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Les Iles Vierges Britanniques
 
-- 22 avril au 8 mai 2012 --
 
Avant le Grand Saut de la transat retour, on s’offre un dernier archipel : l’eau n’avait jamais été aussi transparente, les fonds sont magiques, les paysages fantastiques. La mer épanouit toute sa palette de turquoise entre des poussières de terre en trompe-l’œil, dédale idéal des pirates de jadis – les Vierges sont un condensé d’Antilles, un point d’orgue rêvé pour notre cabotage caraïbe.

(Beaucoup) plus de photos et de films dans notre page "Photos" - et encore, on a fait une sélection drastique !

315 milles navigués
8778 milles parcourus depuis le départ
Nos escales : Virgin Gorda: Gun Creek (mouillage) , Prickly Pear / Eustatia (mouillage), the Baths/Big Trunk Bay (mouillage), Spanish Town (mouillage)Cooper Island (coffre) - Salt Island (mouillage) - Peter Island / Dead Man Bay (mouillage) - Norman Island : The Caves (coffre), The Bight (mouillage)Pelican Island (coffre) – Jost Van Dyke : Great Harbour (mouillage)Guana Island (mouillage) – Tortola : Road Harbour (mouillage) – Saint-Martin : Marigot Bay (mouillage)
 
22-23 avril 2012 : Grand Case – Virgin Gorda (83 M)
La route était préparée, l’heure de départ calculée en fin d’après-midi pour arriver le lendemain matin. Lorsqu’on quitte Saint Martin vers 17h cependant, on craint d’atterrir la nuit suivante : il n’y a presque pas de vent, et il est pile pas l’arrière. Tant qu’il fait jour, on porte toute la toile, grand-voile bridée d’un côté et génois tangonné de l’autre, « en ciseaux ». L’équilibre à cette allure est instable, il faut un humain à la barre. La nuit amène quelques nœuds de vent de plus finalement, et on peut affaler tranquillement la grand-voile, garder le génois tangonné, mettre le régulateur à la barre et contempler les étoiles. (au menu de cette belle nuit : le scorpion et la croix du sud, le ciel a bien tourné depuis décembre dernier...) Un jour il nous faudra comprendre que le temps béni de la transat’ aller au portant est fini et accepter de faire face au vent pour rentrer... oui mais pas aujourd’hui :-P
Cette fois nous n’avons pas peint le pavillon, mais uniquement l’écusson, cousu sur notre bon vieux drapeau anglais !
Et c’est ainsi que dans la matinée du lendemain les Iles Vierges nous apparaissent. L’archipel nous semble superbe, et nous ne sommes pas les premières à penser ça : en les apercevant pour la première fois en 1493, Christophe Colomb (et oui, encore et toujours lui !) les a baptisé ainsi en hommage à Ste-Ursule et ses 11 000 vierges forcément très belles massacrées par les Huns (certes il lui fallait de l’imagination pour nommer toutes les îles des Caraïbes mais là l’effet de 40 jours de mer sans femme devient évident !). On a appris qu’un port d’entrée venait d’être ouvert à Gun Creek, au nord-est de Virgin Gorda : endroit bien pratique quand on arrive de l’est. On longe donc les quelques ilots du nord (et en particulier Necker Island et son îlot de sable surmonté de 2 palmiers...en plastique !) avant de pénétrer dans le North Sound, immense baie entourée de péninsules et d’ilots au point de paraître fermée. Des mouillages partout, une ou deux marinas, les Iles Vierges sont le paradis de la voile.

Arrivée en vue du North Sound

La grande ville de Gun Creek, et son bureau de douanes tout neuf !
Au fond Gun Creek est quasiment déserte (on est 2 !), on n’a pas de mal à trouver une jolie place à l’est des jetées, par 3m sur fond de sable (attention ça remonte vite quand même...). Derrière le quai à ferry il y a un quai pour annexes, et un bâtiment bleu pour faire les formalités (immigration 1$, douanes 12$). Un mini-supermarché au coin de la rue a quelques produits de base, on achète tout leur maigre stock de fruits et légumes. A part ça, il n’y a rien. On va nager pour constater que les fonds sont jolis mais sans plus, on compte les ferrys qui passent vers l’autre côté du Sound... escale d’atterrissage tranquille donc, demain à l’aube on repartira...
 
