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Le Golfe de Gascogne
 
-- 14 au 23 juillet 2011 --
 
L’attente, puis, enfin, le début de la grande aventure : le Golfe de Gascogne!

22 miles de côtier en Bretagne puis 353 miles de traversée en 2 jours, 23 heures et 50 minutes.
1620 miles parcourus depuis le départ.
Nos escales, cliquez sur les noms pour plus de détails :
La Corogne (port)
 
14 - 19 juillet : l’attente...
Une fois nos convives tous partis, nous nous passionnons subitement pour les cartes météo du golfe de Gascogne. Mais malheureusement aucune fenêtre de vent favorable ne semble daigner se montrer avant plusieurs jours...

Après une bonne soirée de 13 juillet à Concarneau, nous déplaçons le bateau à Port-Belon, le port (sur coffre) le plus proche de Kersolff. Nous sommes pour l’occasion accompagnées du père de Camille qui vient se rappeler que lui aussi il aime naviguer (ça doit être de famille...)

Nous prenons donc nos quartier dans le Belon pour 5 longs jours d’attente, partageant notre temps entre quelques travaux sur le bateau le matin et les après-midis en famille. On va laisser le capitaine Shadok vous raconter tout ça en images, nous on est bien trop frustrées pour ce faire...







Le 19 juillet au matin, nous faisons un ultime saut chez les parents confirmer le départ pour le soir même : bien nous en prend, encore 30 nœuds de vent de sud-ouest prévus dans la nuit, on repousse le départ au lendemain. On déguste quand même une bonne crêpe bretonne pour fêter ça.
 
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20 - 23 juillet : de Port-Belon à la Corogne (353 miles)
Enfin le grand départ, nous sortons de la rivière du Belon avec la marée haute à 8h du matin… pour aller prendre un coffre à Port-Manec’h juste en face. En effet la pluie, la brume et le vent de sud-ouest faible ne nous incitent pas à pousser plus loin.

Une petite sieste plus tard et nous partons finalement autour de 13h, au près comme à notre habitude… Pluie soutenue, vent d’ouest – sud-ouest 15-20 nœuds, mer agitée : les conditions sont quelque peu angoissantes mais nous faisons confiance au bulletin météo attrapé à 6h47 sur France-info moyennes ondes : vent nord-ouest 4 à 6, mer agitée.

Le bulletin météo de France Inter grandes ondes à 20h03 est attendu comme le messie, malheureusement il nous fait quelque peu déchanter : vent de nord-ouest 5 à 6, mer forte. Euh ça va faire des grosses vagues ça quand même… On hésite un moment à faire demi-tour sur Groix, et sortons notre arme fatale : grâce à notre nouveau téléphone satellite Iridium nous pouvons récupérer des fichiers de vent très précis sur notre ordinateur. Youpie la fenêtre météo se confirme : la nuit va sans doute être sportive mais ça mollit vraiment derrière. Nous continuons donc gaiement vers l’Espagne, en réduisant bien la voilure quand même...
La nuit est comme prévue assez ventée : un bon 5b d’ouest puis le vent tourne nord-ouest en fraichissant vers 2 heures. La mer par contre ne nous parait pas si démontée : certes les vagues balayent le pont et nous remplissons le cockpit quelques fois, mais on s’attendait à pire. C’est à peine si on voit une différence au passage du plateau continental (les fonds passent brutalement de 200 à 4000m). On apprécie quand même énormément les bons petits plats préparés avant le départ… Non, le plus pénible c’est surtout la pluie intense et la température tout juste printanière : on a ressorti pulls en laine, polaires et bonnets, et nous sommes vite complètement trempées sous nos cirés.
Premier lever de soleil sur une mer encore formée
Au petit jour le vent baisse d’un ton, le bateau se comporte très bien sous grand-voile à 2 ris et foc barré par Bob, le régulateur d’allure. Autre signe que tout va définitivement dans le bon sens, un groupe de dauphins nous accompagne pendant plus de 2 heures. Enfin, les premiers du voyage !

Atelier « sèche-linge » après l’atelier « machine à laver » de la première nuit
Le deuxième jour de mer fut autrement plus agréable : du bon vent de travers qui nous fait marcher à 6 nœuds sur la route directe sans effort, la mer qui prend par 4000m de fond une couleur bleu profond que nous n’avions encore jamais observée, et surtout la pluie fait finalement place à un grand ciel bleu parsemé de gentils cumulus. Et là on expérimente le « triple effet grand soleil » : le premier sèche les vêtements, le second charge la batterie du bateau et le troisième redonne la pèche à l’équipage ! On passe une très bonne journée entre siestes, lecture, regarder la mer et cette longue houle d’ouest, et même une partie de Trivial Poursuit avant le repas ! Nous voyons aussi beaucoup d’oiseaux même à 300km de toute terre : puffins, fous de bassan et des océanites, sortes de petites hirondelles du large.
Le temps semble comme en suspension : pour la première fois on vit une journée entière en mer, sans que ce soit la journée où l’on part, ni celle où l’on arrive. Plus de 24 heures et 100 miles derrière nous : lors de nos traversées « habituelles » de Manche ou de Mer du Nord, on commence à avoir hâte d’arriver. Mais il nous reste le double de la route encore à faire, et c’est sans impatience aucune que nous profitons d’être simplement en mer. Comme quoi la préparation psychologique est fondamentale : on est parties pour 3 jours, pas plus – mais pas moins...
En fin de journée le vent mollit et nous envoyons toute la toile pour la nuit. Celle-ci s’avère plutôt calme avec des moments même trop calmes : notre moyenne va en prendre un coup... Au petit matin sur l’océan désert un cargo pointe à l’horizon. Autant en Manche et Mer du Nord nous détestions ces murailles d’acier impersonnelles et pressées, autant ici cela met un peu de vie dans notre horizon bleu à 360° !
Bon, au point de ce matin du 3ème jour, nous constatons que notre moyenne a bien trop chuté il faut faire quelque chose ! Nous sortons donc de notre coffre à voiles à malice.. un grand spinnaker ! C’est cool on a de l’eau à courir dans toutes les directions, on peut prendre notre temps pour bien l’établir :o) Aaaah on refait enfin du 4,5 nœuds.

