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Sal
 
-- 15 au 21 novembre 2011 --
 
Première île visitée au Cap Vert, Sal est une terre brûlée par le soleil et le vent où rien ne pousse. Malgré tout il y fait bon vivre et l’on s’imagine facilement rester des semaines voire des mois à Palmeira...
Quelques photos de la nature vide et des fonds grouillant dans notre page "Photos".

107 miles navigués
4755 miles parcourus depuis le départ
Nos escales : Sal, Palmeira (mouillage), Mordeira (mouillage) ; Sao Nicolau – Tarrafal (mouillage)
 
15 au 19 novembre, Palmeira
Le mouillage pris dans l’obscurité à l’arrivée du Sénégal s’avère très bon puisque nous tenons dans les rafales à 25 nœuds qui soufflent ce matin-là (et tous ceux qui suivront). De nombreux voiliers disent commencer par chasser avant de trouver un ancrage sûr, donc on se félicite de notre chance et décide de rester à notre place, même si elle est un peu loin du ponton. La lumière du jour révèle aussi le nombre impressionnant de bouts et d’orins qui traînent sur le plan d’eau, on a vraiment eu de la veine de ne rien attraper dans l’hélice cette nuit...
On réalise aussi que nous sommes mouillés à 2 bateaux de nos amis de Ster-Vraz arrivés ici une semaine plus tôt. Ils seront notre première escale, nous offrant un café matinal et toutes les indications pour des premiers pas sur l’île sans difficulté. D’abord aller à Espargos, la « capitale » à 7km de là. Pour cela prendre un « aluguer », à mi-chemin entre le mini-bus et le taxi collectif, on ne peut pas les rater à la sortie de Palmeira (par contre soyez patient, il ne part qu’une fois plein !). La course coûte 50 escudos ou 50 centimes d’euros par personne. Sur Sal les pièces d’euros sont largement interchangeables avec les escudos au taux de 1 euro pour 100 escudos, il nous est arrivé plusieurs fois qu’on nous rende la monnaie à moitié en escudos à moitié en euros !
L’église bleue d’Espargos
Autre passage obligatoire, la police. Tout se fait au bureau de la police de Palmeira, on laisse les papiers du bateau à la police locale le temps de notre séjour sur l’île, et l’officier de la police aux frontières (qui passe vers 16h) tamponne notre passeport et nous délivre un visa au prix de 5 euros pour le bateau et son équipage. Note aux plaisanciers qui naviguent en équipage nombreux (plus de 3 personnes) : il semble qu’il y ait un amalgame entre l’équipage du bateau et la famille du skipper. Ainsi une famille naviguant avec 2 autres équipiers a dû payer des visas individuels (à 25 euros pièce) pour chacun de ses équipiers.

Laure sur le cyber banc
Pour achever notre atterrissage nous passons sous la douche municipale, basique mais propre avec de la pression comme on en n’a pas eu depuis la Gomera, 25 escudos par personne. Et bien sûr nous trouvons le point internet du village : il y a un wifi public gratuit sur la place principale, banc du milieu, le débit est meilleur le matin que le soir où de nombreux cap verdiens viennent avec leur PC portable surfer sur le net après le travail. A noter qu’il n’y a pas du tout de moustique sur Sal c’est génial ! Par contre les mouches envahissent le bateau dès le lever du soleil. On a repris l’entrainement de badminton avec notre tapette à mouches, tout est dans le poignet !
Le soir après un premier apéro sur Saltimbanque, Ster-Vraz nous emmènent à terre dans leur annexe toute neuve. Direction le bar d’Arminda où l’on trouve du grog, rhum local venant des autres îles où l’on cultive la canne à sucre (ici rien ne pousse on vous a dit !) Mmmm c’est bon, et puis on réalise le prix, 30 centimes d’euros le verre de rhum agricole (quel beau pays...), alors on en reprend un, ou deux, ou plus. C’est traître et fait quelques ravages parmi la population, nous croiserons quelques « grogués » en ville.
Palmeira est un tout petit village de pêcheurs, on y trouve 3 rues, une placette, 2 bars, un mini supermarché, une vendeuse de pain et de gaz, des filets de pêche, trois poules qui se balladent dans tout le village, une dizaine de chiens, c’est tout. Il n’y a presque rien, mais pourtant tout est propre, les rues pavées évitent les nuages de poussière d’Afrique, les maisons sont simples mais bien tenues, pas de taudis en taule ondulée, il n’y a pas trop d’ordures partout. Et surtout les gens sont extrêmement gentils et accueillants. Naturellement curieux ils sont ouverts à la discussion (beaucoup parlent français, et notre Portugnol assure pour le reste), sans pour autant être envahissant. Et surtout il n’y a aucun sous- entendu, peu de drague et pas de mendicité. Un vrai bonheur que l’on apprécie d’autant plus en venant du Sénégal où la couleur de l’argent n’est pas le vert du dollar mais bien le blanc du toubab, et où toute conversation est systématiquement intéressée.
Une rue de Palmeira
Une petite anecdote pour illustrer notre propos. Nous nous rendons au cyber-banc public un soir pour mettre le site à jour. Un gamin – 8 à 10 ans- arrive et s’assied à côté de nous.