24-26 avril : mouillages autour de Virgin Gorda (13 M)
Pour ressortir du Sound ce matin on décide d’emprunter la passe est, entre le petit ilot-bistro très classe de Saba Rock où on ne s’arrêtera pas, et la côte. Une bonne carte couplée au GPS, une bonne paire d’yeux perchée sur le balcon avant... c’est parti. Le chenal est balisé au début, au niveau de Saba Rock. Par contre les quelques mètres les plus délicats, après le rocher et la jetée, ne sont plus indiqués – il faut vraiment continuer dans l’axe pour donner un grand tour au plateau que l’on voit affleurer derrière Saba Rock et passer là où c’est profond (2m50 quoi...). On se faufile ensuite entre Eustatia et Prickly Pear Island pour mouiller par 4m sur une tache de sable, pas mécontentes de notre petit jeu de rase-coraux :o)
Notre trajectoire sur la carte...

Vues depuis Prickly Pear, Eustatia à gauche et Gorda à droite : saurez-vous retrouver où nous sommes passés ?

A la différence des Grenadines, la côte est rocheuse aux îles Vierges
Que les îles autour de nous sont belles. Vite, à terre pour explorer ces plages (presque) désertes (oui bon on n’est pas les seules à aimer les mouillages sauvages, 5 bateaux quand même !). L’île de Prickly Pear est une réserve, il n’y a aucune construction du côté où nous sommes, pas même un sentier. De bloc de rocher en plage de sable, on longe la côte, émerveillées par la variété de couleurs des roches. Bien sûr il faut qu’on grimpe sur un petit sommet à l’est du mouillage, se frayant un passage entre les arbustes et des cactus à la stature d’arbres. Mais la vue sur la passe empruntée le matin vaut bien quelques griffures !
Retour au bateau : au tour des fonds maintenant ! Le mouillage est limité au nord par une barrière de corail, voilà qui semble prometteur ! Armées seulement de notre appareil photo (chasse sous-marine strictement interdite aux Vierges, pêche exclusivement réservée aux habitants munis d’un permis) nous mettons le masque dans l’eau et nous retrouvons dans un monde merveilleux. C’est sans doute notre plus belle plongée jusqu’à présent. D’énormes perroquets, chirurgiens, demoiselles, pagres et toute la ribambelle habituelle volent entre les coraux majestueux. Toutes sortes de coraux sont présents ici, en particulier des « cornes d’élan » très grands et découpés, d’un orange rosé qui semble attirer les rayons du soleil. Seule ombre au tableau, les palmes de Camille qui après 15 ans de bons et loyaux services rendent l’âme brutalement :o( Mais ne vous en faîtes pas on en a une paire de secours à bord, toutes les pièces critiques on a dit :o)

Les poissons ne sont pas farouches du tout, comme ces chirurgiens qui passent à nous frôler

Corail « corne d’élan »
Un tel mouillage sera difficile à battre ! (se dit-on en prenant l’apéro en terrasse sous les étoiles – et malgré la musique un peu forte du cata de loc voisin). Et pourtant...
Pourtant le lendemain, on ressort de notre cachette en rasant quelques coraux de nouveau, puis on contourne Virgin Gorda par l’ouest, pour rejoindre la pointe sud et son célébrissime parc naturel de blocs de granit et piscines d’eau turquoise appelé « les Bains » (Baths). C’est un endroit très visité et la baie elle-même est encombrée de coffres obligatoires et payants. Juste au nord des Baths cependant on repère deux bateaux mouillés devant une plage de sable, bordée elle aussi de gros rochers. On s’approche à vue, osant aller chercher les taches de sable proches de la plage : les fonds sont assez profonds dans la partie nord de la baie. La pioche trouve un lit de sable douillet par 4,5 m. L’eau est plus transparente que jamais ! Depuis le bateau on voit clairement la pioche, 30m plus loin !
Saltimbanque mouillé sur notre plage de rêve

Un dédale de rochers nous mènent à Devil’s Bay, l’anse du Diable
On débarque à la rame sur la plage déserte. Ce mouillage peu fréquenté, certes un peu rouleur (par une étrange houle de sud qui touche aussi les Baths mais s’en va à 10h du matin !), nous séduit immédiatement. Par une promenade le long de criques désertes séparées de gros rochers on accède à la dernière baie avant les Baths eux-mêmes – qu’il faut aller rejoindre par la route. Le parc des Baths et Devil’s Bay est très très fréquenté. Il est très très beau aussi cependant, et on s’amuse bien à passer entre les blocs de granit, à se perdre dans des labyrinthes entre sable et eau. Mais un troupeau d’italiens sans doute tout frais débarqués d’un paquebot Costa Croisière nous gâche un peu le plaisir. Les fonds sont un peu plus fréquentables et on s’émerveille quand même des myriades de poissons qui volent le long des parois granitiques, verticales et colorées.
Petite rando jusqu’à la pointe sud de l’île, la mer se fait plus houleuse, quelques cumulus cachent le soleil, les rochers prennent des teintes bretonnes... si ce n’étaient les cactus et les lézards toujours omniprésents ! Nous décidons de sortir du parc et de retourner sur les plages désertes juste au nord. Aaaah, c’est quand même plus beau sans les italiens ! On retourne nager, puis on se promène sur les blocs de granite, estomaquées devant le panorama... Plage suivante, les roches forment une piscine naturelle, il n’y a personne, l’eau est chaude et turquoise, c’est beau... c’est notre petite plage à nous et toc ! On retourne quand même au bateau, en se promettant de revenir le lendemain !
C’est tellement plus beau quand c’est rien que pour nous...