Deuxième lever de soleil et Bob qui barre toujours, imperturbable...
Ainsi s’écoule la journée par un chaud soleil à l’ombre du spi quand soudain...

« Je crois que la ligne de pêche a bougé...
_ Mais oui tu as raison, on a un « truc » au bout »

Laure remonte donc la ligne de pêche avec prudence...

« Je ne sais pas ce que c’est mais ce n’est pas un maquereau...
_ Regarde la petite nageoire, ça doit être un thon !
_ Je ne sais pas, ça n’a pas l’air très gros vu d’ici...
_ Tiens prend le seau !
_ Euh, oui mais il ne rentre pas dedans... pas si petit que ça dis ! »
Finalement c’est un beau thon d’environ 3 kgs que nous remontons, soit 4 repas de poisson frais ! Après consultations bibliographiques Laure s’attaque à la découpe du poisson et s’en sort comme un chef ! Les menus des prochains jours sont tout trouvés : steak de thon, thon cuit dans le citron à la tahitienne, thon Tériaki (notre préféré !) et thon froid en salade ! Et bah ch’est bon et cha change du maquereau !
Notre première prise au large !!
Une fois notre pitance assurée nous voilà face à un nouveau problème : le vent a tourné et nous l’avons pile poil par l’arrière pour aller à la Corogne, ce qui n’est pas très efficace pour un voilier en fait. Nous testons donc plusieurs solutions pour avancer plein vent arrière : sous spi (parfait mais souvent trop contraignant, option de jour uniquement) ; voiles en ciseaux (intenable avec cette houle) ; génois tangonné (notre tangon est trop long la voile a vraiment une sale tête)... Reste l’option « hollandaise » très populaire outre-Escaut : affaler la grand-voile et ne garder que la voile d’avant. Ca fonctionne très bien surtout quand il y a un peu de vent. Ainsi bizarrement parés, nous revoilà à 5 nœuds sur la route directe pour cette troisième nuit.

On approche, il est temps de hisser le pavillon de courtoisie Espagnol
Notre premier contact visuel avec l’Espagne est une vague lueur au loin : les lumières de la Corogne se reflètent dans les nuages et sont visibles à 50 miles au large... Plusieurs heures après nous voyons le phare du Cabo Ortegal. Au lever du jour nous sommes le long des côtes : elles sont escarpées voire montagneuses et tombent directement dans l’eau.
Encore une vingtaine de miles le long des côtes sous le soleil et poussés par un vent super, et c’est l’arrivée en baie de la Corogne : le phare Hercule (le plus vieux du monde, commencé par les Romains), la tour de contrôle du port, tous ces lieux repérés 1000 fois sur les guides nautiques apparaissent au milieu de dizaines de bateaux de plaisance...
Le plus vieux phare du monde à l’entrée de la Corogne

Plus de zone de mouillage derrière la digue mais une marina à moitié vide...
Une petite remarque à l’attention des autres voyageurs à la voile : si comme nous vous vous attendiez à trouver derrière la digue de la Corogne une zone de mouillage, alors rangez vos souvenirs et sortez pare-battes et aussières, l’endroit abrite à présent une marina dernier cri et il n’est plus possible de mouiller en rade. Par contre ne vous inquiétez pas il y a de la place au ponton, à peine un quart des anneaux sont occupés...

C’est donc un peu surprises par la configuration des lieux comme par la compétition de natation qui se déroule au milieu du chenal d’accès au port ( !!) que nous amarrons Saltimbanque en Espagne. Moins de 3 jours de mer mais une immense joie et un gros mal de terre à l’arrivée !!
 
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Vos messages:

Fred - 02/08/2011 10:54:47
Excellent le thon! ça me fait saliver!! Super récit! bonne continuation!

Jean-Pierre - 30/07/2011 19:19:56
Vous nous faites rêver !
Bon vent ...

Nadia - 30/07/2011 17:05:59
merci Camille et Laure pour la réponse , je ne savais pas qu'on parlait de mal de terre ;-))

Bonne continuation !

la mamou - 30/07/2011 08:34:40
moi , j'avais l'impression de monter des marches d'escalier dès que je marchais sur un sol ferme :-/ ....

Camille & Laure - 29/07/2011 22:10:25
Et bien le mal de terre c'est quand le plancher des vaches semble bouger et que les lignes droites paraissent onduler ! Le pire c'est les carrelages de douche...

nadia - 29/07/2011 14:34:10
vous suivre est un régal ... je connais une maman qui doit être fière ....
ca existe le "mal de terre ? " ça se manifeste de quelle façon ?

Bonne route !(mer ;-)) )

michel - 28/07/2011 18:35:23
bravo Bonne traversée Rapide nous avions traversé beaucoup moins vite Avec un anti cyclone et des grands calmes Nous avions vu beaucoup de dauphins et notre bateau s'appelait Delphinus II Bon vent!

helene (la mangeuse de langoustine) - 28/07/2011 14:33:06
vos textes sont super,on s'y croirait presque... bon voyage

 
 
 
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