d’une falaise boisée, calme et joli port de poche ». Option 2, Sassnitz, « grand port de pêche le caractère industriel domine ». Le choix semble évident. Jusqu’à lire les petites lignes en dessous de Lohme : « entrée dangereuse par vent fort ». Nous avons 3 ris, le foc, et encore bien trop de toile… oui le vent est fort. Tant pis pour le charme, nous nous dirigeons donc vers la sécurité, même à caractère industriel.

On atterrit sur la marque d’eau saine à 3 M au large, pour rester à bonne distance de la côte, en espérant que le vent et surtout la mer se calment entre temps. Mais telle ne semble pas leur intention immédiate. On approche du port au portant, sous foc seul. Au bout du môle d’entrée, ça déferle. Le môle s’ensable, il faut bien lui donner du tour. Ouf, une fois à l’abri de la houle, on peut manœuvrer en sécurité. On remonte le port jusqu’aux pontons visiteurs. Amarrage sur ducs d’albe, par 5 m de fond. Le tarif dépend de la taille de la place choisie. 12€ pour moins de 12m. A payer en espèces ! Eh oui finie la Scandinavie digitale et automatisée, nous voilà revenues à l’ère du papier ! Et à payer à un vrai monsieur, qui ne parle qu’allemand, forcément !

L'entrée de jour par vent faible a une allure bien plus sympatique!
22 mai: Sassnitz (à terre)

Le front de mer de Sassnitz
Il est 3h30 et nous tombons de sommeil. Lorsqu’on rouvre un œil en fin de matinée, un grand soleil nous révèle les détails de ce « port industriel ». Une rangée de boutiques et de restaurants se disputent les faveurs de touristes qui se promènent sur les quais, glace à la main et regard vers le large. Sur la falaise qui surplombe le port, des villas bien peintes alternant avec les arbres. Certes, quelques hangars et quelques gros chalutiers peuvent mériter le qualificatif d’industriel. Mais franchement, c’est une plaisante surprise!
Les spécialités locales sont le poisson et divers produits à base de « sanddorn », ou argousier, accommodé en confitures, baumes, liqueurs… quant aux poissons, les espèces les plus présentes à l’étalage dans ces eaux peu salées sont une sorte de cabillaud et de la sandre.

Sassnitz est officiellement devenue une ville au XXe siècle seulement, lors du regroupement de deux bourgades : le village agricole du haut de la falaise, et le village de pêcheurs en bas. Existant depuis le XVIIe siècle, ces bourgades n’ont vraiment grandi qu’au XIX et XXe siècle avec le développement du chemin de fer et du tourisme de bord de mer.
Cet endroit dispose d’un atout majeur : une impressionnante falaise de craie d’un blanc éclatant, qui forme l’extrémité nord-est de Rügen. Couverte d’une forêt de hêtres, la zone est maintenant un parc national sous la protection de l’UNESCO. Et donc, parfait objectif de balade ! Nous parcourons allègrement les 8 kms du sentier qui longe la falaise, jusqu’au point de vue le plus connu, sur le « Königsstuhl ». Un peu déçues d’y trouver des barrières et un guichetier réclamant 9.5€ pour entrer ne serait-ce qu’au visitor center, nous faisons demi-tour. Les points de vue tout au long du sentier sont au moins aussi magnifiques. Les hirondelles volent à toute vitesse le long des parois blanches, au-dessus de l’eau transparente.

Le Königsstuhl

Point de vue depuis le chemin de rando
De retour en ville, un bon dîner Schnitzel-bière complète cette belle (et unique !) escale allemande.

23 mai : Sassnitz – Dziwnow (51M)


Scènes de vie à bord par temps calme
Aujourd’hui le vent est faible :o)  On a été un peu secouées l’autre nuit et on est bien contentes de se déhaler à moins de 3 nœuds à plat sous le soleil. La vie à bord est plus simple !
Le vent est censé monter en soirée – et nous sortons le foc. Mais dès que la petite voile est en place, le vent retombe, nous remettons le génois et finissons au bon plein à 6 nœuds toute toile dehors.