Vue panoramique : notre piscine à droite, le mouillage populaire à gauche

Notre plage et sa piscine naturelle... on a trouvé le paradis tropical :o)
Au matin un gros barracuda tourne autour du bateau, ok on commence par la ballade à terre on ira nager ensuite ! On prend le strict minimum : un maillot de bain et un T-shirt pour se protéger du soleil. Le paysage est toujours à tomber, on ne s’en lasse pas. Première baignade, le soleil tape déjà à 8h du matin..., un peu d’escalade, puis on retourne dans notre piscine. Stupeur, un kamikaze essaye d’y faire rentrer une petite embarcation (avec un moteur de 115 chevaux quand même...). Il passe en force et dépose une vingtaine de parasols sur « notre » plage : les passagers d’un bateau à moteur de luxe l’ont en effet réservée pour la journée ! Peu importe, on se faufile entre des cailloux et on se trouve une micro-plage privée où personne ne viendra nous déranger cette fois !
Retour à bord, pas pour longtemps, on est de nouveau aussitôt dans l’eau ! Les blocs de granit sont moins spectaculaires que la veille, mais on s’amuse tout de même beaucoup avec nos amis les poissons :o) On observe un coquillage amusant qui recouvre sa propre coquille quand il en sort.
Le coquillage dans ses différentes phases : la coquille est blanche et l’animal jaune à pois !

La vue depuis notre fenêtre, pas mal !

On est physiquement à Spanish Town, mais on a encore un peu la tête là-bas...
Nous ne sommes toujours que 2 bateaux sur notre plage de rêve, et pas la moindre envie de s’en arracher... Mais il faut se rendre à l’évidence, on n’a plus rien à manger et le site accuse un retard de plus de 15 jours : nous devons aller en ville... On se déplace donc 1M au nord, à Spanish Town. On mouille juste au nord du chenal, au ras des cailloux par 3m de fond sur du sable juste en face d’une petite plage bordée par le quai des ferrys. On débarque sur la plage et cherchons le centre-ville. Et bah après 30 minutes de marche dans toutes les rues possible et imaginables, on a fait une belle balade mais on ne l’a toujours pas trouvé ! On se rabat sur le quartier de la marina pour un petit plein de frais à 95 US$, gloups, c’est un peu l’inconvénient des îles vierges... On ne trouve plus ici des petits vendeurs de rue avec des piles de mangues et de bananes de leur jardin, mais des pommes importées de Hollande et des oranges du Nicaragua, décongelées dans un supermarché, c’est un signe indéniable de retour à la civilisation :oS Petite tournée au bar avec wifi de la marina pour faire notre plein hebdomadaire d’e-mails et de piqures de moustiques, et on retourne à bord avec la satisfaction du travail accompli, parées pour plusieurs jours de mouillages sauvages maintenant !
 
 
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27 - 28 avril : la tournée des îles du sud (16 M)
Ce matin nous quittons Virgin Gorda, la « grosse vierge », pour les petites vierges au sud de l’archipel. Naviguer ici est un plaisir, les îles et îlots se superposent et se découpent à perte de vue, créant des perspectives toujours nouvelles. Toutes les îles sont assez hautes, entre 150 et 500m ; les reliefs granitiques et basaltiques, témoins d’une origine volcanique ancienne, ont été joliment sculptés par l’érosion et recouverts d’une végétation sèche. Seule exception : Anegada, tout au nord, est une immense plage posée sur un récif de corail, comme à Barbuda.
Les petites vierges du sud s’égrènent sur notre bâbord

Première escale : ce rocher de Cooper Island aux fonds somptueux
Première escale de la journée : Cooper Island, où le site de « snorkeling » est réputé. Après une navigation fort agréable de quelques miles sous voile d’avant seule où nous croisons brièvement un petit dauphin, nous entrons dans la baie des mancenilliers. L’endroit est couvert de bouées d’amarrage et nous ne trouvons pas de place pour mouiller. Nous prenons donc un coffre tout au sud de la baie, à proximité du site de plongée dans de fortes rafales, et plouf nous voilà dans l’eau.