« Bonsoir » qu’il lance en français
« Boa tarde » qu’on lui répond
« Boa noite ! » qu’il nous corrige un brin amusé, ah oui il fait déjà nuit à 18h15 c’est vrai...

En voyant le fond d’écran de notre ordinateur, Saltimbanque arrivant à Vlieland au nord des Pays-Bas, il demande

« ‘chta Palmeira ? »
« Ah non ça ce n’est pas Palmeira, c’est en Hollande, très très loin d’ici ! »

On allume notre logiciel de cartographie sur l’ordinateur pour lui montrer.

« Tu vois, aqui Cabo Verde, e aqui Hollanda »
« Sisi, e aqui Portugal, Angola, Brazil, Senegal, Dakar » Le voilà qui nous nomme tous les pays lusophones sur nos cartes marines muettes plus certains autres, nous expliquant qu’à l’école ils ont une chouette carte du monde et qu’il la connaît par cœur !
Au bout de 5 minutes à nous regarder il en a marre, nous salue d’un « adios » et s’en va jouer avec ses copains.

Voilà, ça c’est un moment Capverdien !

Si si c’est bien notre œuvre au premier plan !
Le pays bien que très pauvre semble néanmoins dans une dynamique positive. Le niveau de vie paraît plutôt correct car les gens sont toujours propres, avenants et relativement équipés, mais la nourriture reste rare (à peine quelques œufs et patates à Palmeira), et les légumes hors de prix nous font dire que tout le monde ne doit pas manger à sa faim tous les jours. On se débrouille avec ce qui est disponible pour le quotidien du bord avec nos deux derniers exploits culinaires en date : des frites de patate douce faites à bord dans la cocotte, et surtout du pain qui a enfin une bonne tête bien levée ! Mmm l’odeur du bon pain qui cuit à bord...
Un soir que nous prenions un petit grog chez Arminda avec d’autres navigateurs, arrive Paul. Il est charpentier de marine ici et parle très bien français. La conversation s’engage, « moi je joue de la guitare » qu’il dit. « Ça tombe bien moi-aussi » rétorque Camille. Ni une ni deux il retourne chez lui à l’autre bout du village, et revient 3 minutes après avec son instrument. Et c’est parti pour une soirée guitare au Cap Vert (pincez-nous on rêve ! Et pourtant, c’est vrai...), Paul jouant des standards Cap Verdiens et d’autres morceaux de sa composition, Camille alternant Cesaria Evora et des chants de marins repris en cœurs par les autres navigateurs... Tiens, encore un moment Capverdien :o)