Encore une fois, il fait nuit pour rentrer dans le port. L’alignement se voit bien et l’obscurité n’est pas un problème. Mais c’est un comble, alors que l’on n’a que quelques heures de nuit dans ces latitudes, de toujours atterrir en plein dedans !

Cérémonie du drapeau Polonais


Les étonnants cat-ways pentus de Dziwnow, un écriteau précise qu'il est interdit de marcher dessus
Mignon petit port caché dans les roseaux, aux catways bien larges, qui seraient très pratiques…si on avait le droit de marcher dessus. Mais non il faut descendre par l'avant du bateau directement sur le quai.

Le port est suréquipé de caméras de vidéosurveillance. Il y en a même dans les douches ! (mais seulement dirigée vers les lavabos, précise un écriteau). Du coup, à notre arrivée à minuit et demi, le gardien sort de son bureau pour nous accueillir et nous inscrire. On s’en sort avec quelques mots d’allemand. Cela semble être une constante dans les ports polonais, les gardiens parlent seulement polonais et quelques mots d’allemand. Au final, on comprend qu’on doit payer 50 zlotys pour la place et 6 zlotys pour les douches. En espèces ! (heureusement, pour aller chercher des zlotys il nous fait grâce jusqu’au lendemain)
On trouve surtout des bateaux de passage : un hollandais, deux allemands et deux norvégiens. Pas très bavards... On a plus parlé avec les Suédois pour l’instant, un couple de retraités sur les cailloux de Hamnholmen et un jeune couple à Sassnitz. L’ambiance de groupe de bateaux copains que nous connaissions en Atlantique nous manque un peu parfois.

24 mai : Dziwnów (à terre)
Première escale polonaise. Et ça se prononce djiv-nouf d’après notre très bon (quoique un peu daté parfois) Guide Imray sur la mer Baltique.

Camille n’est jamais rentrée en Pologne, et Laure il y a bien longtemps et jamais dans cette région (la Poméranie). Nous ouvrons de grands yeux et absorbons avidement les premières impressions.

Route interdite aux voitures, motos et... voitures à pédales ??!!
Cette bourgade charmante est clairement tournée vers le tourisme balnéaire, la moitié des bâtiments sont des pensions et hôtels. La plupart des maisons ont l’air très neuves d’ailleurs, et on entend des martèlements incessants provenant d’un grand nombre de chantiers. L’afflux touristique semble assez nouveau et en pleine croissance. De la même manière, la plupart des ports polonais ont creusé des marinas flambant neuves dans ces dernières années. Certaines cartes ne sont pas encore à jour. On a souvent recours à Google Maps !

Depuis le port, on a rapidement fait le tour de la petite ville, y compris du supermarché. Premières courses en Pologne, on découvre les « pierogis » : des gros raviolis fourrés tantôt à la viande tantôt au chou… c’est très bon et pratique, en passe de devenir un de nos plats préférés en navigation.
Retour le long de la plage, une immense bande de sable blanc qui s’étend à perte de vue. Le sable est tellement fin! Fait amusant, les pas dans ce sable produisent un bruit étrange de grincement. Très rigolo. L’eau n’est pas encore très chaude et on se contente de mouiller les orteils. 
Le début de la looongue plage polonaise

Un sac plein de plastiques ramassés sans même les chercher
Ici aussi on trouve une quantité impressionnante de déchets ! Le long de la promenade aménagée dans les dunes, le sol est couvert de plastique, papiers, mégots… alors qu’il y a des poubelles tous les 100m ! Sur la plage en elle-même nous ramassons de nouveau 12L, rien que sur notre chemin, en lisière de l’eau. On s’interroge : pourquoi y-a-t ’il tant de déchets ici, alors qu’à quelques kilomètres de l’autre côté de la frontière, la plage de Sassnitz est très propre, avec à peine quelques mégots à se reprocher ? Est-ce une question d’infrastructure ? De politiques locales ? De sensibilisation ?