Première constatation, il y a d’énormes tarpons tout autour du bateau, pas très rassurants ces gros bestiaux... En route pour le rocher, pour un plongée encore fabuleuse. Les fonds sont vraiment particuliers ici, beaucoup de corail de toute sorte, des poissons énormes et pas farouches car ils n’ont jamais vu un chasseur. On croise de nombreux pagres, chirurgiens, perroquets, gorettes jaunes, carangues bleues, balistes et une langouste si grosse qu’on en aurait fait 2 repas !

Un tarpon antipathique

Et un baliste bien plus avenant !
De retour au bateau on croise un tarpon d’1m50 de long qui nous surprend, à peine a-t-on le temps de se retourner qu’on tombe sur un barracuda presqu’aussi gros, il est temps de retourner sur Saltimbanque... En route pour une nouvelle île, Salt Island, à 1 mille de là.

Les panoramiques sous l’eau, c’est le niveau 2 de la photo aquatique !
Le mouillage de Salt Island Bay au nord de l’île n’est absolument pas protégé ni de la houle ni du vent. Nous n’y restons donc que quelques heures le temps d’une petite visite à terre. L’avantage de ces îles c’est qu’on peut y faire tous les jours une belle plongée pour faire plaisir à Laure et une belle balade pour faire plaisir à Camille, dans l’ordre qu’on veut - la formule parfaite ! On débarque sur cette poussière d’île et ses 2 salines qui ont longtemps été exploitées par une famille vivant sur place. Seul bateau au mouillage, l’île est à nous (à l’exception de quelques chèvres retournées à l’état sauvage) ! Une fois passées les petites maisons abandonnées, on découvre des panoramas somptueux. Les couleurs se surpassent, du turquoise de la baie au bleu profond du large en passant par le vert et rose des salines, c’est encore une fois magique !!

Couleurs de Salt Island
En redescendant sur la plage, on tombe sur un petit cimetière artisanal, des tombes grossièrement réalisées en rochers et coraux. Sur l’une une croix branlante en bois, sur l’autre une coquille de lambi, témoignage émouvant de la minuscule communauté qui vécut ici au siècle passé.

Saltimbanque mouillé dans la très belle « baie de l’homme mort »
L’île d’après nous promet un bon abri pour la nuit. C’est Peter Island, qui abrite le très sélect Peter Island Resort (et ses bouées à 65$US la nuit, apprendrons-nous plus tard). Nous trouvons un mouillage parfait sur fond de sable dans la « Baie de l’Homme Mort » (Deadman Bay), on se croirait dans un épisode de la BD Barbe Rouge ! Les myriades de baies et de criques camouflées dans le dédale des îles ont constitué pendant des siècles le repère idéal des pirates, corsaires et chasseurs de butin. A tel point d’ailleurs que les anglais, les hollandais, les danois (mais que venaient-ils donc faire là, ceux-là ?) et les américains se sont disputé la possession de l’archipel parfaitement placé sur la route retour des galions espagnols alourdis de l’or des Amériques. Sir Drake, Hawkins et bien d’autres ont hanté ces lieux.
Le lendemain commence par la ballade. Une route, qui permet un joli tour sur les hauteurs de Peter Island jusqu’à sa pointe sud, est prudemment équipée de bancs à intervalles réguliers... et de distributeurs d’eau fraîche – avec les petits gobelets qui vont avec ! La promenade offre des panoramas splendides pendant quelques heures sauf quand, ayant suivi le mauvais sentier, nous nous retrouvons dans la décharge où sont incinérées les ordures en plein air...revers de la carte postale !
Et si on a mouillé gratis, a-t-on le droit de boire l’eau du Peter Island Resort ??

Perspectives d’îles vierges...