Bien-sûr nous continuons d’entretenir le bateau, ça occupe bien Laure pendant que Camille est coincée dans sa bannette par une attaque sournoise de tourista :oS Mais il reste peu d’items sur notre liste, on a quand même bien bossé à Dakar. Un peu d’étanchéité sur les hublots, un peu de couture (encore un pantalon déchiré...), et un peu de mécanique (le joint du reniflard à refaire) et c’est fini ! Voilà, plus que le dernier boulon du reniflard à serrer et... et clac le boulon casse... comme quoi, une liste de travaux ne peut jamais se terminer !! (Bon pour l’instant ça tient sans fuir avec la quantité de pâte à joint qu’on a mis est les autres boulons mais il faudra faire quelque chose à Mindelo... grrrrrrrrr)
Une fois Camille requinquée à grand coups d’imodium, en route vers Santa-Maria, une magnifique plage de sable blanc au sud de l’île. Le coin est réputé assez touristique et en effet après 20 minutes d’aluguer dans un paysage plat et aride au possible, des immeubles surgissent du désert. Non ce n’est pas un mirage, c’est « touristo-land » à Santa-Maria, la ville champignon concentre la totalité de infrastructures touristiques de l’île. On n’y croise que des européens, allemands et français pour la plupart, et des Sénégalais qui nous sautent dessus en nous demandant si-ça-va-oui-ça-va-et-toi-ça-va-oui-ca-va... Au secours !!!! Là, on mesure notre chance d’être en bateau, libres d’aller où on veut et d’en partir très vite si nécessaire, au contraire de ces touristes parqués dans leurs murs de carton-pâte...
Santa-Maria resort, encore en construction mais déjà habité...
On se console on mangeant une cachupa à 5 euros (un des plats nationaux à base de maïs, fèves, poisson, chorizo, viande, plus tout ce qui reste en fin de semaine !) et en admirant la couleur de l’eau parfaitement turquoise. Laure prend un cours de kite-surf pour continuer son apprentissage débuté aux Canaries. Pendant qu’elle se fait rouler par les vagues avec une voile dans les mains et une planche dans la 3è, Camille profite juste d’être dans une eau couleur menthe à l’eau à 25 degrés au bord d’une plage absolument blanche... La vie est belle :o)

La plage est quand même paradisiaque il faut bien avouer...

C’est quand même plus sympa que Scheveningen pour apprendre le kite !

Paysage typique de Sal, très plat et aride, un acacia rabougri dans le vent, un ancien volcan à l’horizon.
Le lendemain, Camille explore les environs : les piscines naturelles de Buracona ; le site n’a absolument aucun intérêt mais la ballade à pied permet d’apprécier l’intérieur de l’île, plat et aride. Laure retourne à Santa-Maria essayer de dompter cette satanée planche qui n’en fait qu’à sa tête. Coïncidence: son prof à « Surf Zone » est le local souriant et polyglotte rencontré dans l’aluguer la veille :o) Cette fois-ci la planche tient hors de l’eau plus de 5 sec, et Laure fait même quelques beaux bords à toute vitesse (presque) sans tomber ! Yeeepeeee !!! Il reste à pratiquer, pour assurer un équilibre encore très vacillant. Dès la prochaine occasion !
 
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20 novembre, Mordeira (8 miles)
Dans ces climats propices on sentirait presque des embryons de racines nous pousser sous les pieds à la vitesse des pousse-pied sur notre coque... dans un instinct de survie saltimbanquesque nous nous arrachons au petit port de Palmeira pour aller voir de l’autre côté de la pointe si on n’y est pas. Après une navigation particulièrement peu efficace (8 miles parcourus pour 3 annoncés sur la carte, et non on n’avait même pas bu de grog la veille) nous arrivons dans la grande baie de Mordeira. Au nord, une plage s’étend dans la mer et offre des fonds de sable et roches. On mouille par 5m. C’est bien la première fois qu’on est contentes d’avoir un orin.
Arrivée dans la baie de Mordeira – concentrée...
Les poissons sont nombreux, multicolores et amicaux, ils filent entre les coraux. Les images valent mieux que les mots...

A la rencontre des poissons
Quelques heures de bonheur plus tard, le soleil commence à baisser sur l’horizon et nous reprenons le large avant l’obscurité, direction l’ouest.


20-21 novembre, Sal – Sao Nicolau (99 miles)
Après moult calculs nous décidons de contourner l’île par le Nord pour rejoindre le mouillage de Tarrafal avec le plus de vent portant et le moins d’effets de site possible. Nous passons une nuit tranquille au largue presque travers, sous voile d’avant seule. Le petit matin n’amène pas les rafales habituelles et nous envoyons même la grande voile avec 2 ris. L’île se Sao Nicolau est bien différente de sa voisine : haute et déchiquetée, ses sommets se perdent dans les nuages alors que ses vallées vertes nous promettent des fruits – enfin !