Finalement on rentre au port et on savoure une bière locale, en l’honneur de notre premier contact avec la Pologne balnéaire!
25 mai : Dziwnów – Kolobrzeg (37M)
On le savait et on n’est pas déçues : le vent est généralement Nord-Est en mer Baltique au printemps… On sait aussi qu’il est généralement Sud-Ouest en fin d’été ! Le bon sens pour faire le tour de la Baltique sur une saison c’est de partir d’Helsinki, pas d’Oslo !!
Il est également accéléré à la pointe Sud de la Suède et la météo prévoit du vent très fort autour de l’île Danoise de Bornholm.  Nous choisissons donc de rester à la côte Polonaise et tirer des bords pour progresser vers l’ouest. La côte est une dune de sable sans fin pas très hospitalière, et la mer est parsemée de bouées de pêche balisant non pas des casiers mais des filets (assez profonds pour qu’on ait eu aucun problème à les raser comme des casiers bretons !) Détail amusant, les fanions sont ici surmontés de réflecteurs radar, pour mieux les éviter ou mieux les retrouver ? En attendant nous on ne pêche rien :o(

Balise de filet de pêche, surmontée d'un réflecteur radar
Un front orageux assorti de vents faibles prévu le lendemain nous pousse à faire escale à Kolobrzeg (ou Kolberg pour les paresseux !). Le soleil se couche mais nous avons cette fois encore un peu de luminosité pour entrer dans le port. Transition vers une prochaine arrivée au grand jour ?
26 mai : Kolobrzeg (à terre)
Kolobrzeg est un grand port de pêche, et le bassin de plaisance se trouve au fond du chenal, après les chalutiers et les élévateurs à grain de 1929. Places visiteurs en grand nombre sur catway, toilettes et douches toutes neuves et même machines à laver ! (bienvenues après 2 semaines de navigation) 30 Zloty la nuit, à payer conservant précieusement ses pièces de 5 zloty qui servent pour les douches, comme dans la plupart des ports Polonais que nous avons visité.

Elévateurs à grain de 1929 et chargement de bois

Belle lumière de grain...
Une fois les courses, lessive, entretien du bateau effectués, nous partons découvrir ce nouvel endroit. Direction le front de mer qui est étonnement touristique et balnéaire. On ne compte plus les magasins de glaces, gaufres et également poissons fumés en tout genre. Egalement des faux bateaux pirate ou viking dont les touristes locaux semblent raffoler pour aller faire une petite sortie en mer devant le port. A part quelques allemands on n’identifie pas de touristes étrangers.

Nos pas nous mènent vers la jetée-promenade -très jolie vue sur la plage- puis le vent et les orages nous en éloignent au profit du centre-ville plus abrité.
Kolobrzeg, connue notamment pour avoir brillamment résisté à Napoléon présente un centre-ville anciennement fortifié très intéressant. Comme beaucoup de villes polonaises, les destructions lors de la seconde guerre mondiale ont été catastrophiques. Certains bâtiments sont restaurés, notamment la cathédrale au style très particulier ou la mairie en brique du 19è siècle.
La façade peu courante de la cathédrale, en briques bien sûr
Retour au bateau en passant par le  « marché du sel hanséatique », une foire historique en costumes qui commémore le passé de la ville, elle aussi membre de la fameuse ligue.

Les orages semblent se calmer, demain nous reprenons nos lents zigzags vers l’Est…


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Vos messages:

SuDad - 05/06/2018 18:38:38
Ca c'est ce qui s'appelle une économie d'échelle!: emmener tout votre fan club d'un seul coup le long de côtes que personne ne soupçonnait il y'a... quelques instants. Qui imaginait le tourisme balnéaire polonais, hein? la finesse du sable. Bon, les caméras dans les douches, c'est un peu trop créatif, sans doute.
Plus stable que le vent, votre verve, elle, ne faiblit pas. Nul besoin d'incidents pour épicer, le récit est naturellement et spontanément savoureux. Ca aiguise l'appétit. Heureusement, on n'en est encore qu'au hors-d'oeuvre!
La suite, cheffes! ici plus qu'ailleurs, l'appétit vient en mangeant. Merci pour cette gastronomie.


Mum - 05/06/2018 09:50:32
Super avec cet humour qui nous picote agréablement !

la mamou - 05/06/2018 08:20:35
voici une bien belle façon de commencer la journée !! merci les filles pour ce super article !!

 
 
 
 
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