Une des 3 grottes de l’ « île au trésor »
Voilà, on a marché, maintenant on va nager. Cap sur Norman Island, aussi connue comme « L’Ile au Trésor » de Stevenson qui aurait appris de son oncle marin l’endroit où un trésor de doublons espagnols avait été caché dans des grottes inondées... Devant ces grottes (= the Caves) des bouées sont installées pour les visiteurs. Apparemment il existe deux systèmes de bouées aux BVI’s : celles des « Parcs Naturels », rouges pour voiliers / jaunes pour professionnels / bleues pour annexes (utilisation limitée à 90 min et soumise, en théorie, à l’obtention d’une licence) et les blanches de la « Moorings Company » (25$ la nuit) qui encombrent la plupart des baies et nous incitent à travailler notre précision dans le jet d’ancre.
Bref on prend une bouée rouge et on rejoint les grottes toutes proches. Aux multitudes de gros poissons et de coraux multicolores se rajoutent cette fois des bancs de tout petits poissons argentés qui s’enroulent autour de nous à l’entrée des grottes. Celles-ci sont peu profondes et bien éclairées, ce qui fait ressortir les couleurs roses et orangées des coraux qui en tapissent les parois. Joli !
Un banc de poisson à la sortie d’une grotte
Derrière la pointe se trouve un bon abri pour la nuit : the Bight, légendaire repère de pirates maintenant rempli de voiliers de location alignés sur leurs bouées blanches. A la lisière nord on trouve un trou sans bouée, du sable à 6m de fonds. Laure va « voir la pioche » et pousse même le zèle jusqu’au platier de corail qui borde la plage.
 
 
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28-30 avril : la tournée des îles du nord (33 M)
A quelques milles de Norman Island se dresse un groupe de cailloux tout déchiquetés, appelés le Pélican et les Indiens. Qui peut résister à un tel nom ? Nous voici de bon matin sur une bouée rouge entre le-dit oiseau et ses compères à plumes également. La plongée ici est tout simplement indescriptible, de loin notre meilleur snorkeling ! Sous le bateau des variétés infinies de coraux resplendissent dans les tons violets et roses ; un peu plus loin quelques gros rochers semblent faire le concours de celui qui abritera le plus d’espèces de coraux différentes. Au détour d’un caillou, les remous des vagues sur le tombant attire des myriades de poissons de toutes sortes. C’est un festival de poissons chirurgiens, perroquets, carangues, balistes pas farouches qui dansent autour de nous. Un énorme thonidé dispute la vedette du spectacle avec des balistes noirs et un poisson ange royal. Plongée aux Indiens

Passage de Little Thatch
Les yeux encore pleins de ces merveilles nous remettons la voile (oui oui, toujours le génois seul, c’est moins élégant mais tellement plus confortable !) et allons naviguer... aux Etats-Unis :o) Un bref passage seulement par les eaux des Iles Vierges Américaines toutes proches, avant de contourner Tortola par la passe de Little Thatch et rejoindre Jost van Dyke.
Le nom seul de cette île est déjà tout un programme. Repère du pirate batave qui lui a donné son nom, elle abrite aujourd’hui moins de 200 habitants (bénéficiant de l’électricité depuis 1991), regroupés autour de la Rue Principale (Main Street) : le bord de la plage. Après une tentative infructueuse dans Little Harbour (trop exposée, trop pleine de coffres), nous mouillons entre deux bouées dans Great Harbour. Quelques tentatives sont nécessaires avant de trouver un endroit assez spacieux par 5m sur fond de sable de moyenne tenue. Sur la trentaine de bateaux de la baie, on dénombre un ketch mouillé et deux bateaux norvégiens sur coffres. Le reste de la flotte est constituée d’un échantillon représentatif des armadas de monocoques et catas (avec ou sans voiles...) des loueurs Moorings et Sunsail. Saltimbanque a l’air d’un extraterrestre (c’est de loin le plus petit bateau de l’archipel !).
Où est Saltimbanque ? C’est le plus petit !
On profite des derniers rayons du soleil pour aller admirer la vue depuis le sommet de l’île. Nous sommes au point le plus ouest de tout notre parcours, 64°45W très exactement, ça en fait du chemin depuis les 4°25 Est de nos premiers bords hollandais ! De retour à la baie on décide de fêter tout ça autour d’un verre chez Foxy, le célèbre bar du coin. Tranquillement assises à siroter notre « Pain Killer » (rhum-ananas-coco-orange), une canadienne (en vacances pour une semaine sur le cata à moteur d’à côté) nous aborde : elle demande d’où on vient, et ce qu’on fait sur ce petit bateau. Elle semble impressionnée par notre réponse, nous souhaite bonne soirée... et revient un peu plus tard : son mari et ses amis ne croient pas qu’on soit vraiment venues de si loin, ils nous invitent à dîner pour qu’on leur raconte nos exploits :oS

En face, les Etats-Unis – ou presque (les Iles Vierges US)
Le lendemain, il nous faut nous résigner à repartir vers l’est – donc face au vent. Le génois est remplacé par le foc plus petit et nous prenons un ris pour rejoindre l’îlot de Sandy Cay, à quelques encablures de Jost van Dyke. La routine : bouée rouge, petit snorkeling... et puis l’erreur : la ballade à terre. Quelques arbres poussent sur cette terre, assez pour abriter des hordes de moustiques assoiffés et agressifs, qui nous poursuivront même dans l’eau – et nous laisseront un souvenir tenace pour quelques jours !