On passe la pointe Espechim (Nord) sans difficulté, mais au détour de la pointe Ouest la mer commence à bouillonner soudain. Une tempête, un haut fond ? Non, simplement du courant, presque 2 nœuds dans le nez, contre le vent et la houle donc. Quelques miles plus loin, la mer devient plate comme un miroir. Il n’y a plus une brise pour gonfler les voiles que nous portons maintenant hautes. Le temps d’allumer le moteur, et on sent un faible souffle... de sud-ouest !

Vue du Nord-Ouest

Plus que quelques miles...
Toute toile dessus, nous franchissons toujours contre le courant les derniers miles qui nous séparent du mouillage de Tarrafal. Il est midi et dans la lumière du jour (bien calculé !) nous prenons notre temps pour trouver un emplacement, pas trop loin du petit quai où on débarquera en annexe. 8m de fond sur sable de bonne tenue, on met d’abord un orin que l’on enlève bien vite : on évite en permanence dans tous les sens et il risque plus de s’emmêler que de nous aider. Les fameuses rafales (Tarrafal = « des tas de rafales ») de nord-est balaient soudainement le mouillage surtout de nuit, tandis que dans la journée une brise variable faible nous fait tous éviter de façon erratique. Les annexes s’attachent au petit quai, où elles sont accueillies par un troupeau de gamins joueurs qui sautent dans l’eau et insistent pour prendre les bouts des mains et « garder l’annexe ». Avec un sourire et une plaisanterie on s’en sort mais on est contentes d’avoir des cadenas sur tout. Il faut attacher l’annexe bien longue et loin sur le quai pour ne pas gêner les pêcheurs qui utilisent aussi l’escalier.
Premières impressions de Tarrafal
Dans le soleil couchant les couleurs éclatent, les barques peintes rutilent sur le sable noir, tandis que le majestueux Monte Gordo nous salue entre les nuages, et nous appelle à la découverte...
 
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Vos messages:

Djeni - 28/11/2011 11:29:09
Wat is het mooi om te zien hoe jullie Cabo Verde ervaren!


Hervé - 27/11/2011 16:30:24
Super journal de bord et ca donne envie d'aller voir les plages tropicales plutôt que la Chine du nord :-). Je ne peux être que sans voix à lire ce récit piquant et salé. Bonne Nav et à bientôt.

Hélène & Thierry - 26/11/2011 05:59:14
Toujours bien écris, toujours passionnant, vous nous faites envie les filles, envie de voir que vous, vous y êtes allé.....
Bon vent, bonne route, donnez nous souvent des nouvelles
Hélène et Thierry

SuDad - 25/11/2011 20:06:36
Qui a dit que je bégaie ?

SuDad - 25/11/2011 20:03:45
Pourquoi mes yeux se dressent-ils quand je lis les péripéties mécaniques, des boulons défaillants et de la pâte à joint salvatrice ? Façon d'exagérer, parce que TOUT le récit, de bout en bout, est fascinant. Comme d'habitude. Vous avez le plaisir de vivre. Et nous de revivre, grâce à vos textes vivants et vos photos spectaculaires. Eh ouais, on n'en finira pas de se répéterPourquoi mes yeux se dressent-ils quand je lis les péripéties mécaniques, des boulons défaillants et de la pâte à joint salvatrice ? Façon d'exagérer, parce que TOUT le récit, de bout en bout, est fascinant. Comme d'habitude. Vous avez le plais. Mais c'est ce qu'on ressent et qu'on exprime spontanément. Profitez bien des grogs et des soirées guitares. Allez, on va se remettre un p'tit coup de Césaria Evora...

Sylvia - 24/11/2011 22:11:02
Sounds nice. Wij vertrekken morgen naar Teneriffe voor 1 week. Ik ben benieuwd en hoop dat we eindelijk ook wat zon en warmte voelen. Voor het eerst sinds een heel lange tijd. Groetjes

la mamou - 23/11/2011 22:38:14
dans la grisaille de l'après midi , je me disais qu'un nouvel article serait le bienvenu ... et voilà que ce soir nous nous endormirons avec du bonheur turquoise plein les mirettes ;-))) merci les filles !

Kariine - 23/11/2011 22:03:28
Euh,là, plage paradisiaque... le mot est faible :o) quel bleu !!

 
 
 
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