Saltimbanque à Sandy Cay

Vol de pélicans
Reprenant notre route vers l’est, on s’entraîne à ce qui fera notre quotidien pour la transat retour en tirant deux longs bords vers l’île suivante, Guana Island – ainsi nommée pour son rocher en forme de tête d’iguane. Sur la côte ouest, une plage de sable (avec quelques coffres seulement !) dans une baie laisse espérer un mouillage facile et abrité. Que nenni ! L’eau claire permet de compter les cailloux, qui jonchent tout le fonds jusqu’à la plage. Après maints tours et autant d’hésitations, on vise très exactement le milieu d’une micro-tache de sable de 2m de long. En dessous c’est de la roche et la pioche n’accroche pas très bien, mais bon avec 30m de chaîne dans 3.7m on tient ! Enfin un mouillage pour bateaux de voyage, on passe le reste de l’après-midi à regarder les poissons sur le bord, entre autres quelques poissons lions, ces nouveaux envahisseurs aux épines esthétiques mais venimeuses qui sont en train de coloniser les Antilles. Un énorme tarpon nous fait signe qu’il est temps de rentrer...

Le soir, sous les étoiles, on fête un an tout pile depuis qu’on a arrêté de travailler !

La fameuse tête d’iguane
 
1er mai : Guana Island - Tortola (20 M)
Ce matin est sans doute notre dernier matin dans un mouillage aux eaux claires, du moins le croit-on : on passe un coup d’éponge sur la coque qui commence déjà à verdir un mois à peine après le chantier. Ensuite on met les voiles, 10 milles de près pour contourner les îles débordant de l’est de Tortola, puis 10 miles au travers et au largue pour en rejoindre le port principal, Road Harbour. Une navigation tranquille avec grand-voile haute et foc dans une mer parfois bizarrement déformée par des courants de marée. La baie de Road Harbour est bien encombrée, on y dénombre une demi-douzaine de marinas, quelques chantiers et dépôts, et bien sûr un ou deux paquebot(s) de croisière. Tout au fond de la baie dans l’enceinte de la marina même, le mouillage est paraît-il toléré près d’un bout de mangrove. On sourit à la vue des quelques autres bateaux de voyage mouillés entre la marina de luxe à l’ouest et l’immense base des bateaux de loc’ à l’est. La pioche tombe dans 6m d’eau sur de la vase molle... et dérape une petite heure après. 10 minutes plus tard et on n’était plus à bord :oS... on remonte l’ancre et retente notre chance juste à côté. Ce coup-ci ça tient et nous restons là malgré une petite altercation avec le responsable de la marina de luxe qui aimerait bien que tous ces bateaux de voyage à la peinture usée et aux voiles ternes aillent mouiller ailleurs que devant ses pontons bien propres et clinquants. On reste tout de même à bord le premier soir pour garder un œil sur le mouillage et achevons quelques travaux d’entretien (réparation de notre grand-voile qui a pris quelques coups de soleil, entretien de Nestor, préparation du pont pour la transat etc.)

Ah bah on va drôlement moins bien avancer dans ces conditions...
Le lendemain nous entamons sereinement les derniers préparatifs pour la transat : repérage du supermarché, du tuyau d’eau potable, lessive, et petit tour sur internet pour prendre une bonne météo. Stupeur, le vent tombe dans deux jours et reste nul ensuite... L’anticyclone des Açores est en vacances au Cap Vert et c’est tout l’Atlantique qui souffre de conditions météo inhabituelles. Partir dans 2 jours comme prévu signifierait commencer la transat par 3 à 4 jours de moteur et consommer tout de suite tout notre diesel, hors de question. La seule chose de constructif que nous pouvons faire avec cette météo est de partir tout de suite pour Saint-Martin, que nous devrions atteindre avant la pétole, et qui nous place plus à l’Est et donc stratégiquement plus proche de la zone de vent, du moins on l’espère.
On se dépêche donc de faire quelques courses de frais et nos formalités de sortie du territoire sous une pluie battante avant de repartir, face au vent ce coup-ci... Ambiance de fin de vacances...
2-4 mai : Tortola – Saint-Martin (150 M)
La météo l’avait prédit, avec un vent de face mollissant et un temps couvert, humide avec grains parfois orageux, la navigation n’allait pas être des plus agréables... C’est donc en tant que « première étape de la transat retour » que nous appréhendons cette route.
Le départ est toutefois assez plaisant, sous GV haute et foc Saltimbanque taille la route au près légèrement gîté dans un temps gris mais sec. Nous passons entre Salt Island et Peter Island avec un souvenir ému de nos balades là-bas... Le passage est large, si ce n’est un caillou isolé au milieu, le « Blonde Rock » : celui-ci si tu te le tapes, c’est que tu es vraiment blonde ! Oui bon, on a viré pour assurer le coup, le soleil ça décolore les cheveux... Les choses sérieuses commencent à la nuit tombante : des éclairs partout, des nuages de grain qui montent devant, derrière, sur le côté... Il faut virer pour éviter le plus gros d’entre eux, et même abattre, perdre du terrain pour foncer à 6,5 nœuds loin de la masse orageuse. Eclair, tonnerre, ça tombe à 2 milles et demi derrière nous, bien joué...
Dernier coup d’œil sur les îles Vierges, beau temps pour la saison !
La fin de nuit et la matinée suivante sont plus calmes, on arrive à se reposer un peu. Mais le vent tombe de plus en plus et face au courant océanique portant à l’ouest aux Antilles, nous tirons de bien mauvais bords à 3 nœuds... Les grains montent et finissent d’écraser la brise mollissant, avant de la recracher brutalement dans tous les sens en rafales humides et électriques. On parvient en général à se faufiler entre les plus gros nuages en multipliant les virements de bord, mais à la tombée de la nuit, rien à faire, le ciel est d’un noir anthracite devant nous, sans aucune porte de sortie. Le vent monte tant qu’on ne garde qu’un petit bout de génois à l’avant et partons au travers plein nord à plus de 6 nœuds. Nous sommes en mode orage : tous circuits électriques éteints et nous à l’intérieur de la cage de Faraday, on jette un œil de temps en temps pour veiller les cargos et les éclairs. Le plus proche tombe à 1,8M environ juste devant nous... Le plus fort du grain ne durera « que » 45 minutes, mais nous avons perdu plus de 3h de près dans l’affaire, le moral des troupes n’est pas très haut alors qu’on appelle Nestor à la rescousse comme le vent est bien sûr retombé derrière le grain, le plus fort rencontré depuis notre départ d’Amérique du Sud...

Finalement dans une alternance épuisante de vent plus ou moins fort et de calmes plats, la seule constante reste la pluie. Nous arrivons bien fatiguées au mouillage de Marigot à 5h du matin, après avoir « triché » et appuyé les voiles au moteur sur les derniers milles. La pioche tombe dans un lac par 3m de fond, à la limite du mouillage, et on s’effondre sur notre couchette alors que les premiers rayons du soleil commencent à poindre.
4-8 mai : dans les starting-blocks à Saint-Martin (encore !)
La matinée est déjà bien avancée quand on émerge sous un grand soleil. Maintenant qu’il fait jour on peut se faufiler entre les bateaux pour se rapprocher du ponton à annexes. L’ambiance a un peu changé par rapport à la mi-avril puisque nous retrouvons de nombreux bateaux de voyage connus, eux aussi tout prêts à partir. Ster-Vraz part dans 2 heures, espérant faire avancer tranquillement leur Rush léger et surtoilé dans les petits airs du moment. On croise aussi Ann-Tarz, Phileas, Beltza, Loeva... des monos, des catas, tous avec des jerrycans de diesel sanglés dans les filières et un seul sujet de conversation : l’anticyclone des Açores.
De notre côté on partage nos journées entre derniers pleins, rangements, nettoyages, et beaucoup de temps sur internet pour essayer de comprendre pourquoi une grosse dépression se trouve sur les Açores au lieu de l’anticyclone habituel... Voilà pour le côté studieux de l'escale: pendant les récrés on papote à droite à gauche, on se rend visite entre Brise de Mer et RM1050, on écope l'annexe (91L d'eau de pluie dedans la derrière nuit :oS) et on écoute les résultats de la présidentielle à la radio - après tout, on est presque en France... enfin, presque: aucun mouvement ne vient troubler la ville endormie à l'annonce des résultats, il n'y a personne dans les rues et les cafés sont fermés. Quelques heures plus tard on aperçoit quand même un cortège de quelques voitures qui klaxonnent en brandissant des drapeaux violets (??). D'autres agitent des affiches avec la tête d'un type à fine moustache, l'air hispanique. Des hauts-parleurs scandent des slogans en espagnol. Peut être se passe-t'il quelque chose d'important...en République Dominicaine!


Ce vent de sud-ouest nous conviendrait bien si ce n’étaient les 800 milles de pétole à traverser avant...

A y est Laure aussi affiche 30 ans au compteur !
La météo semble annoncer le retour d'un petit alizé pour mercredi matin. Voilà qui nous laisse le temps de faire les dernières courses de frais et pleins d'eau - et bien sûr de fêter l'anniversaire de Laure! Pour ses 30 ans, après la pizza prise sur le port à midi, nous continuons le soir avec un bon repas: pâté de langoustes maison mis en conserve à Saint-Kitts, poulet à la cannelle, et tarte coco bien sûr, le tout arrosé d'un petit blanc "entre deux mers"!

La transat s’annonce donc plutôt longue et pas évidente point de vue météo. Comme pour l'aller, nous apprécierons d'autant plus les messages des terriens sur notre Iridium...
Ate logo nos Acores !
 
 
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Vos messages:

SuDad - 28/05/2012 12:20:17
Pas trop vite, SVP. Qu'on puisse encore rêver. Bien sûr, l'océan, les grains, la houle, les quarts, c'est sympa aussi (sauf pour vous), c'est un autre scénario. Mais vos dernières escales parfumées et bariolées, les "jets d'ancre", les poissons, quels délices. Nous aussi, on rentre à reculons, là. Même si de nouvelles aventures attendent encore. Elles seront un peu plus fraîches. Mais vous saurez nous les animer. Vous allez toucher les Açores, en ayant encore brûlé les vagues, avec pas mal de jours d'avance. A ce train-là, vous ne voulez pas refaire un tour ? Merci de toutes ces couleurs. Nous vous embrassons.

Eric et Sandrine - 13/05/2012 22:24:17
N'allez pas trop vite les filles, on va avoir du mal a vous rattraper... :) Départ le 23.

saltimbanque par iridium - 13/05/2012 17:45:17
13/05 14UTC 24N32 58W27 CAP 40 5NDS VENT 15/25NDS SE.TVB,MOINS D'ORAGE,REPASSÉ TROPIQUE CANCER!MER RAFRAICHIT!BISOUS


Hans en Remco - 13/05/2012 09:04:17
Wow ziet er mooi uit hoor, nu weer een lange trip voor de boeg, sterkte, hou je taai

saltimbanque par iridium - 11/05/2012 19:31:58
SALUT LA TERRE.11/05 17UTC 21N09 60W26.TVB,CALÉES SUR LONG BORD DE PRES,ON APPREND VIE PENCHÉE!SOLEIL JOUR,ECLAIRS NUIT.BISOUS!


Marie Leroy - 10/05/2012 23:15:53
Olà raparigas!
Avant tout, je souhaite m'excuser auprès de Camille pour avoir oublié son anniversaire. Jamais ça ne m'était arrivé avant...
J'ai honte!
En tout cas, je suis une lectrice assidue... Je dévore vos récits depuis le début !!!
Vos photos sont magnifiques ! Et votre bronzage alors : WOW, je suis super jalouse...
Até breve (à bientôt)! ;-)
Beijinhos, Maria-Cristina

Nadia - 09/05/2012 14:41:03
merci de nous faire voyager avec ces photos et videos sublimes ...
j'aime la piscine " à droite" ;-)))))

Bonne continuation !

Dick - 07/05/2012 23:54:29
Gave trip! Hier wil het maar geen lente worden… ik bereid wat weekends naar Engeland en verder voor. Nieuwe VHF extra gps en zo. Veel plezier jullie en stay safe!

la mamou - 07/05/2012 22:01:09
je reviens de votre album photo : les baths c'est du pur kerlouan !!
vos photos sous marines sont de véritables oeuvres d'art !!

la mamou - 07/05/2012 21:37:31
en effet , les vierges sont belles , presqu'autant que ma bretagne nord ... mais bien moins grandioses quand même !!... :-)



Sylvia - 07/05/2012 21:36:38
Gefeliciteerd met je verjaardag! Dit wordt een spannend nieuw levensjaar voor je. Ik ben benieuwd wat het gaat brengen. En ik weet zeker, dat alles goed komt. Geniet ervan. Veilige reis toegewenst.

 
 
 
<-- Avant: Statia et St-Martin La suite: la transat retour jusqu'à Florès -->
 
 
 
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